Non, vous n’avez pas abusé de substances psychotropes ! Il existe bel et bien un retour au flower power, aux couleurs pop, aux imprimés fleuris et graphiques. La déco s’offre un bain de jouvence et replonge en plein dans les seventies ! Pour preuve, même un gros faiseur du mobilier outdoor comme Grosfillex s’y met, en créant « Grosfillex Original »
« C’est un retour aux sources de la société, indique Chrystel Garcia, directrice produits. Pour débuter, nous avons retravaillé deux anciens ensembles des années 70, rebaptisés “Yéyé 72’” et “Ramatuelle 73’”, qui inaugurent cette nouvelle collection, plus haut de gamme. » En ressortant ces modèles historiques, l’enseigne s’offre une image rajeunie, paradoxalement plus moderne. « Ces produits sont à la mode », estime Romain Petit, le designer de la marque. « Ils répondent à un besoin du consommateur de replonger dans ses souvenirs et, en cela, ils rassurent. »
La designer Marine Peyre revendique pour sa part une filiation avec cette période. « J’aime le côté anticonformiste des assises de l’époque, leur aspect décomplexé, la nonchalance du corps qu’ils autorisent, explique-t-elle. L’exemple type est le pouf Sacco de Zanotta, dont je me suis inspirée pour créer Keops. Dans une époque dure, violente, ces produits sont comme un réconfort. De plus, ils se prêtent bien aux nouvelles postures que nous adoptons pour travailler ou se détendre, induites par les outils numériques. La couleur ou les motifs viennent quant à eux souligner ces pièces, comme celles de Paulin ou de Panton, qui sont pareilles à des sculptures. »
Pierre Romanet, le dirigeant de Sentou, voit, lui, dans cet usage de la couleur « un moyen pour les éditeurs de faire du neuf avec du vieux. Dans un contexte de morosité économique, apporter de la couleur permet de donner une nouvelle vie aux objets. Pour marquer davantage le phénomène, on s’éloigne volontairement des teintes poudrées, aux accents scandinaves, en optant pour d’autres plus franches et plus fortes. Cet écho aux années 70 est une association rassurante, un clin d’œil à une époque où l’on n’avait peur de rien. »