Pourquoi les années 50 nous fascinent-elles autant ? Alors que le propre de la mode est de se démoder, celle du vintage fifties ne passe pas… Les pièces de cette époque gardent une place à part dans le cœur des simples passionnés, comme des décorateurs, galeristes… Après une première phase de reconnaissance des stars de cette décennie (Serge Mouille, Le Corbusier…), on ne cesse de découvrir de nouvelles personnalités. Les galeristes Guilhem Faget et Alexandre Goult exposent ainsi jusqu’au 14 décembre les figures du luminaires français des années 50, qui n’ont pas (encore) accédé à cette notoriété : Pierre Guariche, Michel Buffet, Jean-Boris Lacroix, Louis Baillon, Charles Ramos, Joseph-André Motte, Michel Mortier… Au total, les galeristes ont déniché une quarantaine de lampes.
L’engouement pour les 50’s, Alexandre Goult l’explique aisément : « A cette époque, on sortait de la guerre. Les codes étaient cassés, les appartements plus petits ; une classe moyenne apparaissait et surtout, le conflit a apporté de nouvelles technologies et matériaux comme le Métacrylate. Ces facteurs philosophiques, technologiques, sociologiques, concourent à provoquer une révolution. » Et cette révolution bouleverse les intérieurs… « Comme la salle à manger et le salon fusionnent, c’en est fini de la table à manger au milieu de la pièce ; elle est désormais excentrée pour laisser de la place à l’espace repos… ce qui permet d’abandonner le traditionnel lustre suspendu juste au-dessus et de le remplacer par une applique rotative qui servira d’éclairage d’ambiance et d’appoint pour telle ou telle zone de la pièce. »
Lampes légères, poétiques et fonctionnelles
C’est le cas de différentes lampes exposées ici, comme l’applique à trois bras orientables de Robert Mathieu en métal laqué noir et cocottes laquées noir, jaune et rouge, exposée ici. Si cette avant-garde signe la fin des fioritures, elle n’impose pas pour autant un design punitif, mais propose au contraire une modernité joyeuse, optimiste, qui joue sur les couleurs et offre des détails décoratifs ludiques. Certaines pièces comme l’applique Ecran trois feux de Robert Mathieu s’inscrivent même dans le style « space age » alors que nous ne sommes qu’en 1958 ! « C’est léger, poétique mais tout a une logique : si la tôle est percée c’est pour laisser transparaître la lumière. »
De la classique Lampe modèle B 204 de Michel Buffet (désormais rééditée) à la rare applique pivotante de Jean-Boris Lacroix (1950), les prix s’étalent de 2 000 € à 20 000 … Cependant, cet accrochage est surtout l’occasion – rare – de découvrir réunis au même endroit ces objets éclairants bien pensés, aux antipodes de l’éclairage froid prodigué par la plupart de nos LEDs…
> Le luminaire français des années 50 : une révolution. Jusqu’au 14 décembre. Galerie meubles et lumières. 58, rue Mazarine, 75006 Paris.