Depuis longtemps, vous travaillez à abolir les frontières entre indoor et outdoor. Comment vous y prenez-vous ?
Paola Navone : Pour moi, il n’y a jamais eu de frontières ! Si j’ai envie d’installer dans ma maison une chaise de jardin, je le fais ! La seule différence concerne les matériaux employés : pour l’extérieur, ils doivent bien sûr être résistants aux UV et à l’eau de pluie. Mais, en termes de style, pour moi, c’est pareil…
Vous venez de signer une nouvelle collection avec le fabricant Baxter. Quels matériaux avez-vous utilisés ?
Du rotin, car, dans l’imaginaire, il incarne le mobilier de jardin des années 50 et 60 ; du laiton, parce qu’on n’en trouve pas souvent dans les jardins ; de la terre cuite ou compactée… Et puis, bien sûr, du cuir, car il ne faut pas oublier que c’est la spécialité de la marque.
Comment avez-vous pu créer des meubles en cuir résistant aux conditions extérieures ?
Je leur ai dit : « Quand je vais à la montagne, je porte des chaussures en cuir dans la neige, alors, pourquoi pas des transats ? » La blague est devenue un sujet de recherche car cette entreprise est un véritable laboratoire sur le cuir. Ils ont réussi à développer des matériaux innovants, dont un cuir épais qui sèche facilement et un autre beaucoup plus souple. Ce dernier habille les canapés Panama Bold Outdoor et Taipei. On peut mettre les housses directement dans la machine à laver.
Quelles ont été vos sources d’inspiration ?
Je collecte beaucoup d’idées, quand je voyage notamment. Puis elles remontent à la surface. Le transat Rimini s’inspire par exemple d’un stéréotype, celui de l’art de vivre sur les plages de l’Adriatique. Mais avec des proportions et des matériaux différents.
Il souffle comme un vent de nostalgie sur cette collection…
Je ne suis pas tout à fait d’accord. Mon intention n’était pas là. Si j’ai voulu du rotin, par exemple, c’est parce qu’il a presque disparu des jardins. Aujourd’hui, on ne voit plus que des choses en plastique !
Ces créations sont-elles faites pour résister aussi au temps… qui passe ?
J’aime les objets assez banals, qu’on a l’impression de trimballer avec soi depuis toujours. Mon design est « friendly », ce qui veut dire que l’on s’habitue facilement à la présence de mes produits, comme si on les avait déjà vus. Tout le contraire de mon travail de décoratrice, finalement, qui repose sur un certain sens du spectacle !