En 2019, Living Divani fête 50 ans de mobilier très contemporain, exempt d’outrances autant que de tiédeur. Ses collaborations avec des architectes tels que l’Italien Piero Lissoni (depuis trente ans…), qui a conçu le siège de la société à Anzano del Parco (2007), tiennent de l’évidence pour Carola Bestetti, directrice artistique et fille des fondateurs. D’où ce projet avec le jeune architecte japonais Junya Ishigami, 33 ans à l’époque de cette rencontre (reparti de la Biennale d’architecture de Venise avec un Lion d’or, trois ans plus tard…).
Chez cet éditeur italien, l’ancien collaborateur de l’agence Sanaa a pu travailler dans la plus grande liberté. En résulte cette famille de cinq sièges en fil d’acier blanc comme un trait matérialisé dans l’espace. Les chaises Family ont été conçues pour l’intérieur, mais rien n’empêchait une version outdoor. La collection a souvent été présentée dans les foires de design, au cœur de scénographies poétiques. Cela aide mais ne fait pas le produit. De la biennale de Courtrai à celle de Saint-Étienne, jusqu’à l’exposition « Freeing Architecture » signée Ishigami, à la Fondation Cartier, la surprise reste la même : du mobilier arty en version outdoor.
La collection allie à la créativité la facilité d’usage et un réel confort. Mais, attention ! Derrière l’apparente simplicité, un travail technique achève de faire de Family un produit spécial. Si pour Carola Bestetti, Junya Ishigami est un « enfant terrible », pas question, dans l’univers impitoyable du design italien et international, de faire un produit dont le processus de fabrication ne serait pas sous contrôle. Même si le designer a travaillé sur la transparence, sa chaise est solide, a fortiori à l’extérieur. Au jardin, les cinq modèles disent tout de suite chez qui vous êtes.
Assorties de leur Garden Plate (une table sans pieds, telle une flaque de matière opalescente), ces chaises « vivent en harmonie comme une famille », dit Ishigami. Leur auteur invite à en changer suivant l’humeur. Faut-il alors acheter les cinq ? L’architecte suggère qu’on peut choisir celle qu’on « sent » le plus. Enfin, ces sièges rappellent, mais de façon contemporaine, la grâce d’un mobilier de jardin abandonné un lendemain de fête, façon dolce vita, comme dans le film La Notte de Michelangelo Antonioni. De l’outdoor inspiré et inspirant.