Icône du XXIe siècle : La suspension Vertigo de Constance Guisset (2010)

Rares sont les créations qui bénéficient d’un tel plébiscite. Depuis sa sortie en 2010, « Vertigo » a gagné le coeur du public comme les collections les plus prestigieuses grâce aux lignes graphiques et poétiques devenues synonymes du travail de Constance Guisset.

Rondeur, poésie, délicatesse, mouvement, légèreté… Les ingrédients favoris de Constance Guisset atteignent l’alchimie parfaite dès sa première création, Vertigo. Aussi ample que gracile, idéale pour habiter les grands volumes comme pour accentuer l’intimité des petits espaces, la fameuse suspension trouve sa place partout depuis qu’elle s’est invitée dans le catalogue de Petite Friture. Editée depuis 2010, Vertigo s’affirme vite comme le best-seller du jeune éditeur français et intègre les collections permanentes du MoMA, du Musée des Arts décoratifs de Paris ou du Centre national des arts plastiques. Un succès fulgurant que la designer est loin d’imaginer lorsqu’elle lui donne naissance dans le cadre de sa formation à l’ENSCI…

Après des études à l’ESSEC et à Sciences Po, puis une année au Parlement de Tokyo, Constance Guisset choisit finalement de se consacrer au design et fonde son studio à Paris en 2009.
Après des études à l’ESSEC et à Sciences Po, puis une année au Parlement de Tokyo, Constance Guisset choisit finalement de se consacrer au design et fonde son studio à Paris en 2009. DR

« Je me souviens très bien de ce moment, il devait être trois heures du matin, se remémore Constance Guisset. A l’époque, je travaillais beaucoup la nuit, étant administratrice des Bouroullec en parallèle. J’étais à l’école en train de plancher sur un projet de cabane. J’avais déjà réalisé les murs avec des meubles en kit que j’avais décidé de solidariser entre eux grâce à des sangles. De là, j’ai eu l’idée de réaliser la toiture en tressant des rubans entre un abat-jour et un cerceau fabriqué grâce à la structure d’une tente Quechua. Petit à petit, en jouant sur la dimension de l’ensemble et avec la largeur des rubans, le projet a vrillé. J’ai compris que je tenais quelque chose d’intéressant… »

« Vertigo » se décline en deux formats avec un diamètre de 140 ou 200 cm.
« Vertigo » se décline en deux formats avec un diamètre de 140 ou 200 cm. ©PF

Dans la foulée de son diplôme obtenu en 2007, Constance Guisset enchaîne les récompenses avec le Grand Prix du Design de la Ville de Paris et le Prix du Public du festival Design Parade. Des débuts on ne peut plus prometteurs. Et pourtant, Vertigo rencontre d’abord la frilosité des éditeurs. Après avoir essuyé trois refus, car « pas assez commercial » ironise aujourd’hui la designer, le luminaire séduit finalement Amélie Du Passage, alors qu’elle fonde simultanément Petite Friture. Vertigo intègre la première collection de la marque et incarne depuis tous ses marqueurs : graphisme, géométrie et sens du détail.

Parmi les assises du studio Pool ou les tables « Francis » de Constance Guisset, « Vertigo » est aujourd’hui l’un emblèmes majeurs de Petite Friture.
Parmi les assises du studio Pool ou les tables « Francis » de Constance Guisset, « Vertigo » est aujourd’hui l’un emblèmes majeurs de Petite Friture. ©PF

Vingt ans après sa sortie, Vertigo fait encore l’actualité. Si ses rubans de polyuréthane ne s’habillent plus du jaune fétiche de la designer, ils se déclinent depuis le mois de septembre en trois nouvelles finitions, dont une baptisée « Scarabée ». Une nouvelle illustration de l’amour que Constance Guisset porte à la nature, tandis que la fine structure en fibre de verre évoque les frêles silhouettes des libellules. Qui plus est quand elle frémit au gré des vibrations de l’air et que les jeux d’ombres et de lumière animent son environnement. car, plus qu’un simple objet, la suspension se rapproche presque du dispositif spatial.

Propose en six coloris, « Vertigo » se pare également de reflets irisés avce la nouvelle finition « Scarabée ».
Propose en six coloris, « Vertigo » se pare également de reflets irisés avce la nouvelle finition « Scarabée ». ©PF

« Quand vous êtes dessous, un sentiment de protection apparaît. Comme si vous construisiez une petite cabane au-dessus de votre table ou de votre lit. Il y a quelque chose de l’ordre de l’intimité. C’est quasiment un procédé scénographique, comme un socle inversé qui met en évidence ce qu’il se passe en-dessous » poursuit Constance Guisset. Pour expliquer les raisons d’un tel succès, la designer évoque également « un contraste de taille et de légèreté » et « un certain classicisme qui s’intègre aussi bien dans des lieux contemporains ou plus anciens. » Autant de qualités qui ne sont pas prêtes de lasser et présagent encore d’un bel avenir !