Pourquoi le luminaire a-t-il autant d’importance pour vous ?
Ferréol Babin : Je voulais être architecte. Après un séjour de sept mois au Japon lors de ma quatrième année d’études, j’ai compris que j’étais plus attiré par le geste, l’échelle de l’objet… J’ai changé de cursus pour aller vers le design d’objet. La lumière est arrivée naturellement. Elle a été au coeur de mon diplôme, à l’ESAD de Reims, avec Phases, qui a donné la lampe Lunaire, devenue un best-seller de FontanaArte.
Comment passer d’une lampe minimaliste à un modèle très brut ?
J’ai parfois envie de travailler des objets très maîtrisés, finis. Cela a un côté rassurant. D’autres fois, j’ai besoin d’être surpris par la matière et le résultat, ce qui donne naissance à ces créations très brutes, archaïques même, comme les séries « Fusion » ou « Branch ». Parfois un peu des deux, comme la série « Magma », chez Pulpo, née d’une pièce unique et retravaillée pour être éditée en nombre.
Vous avez conscience que cela fait de vous un personnage inclassable ?
Je ne veux être ni un designer, ni un artisan, ni un sculpteur. Je pratique de manière très instinctive, sans barrière entre mon travail et mon mode de vie. J’ai de plus en plus besoin de la nature, de moins en moins de la ville, et j’adore explorer les matières comme le bois, les minéraux, la pierre, le jesmonite (sorte de résine à base de gypse, NDLR)…
Certaines créations ont mis du temps à émerger, comme Plateau, lampe éditée aujourd’hui chez Daniel…
En 2013, un an après mon diplôme, j’ai mis au point une stratégie : comme je ne voulais pas travailler pour quelqu’un – je continue à ce jour à tout faire seul –, je me suis résolu à réaliser un maximum de prototypes, mais très aboutis. Plateau vient de là. Elle a failli être produite quatre fois avant qu’Étienne Delorme, le fondateur de Daniel, ne décide de l’éditer… Non seulement le projet est allé au bout, mais Étienne a même jugé bon, avant les premières retombées, d’en sortir une version en applique. Peu de maisons se comportent de cette façon.