Au Danemark, la lumière est un bien précieux… surtout durant les longs mois d’hiver, où elle se fait rare ! Voilà pourquoi le pays a engendré nombre de spécialistes de l’éclairage, à la fois des designers et des fabricants, comme le montre le couple Poul Henningsen/Louis Poulsen. Le premier est un architecte (1894-1967) qui se rêve peintre et inventeur. Il a grandi auprès d’une mère actrice et auteure, une figure du féminisme naissant. Celle-ci désespère de voir son visage terni par la lumière crue des premières ampoules électriques. Elle demande donc un jour à son fils de créer une lampe qui rendrait hommage à sa carnation. Il trouve une solution – la lumière de l’ampoule est filtré par trois abat-jours différents – et la présente en 1924 à une compagnie locale, Louis Poulsen, qui vient de se lancer sur le marché naissant des appareils électriques.
Présentée à Paris à l’occasion de l’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes en 1924 et 1925, son premier modèle, baptisé PH a beau recevoir une médaille d’or, il ne satisfait pas entièrement Poul Henningsen… En 1926, il dessine donc une nouvelle version de telle façon que, quel que soit l’angle de vision, on ne soit jamais ébloui par son ampoule. Les disques de l’abat-jour rassemblent la lumière directe juste en-dessous de la suspension tout en dispersant un peu de lumière réfléchie sur les côtés.
Dans les années qui suivent, Henningsen affine progressivement son dessin au fil de multiples modèles réalisés pour louis Poulsen : en métal ou en verre, à poser, en suspension, applique… Il expérimente ses prototypes miniaturisés dans des maisons de poupées. Des tests au terme desquels il se fixe comme mot d’ordre : « Apporter de la lumière là où on en a besoin. » Pour lui, les lampes censées éclairer toute une pièce sont des non-sens ; mieux vaut multiplier les points lumineux en différents endroits…
Durant la Seconde Guerre mondiale, Poul Henningsen conçoit des lampes invisibles depuis le ciel, qui permettent au parc d’attractions de Tivoli, situé au cœur de Copenhague, de rester ouvert en soirée. Mais ses positions anti-nazies le contraignent bientôt à abandonner (momentanément) ses recherches et quitter le pays dans un canot à rames pour se réfugier en Suède…
En 1958, il trouve enfin la forme parfaite avec la PH5 dont les abat-jour s’imbriquent à la perfection. Comme pour les modèles qui vont suivre, le chiffre 5 indique le diamètre de la lampe (50 cm). Le succès de ce chef-d’œuvre de simplicité et de perfectionnement est fulgurant : elle séduit aussi bien les particuliers que les dentistes, les bureaux ou les hôpitaux, ce qui conduit Louis Poulsen à ouvrir des usines en Allemagne, en France… Aujourd’hui, elle est toujours minutieusement assemblée à la main dans une usine située à Vejen, à deux heures de train de Copenhague.
Car la PH5 demeure la star du catalogue Louis Poulsen et son best-seller absolu. A l’occasion de ses 60 ans, l’éditeur danois en a livré une version baptisée Mini et une nouvelle série de coloris vitaminés qui se mélangent au cuivre. Preuve qu’elle n’a rien perdu de sa pertinence…
> A l’occasion du 20e anniversaire de MadeinDesign.com, le site de vente de mobilier contemporain mettra en avant tout au long de l’année les lampes de Louis Poulsen et notamment des éditions en série limitée de la PH…