C’est un fait : entre le mobilier et le fil, un lien s’est noué… Sans remonter aussi loin que celui d’Ariane, le fil guide tout de même depuis un bon moment la création. Après le tubulaire, que le Bauhaus a exploré dans les années 30, l’usage du fil s’est peu à peu fait jour, notamment avec des modèles comme le fauteuil lounge 800 et son ottoman 801 en cordage de coton, dessinés par Hendrik Van Keppel et Taylor Green en 1946.
En 1951, Charles et Ray Eames réutilisent les coques en fil de fer des prototypes de leurs chaises en plastique pour en faire la Wire Chair (Vitra). De son côté, Harry Bertoia crée, chez Knoll en 1952, la Diamond Chair, en s’attelant à une recherche sculpturale et en travaillant sur l’aspect aérien. Car c’est précisément ce que permet le fil : un allégement visuel du mobilier, une recherche de finesse, parfois d’épure, pour parvenir à une forme proche de la sculpture.
En libérant le meuble de sa matière, le designer en offre une version graphique et minimaliste, et laisse la forme primer et s’exprimer. En matière d’outdoor, cette notion prend tout son sens. Quel autre environnement pourrait, en effet, aussi bien valoriser cette quête de légèreté et de liberté ? De plus, les entrelacements et croisements de fils permettent un jeu d’ombre et de lumière, le dessin de plaisantes figures sur les terrasses… Rien de surprenant, donc, à ce que le mobilier d’extérieur adopte le fil, qu’il soit de métal, de plastique, de corde ou de résine…
Le fauteuil mexicain Acapulco, né dans les années 40-50, est aujourd’hui un emblème du mobilier outdoor avec son assise en jonc plastique. Tombé un temps en désuétude, il est aujourd’hui fabriqué en France par Boqa, et on ne compte plus ses déclinaisons et inspirations. Ni par ailleurs la kyrielle de marques qui s’exercent au filaire : Kettal, Dedon, Tribù, Emu, Ethimo, Pedrali, Roda… Même Vincent Sheppard, chantre du Lloyd Loom (tressage de fils métalliques enrobés de papier reproduisant l’effet du rotin), rejoint les premiers de cordée. Bref, qu’il voie dans le fil un caprice de l’époque ou une tendance de fond, chaque acteur de l’outdoor finit visiblement, à un moment ou à un autre, par filer sa propre métaphore…