La vie en Flos de Michael Anastassiades

Basé à Londres, le designer chypriote Michael Anastassiades a pris le temps de nous détailler sa collaboration fructueuse avec l'éditeur de luminaires italien Flos.

Michael Anastassiades, qu’est-ce qui distingue vos luminaires pour Flos de ceux de votre label d’auto-édition ?
Dans les deux cas, je travaille avec des éléments récurrents comme la sphère. Cela crée une certaine familiarité entre les modèles de lampes. La sphère est pour moi un objet naturel. On en trouve un peu partout dans la nature. Quand je l’utilise, je la cisèle à la manière d’un bijou. J’envisage d’ailleurs les luminaires comme les bijoux d’une pièce !

Travaillez-vous de façon identique pour Flos et pour vous-même ?
Je ne sépare rien et c’est un luxe incroyable. La source est la même. S’il y a des produits cousins, c’est qu’ils ont le même esprit. En revanche, l’échelle de production de Flos diffère totalement de celle de mon label. Il m’est arrivé de dessiner des modèles pour mon compte qui, après discussion avec Flos, ont finalement intégré leur catalogue. Je n’y vois aucun problème d’autant que nos relations sont très bonnes.

Pourquoi présentez-vous vos lampes sous forme d’installations ?
On peut avoir l’impression que ces installations lumineuses sont très esthétiques, mais il ne s’agit pour moi que d’exposer de simples lampes. Je considère que c’est visuellement intéressant de les montrer en suspension sur de grands filins.

Une suspension de la collection « String Light » à tête sphérique (Flos), très architecturale.
Une suspension de la collection « String Light » à tête sphérique (Flos), très architecturale. Giuseppe Brancato

Les lampes Anastassiades relèvent-elles de systèmes ou de mini-architectures ?
On prend forcément en compte l’espace qui entoure de grands luminaires graphiques, par exemple. Au plafond d’une salle à manger, on doit considérer la longueur de la table…

On peut aller chez Flos pour chercher une lampe et en revenir avec un élément de décor…
Oui, c’est pourquoi tout compte dans un luminaire, y compris les différents détails de finitions proposés.

« The Double Dream of Spring », une installation présentée au salon de Milan 2016. Elle est constituée de tabourets « Spots » et de tables « Stasis » (Herman Miller) et de luminaires réalisés pour le label de Michael Anastassiades.
« The Double Dream of Spring », une installation présentée au salon de Milan 2016. Elle est constituée de tabourets « Spots » et de tables « Stasis » (Herman Miller) et de luminaires réalisés pour le label de Michael Anastassiades. DR

Plutôt que de vous inspirer de références connues, votre travail ne relève-t-il pas d’une forme de syncrétisme ?
Je ne travaille effectivement jamais sur des références précises, connotées et liées à des époques. Si des réminiscences apparaissent dans ma production, elles sont projetées sur l’objet, mais après coup. Certaines appliques peuvent donc évoquer des luminaires des années 1930, cela est lié à ma façon d’utiliser le laiton ou le cuivre. Ces références auxquelles mon travail fait penser sont plutôt des choses que j’ai eu le temps de digérer. Elles proviennent aussi de ma formation. Je travaille davantage sur des notions abstraites, la capacité de réflexion d’une lampe par exemple. Mais il est aussi vrai qu’aujourd’hui, on voit revenir beaucoup de styles de différentes époques. Cela est en partie dû au fait que nous avons plus que jamais accès à énormément d’images.