Au-delà d’un savoir-faire évident, les marques de mobilier indoor ont aussi pu compter sur les prouesses des designers dont elles ont toujours su s’entourer. Noé Duchaufour-Lawrance ou François Azambourg pour Ligne Roset, Atelier Oï ou Patricia Urquiola pour Moroso, Sacha Lakic ou Christophe Delcourt pour Roche Bobois, Gordon Guillaumier ou Rodolfo Dordoni pour Minotti… Tous ces grands noms ont systématiquement abordé l’espace extérieur avec la même exigence de confort et de fonctionnalité dont ils faisaient preuve pour les produits destinés à l’intérieur. Ainsi, tandis que les marques spécialisées opéraient un rapprochement avec l’offre indoor, les marques de mobilier d’intérieur faisaient exactement la même chose de leur côté, contribuant aussi à estomper les frontières entre les deux univers.
Chez Magis, la distinction n’existerait quasiment plus, d’après Eugenio Perazza, son fondateur et président : « Nous n’avons pas deux vocabulaires mais un seul. Évidemment, les versions outdoor répondent à des exigences précises, mais d’un point de vue formel, il n’y a aucune différence dans nos collections. Par exemple, notre chaise monocoque Air-Chair, conçue par Jasper Morrison en 2000, marche aussi bien dedans que dehors. » Une transversalité des marchés revendiquée également par Minotti : « Nous avons développé nos collections avec l’objectif d’offrir le même niveau de confort dans un jardin que dans un salon, de créer une extension de la maison », explique Roberto Minotti. L’offre outdoor de l’enseigne est aujourd’hui composée pour moitié de produits issus du catalogue indoor et adaptés pour l’extérieur, et d’autres spécifiquement développés pour ce marché, comme le système de sièges « Florida » présenté à Milan l’an dernier. En quelques années, toutes ces marques d’intérieur ont progressivement étoffé leur offre outdoor. Chacune a désormais un onglet spécial sur son site Internet et toutes mettent ces produits en avant chaque printemps dans leurs points de vente.
Tout récemment, Ligne Roset a décidé d’aller encore plus loin en lançant « Outdoor Groupe Roset ». « Cette collection va se développer au cours des deux prochaines années, explique Michel Roset. Nous sommes tout au début de sa mise en place en matière de marketing et de distribution, mais c’est un réel plaisir d’apporter un peu d’air frais. » Une stratégie offensive pour un marché prometteur qui n’en est pourtant encore qu’à ses balbutiements. Chez Roche Bobois, le mobilier d’extérieur ne pèse pour l’instant qu’à peine 4 % du chiffre d’affaires, révèle Nicolas Roche : « La proportion est encore assez minime, mais elle connaît une forte croissance : 19 % en 2017. Nous sommes donc confiants et continuons à nourrir ce secteur. » Soucieuses de proposer une offre globale d’aménagement, ces grandes marques de mobilier d’intérieur ont finalement réussi leur diversification. Complétant judicieusement leur catalogue, elles réinventent leur ADN pour conquérir un marché dynamique. Celui du grand air et des beaux jours, où le vent du design n’a pas fini de souffler.