Giovanna Castiglioni, la fille d’Achille, estime qu’elle et son frère Carlo sont les gardiens d’un temple bien vivant. « Toutes les créations d’Achille sont celles d’un jeune homme qui aimait expérimenter. Rien d’arty chez lui ; ce qu’il aimait, c’était la technique », raconte-t-elle. La Fondazione Achille Castiglioni, en charge de son studio, devenu un lieu très visité à Milan, s’inscrit dans cet esprit où l’ironie a sa place. Comme l’a montré l’exposition qui lui est consacrée au musée de La Triennale de la capitale lombarde.
« Nous devons, comme lui, trouver de nouvelles solutions pour aujourd’hui. En préservant l’héritage tant aimé, atmosphère vintage comprise. Mais il nous faut aussi actualiser ce qui est fait spécifiquement pour la vie quotidienne », poursuit Giovanna. Pour la lampe Toio, le design des 2 500 exemplaires de la version anniversaire en noir mat est resté le même. La couleur, ce n’est pas la première fois. Flos avait déjà sorti une version dans la même teinte de la lampe culte Snoopy (1967) des mêmes designers.
En fait, les deux frères ne créaient pas pour le futur, mais innovaient sur l’instant. C’est pourquoi, pour Giovanna Castiglioni, il est primordial d’avoir un éditeur sensible à la philosophie de l’objet, comme l’est Flos. Achille Castiglioni avait pour ambition de réaliser des objets fonctionnels dont il suivait tout le développement dans les moindres détails : pas un composant de la lampe Toio n’a été inclus sans qu’il y ait une raison technique.
Si elle a tout d’une canne à pêche, c’est parce que ses designers n’ont rien trouvé de plus flexible, antichoc et maniable. Facile aussi d’y ajuster la longueur du fil électrique. Rien en trop, évidemment. « Effacer, effacer, effacer », scande Giovanna. Toute cette praticité ne vire pas non plus au banal avec cette canne à pêche qui se termine en phare de voiture ! À la maison, Giovanna, se souvient d’un père qui testait tout en famille. Cette géologue de formation est aujourd’hui, avec son frère Carlo, la pierre angulaire de tout un univers.