Pourquoi les chaises pliantes Quechua sont un succès pour le design ?

Décathlon/Quechua est l’un des plus gros vendeurs en France de sièges destinés à l’outdoor. IDEAT a pu s’entretenir avec Benjamin Lafoux, designer en charge du développement de ces produits, pour comprendre leur succès.


IDEAT : A quoi ressemble la vie de designer chez Quechua/Décathlon ?

Benjamin Lafoux : Je fais partie de l’équipe « Camp itinérant », qui propose une gamme de produits pour les campeurs qui souhaitent changer régulièrement de spot de pratique. Des tentes, des bâtons de randonnée, des chaises… Tous concentrent un maximum de fonctionnalité dans un minimum de volume une fois rangés. Et ils se déplient en un clin d’œil. Nous sommes notamment en charge de la nouvelle tente qui s’installe en deux secondes (2020), désormais bien plus facile à replier que la première génération…

Benjamin Lafoux, designer Outdoor Equipment chez Quechua.
Benjamin Lafoux, designer Outdoor Equipment chez Quechua. DR

En 2020, vous avez dessiné des fauteuils pliants ultra-compacts qui ont connu un succès immédiat. Comment sont-ils nés ?

Le tabouret pliant de camping compact existait, mais il n’avait pas de dossier. Quant aux chaises à dossier, elles étaient plutôt volumineuses. Le brief était donc d’apporter du confort, tout en gardant la compacité et la légèreté pour une personne qui possède un petit véhicule et veut monter son camp rapidement. C’est un produit sportif dès sa conception…

Des réglages fins pour ajuster le confort

Quels ont été les défis de ce fauteuil ultra-léger en termes de design ?

La complexité de cette chaise, c’est que tout est souple. Il a fallu affiner les tensions pour ne pas sentir les tubes quand on s’y assoit, la profondeur de l’assise pour ne pas sentir de coupure au niveau des cuisses, les rotules en plastique pour gérer l’angle de basculement et l’enfoncement dans la terre… On a accompli un énorme boulot de patronage et de réglages fins pour optimiser le confort. C’est ce qui est enrichissant à mon poste : on évolue sur un fil… Avec des produits « durs », on n’aurait pas eu tous ces problèmes !

Le fauteuil MH500 (Quechua).
Le fauteuil MH500 (Quechua). DR

Quelle place avez-vous accordé à l’éco-conception ?

C’est un point fort de ce fauteuil grâce à un levier puissant : la durabilité. Pour les rendre moins impactants, on veut garantir nos produits sur la durée, les rendre réparables avec des pièces détachées disponibles. Côté matériaux, nous mettons l’accent sur les teintures, qui génèrent beaucoup de CO2 entre la chauffe, les composants chimiques, le traitement des eaux… Le problème, c’est que si on ne teint pas un produit, il a une teinte écrue, plutôt salissante, ce qui réduit sa durée de vie dans le cadre d’une utilisation outdoor… Nous avons donc choisi de teindre dans la masse un des deux fils du tissage. Cela réduit l’empreinte écologique sans affecter la durabilité.

« Les produits qui se déplient sont toujours attractifs »

Vendu 13 €, le fauteuil pliable Basic a connu un succès monstre ces dernières années.
Vendu 13 €, le fauteuil pliable Basic a connu un succès monstre ces dernières années.

Comment expliquez-vous que les fauteuils pliants Quechua séduisent aussi bien les fans de montagne que les ados, les rappeurs et les animateurs TV ?

Déjà par le fait qu’on ne prend jamais un modèle déjà conçu en Chine en y mettant notre étiquette. On travaille avec des prototypes, qui sont utilisés par des novices et des experts pour être optimisés. Ce qui fait la différence, c’est que nous, les designers, sommes pratiquants. Après, il arrive souvent que nos produits fassent l’objet d’extensions d’usage. Des rappeurs, des festivaliers ou des migrants utilisent nos chaises et tentes. On le sait et c’est super, mais on dessine d’abord pour les sportifs. C’est à la fois notre expertise et notre cœur de cible. On crée des fonctionnalités et ensuite le produit vit sa vie… Les produits qui se déplient sont toujours plus attractifs. On peut les prendre partout avec soi, et c’est ce qui a démultiplié ses usages.

Quechua a du mal à satisfaire la demande

Le prix joue aussi un grand rôle dans ces succès puisque depuis leur sortie, les fauteuils MH500 ont connu un énorme succès…

Oui, mais le prix n’était pas un but en soi. Nous visions plutôt un excellent rapport qualité/prix. C’est un objectif, mais on ne lui sacrifie jamais la fonctionnalité ni la durabilité. Reste qu’il est vrai qu’on a actuellement du mal à satisfaire la demande pour nos sièges pliants. Le MH500 a été mis sur le marché en 2020 en pleine crise du Covid et le décollage a été très rapide.

> Fauteuil MH500, 30 €. Fauteuil pliable Basic, 13 €. Quechua.

Le MH500 se compose d’une structure dépliable d’une assise en textile et d’un sac de rangement.
Le MH500 se compose d’une structure dépliable d’une assise en textile et d’un sac de rangement.
La MH500 une fois repliée.
La MH500 une fois repliée.