Bellvei, son château en ruine, son golf… et son usine Kettal ! C’est ici, en Catalogne, à quelques kilomètres des plages de sable fin du littoral et à 45 km de Barcelone, qu’est né en 1967 l’éditeur et fabricant emblématique de mobilier d’extérieur ibérique. La petite usine construite aux abords du village n’a cessé de s’agrandir au fur et à mesure du développement de l’entreprise.
Le bâtiment modeste de 1 000 m2 des origines en compte 50 000 m2 aujourd’hui. Mais cette marque qui collabore avec les plus grands designers (Patricia Urquiola, Doshi Levien, Jasper Morrison… ) a fait face à une crise de croissance. En 2014, l’équipe dirigeante décide de rénover et de redessiner complètement l’usine, en lui adjoignant un nouveau bâtiment spacieux, fonctionnel et lumineux… De fait, son aspect n’a rien de celui d’une usine conventionnelle ; sa façade de verre dotée d’ombrières permet à la lumière naturelle d’entrer largement dans les espaces de travail afin de réduire le besoin d’éclairage électrique, tout en prévenant l’effet de serre pour conserver la fraîcheur du bâtiment.
À l’intérieur, le lien entre l’usine et le tertiaire a été précieusement aménagé, puisque les bureaux et le showroom, installés en mezzanine, donnent à la fois sur l’unité de production et sur le laboratoire de simulations de conditions extrêmes, au rez-de-chaussée. Soudure, peinture, tressage à la main, couture, packaging… 85 % des tâches sont réalisées par les ouvriers de Kettal.
Par exemple, le fauteuil club Bitta, de Rodolfo Dordoni, requiert deux heures de travail manuel. Une facture précise qui permet à toute la collection « de pouvoir évoluer sous notre simple impulsion, mais aussi de tester de nouveaux modèles, explique Antonio Navarro, directeur créatif de la marque. Nous avons la chance de faire ce que nous aimons, de travailler sans corset ni règles imposées. C’est ce qui nous a permis de nous lancer notamment dans la fabrication de pavillons d’extérieur (jusqu’à rééditer le VDL, en verre et acier, de Richard et Dion Neutra) et de produire nos propres tissus, tapis, luminaires… » Un éclectisme qui s’affirme par des collaborations avec des designers aux profils variés.
Cette saison, Kettal va faire appel à des créateurs aussi différents que Michael Anastassiades ou Mario Bellini. « J’ai eu la chance de le rencontrer et de découvrir dans ses archives une pièce inédite datant des années 70. J’ai immédiatement eu envie de l’éditer; elle combine parfaitement ses deux grandes vocations: l’architecture et le design. D’une structure clairement architecturale est née une table que vous découvrirez prochainement », raconte Antonio Navarro.
Le directeur créatif livre également quelques informations sur le nouveau modèle dessiné par Michael Anastassiades, une chaise d’extérieur pour les cafés. « Michael a ôté tout le superflu pour ne conserver que l’essentiel. Mais nous avons soigneusement travaillé sur les matériaux et le moindre détail pour en faire un objet sophistiqué très élégant. » Une aventure qui prend chaque fois l’allure d’un défi à relever à quatre mains.