Ne comptez pas sur lui pour vous parler de technologie… Créateur de nombre de ses propres lampes, il l’évoque plutôt comme le ferait un metteur en scène. C’est un peu le Bob Wilson du luminaire. Comme le célèbre artiste américain, Davide Groppi est habité par l’idée que la lumière recèle d’infinies possibilités d’exprimer l’espace qu’elle habite. Loin de prétendre être un gourou, le designer se voit plutôt comme un pianiste qui, à force de gammes, finit par mettre au point des modèles originaux.
Celui qui a débuté à la fin des années 80 à Piacenza, dans le nord de l’Italie, y vit toujours. Sa société est restée indépendante mais s’est beaucoup développée, surtout en termes de reconnaissance. Deux de ses créations ont d’ailleurs remporté chacune un Compasso d’Oro en 2014. À l’écouter, son idée fixe, c’est « la légèreté du point de vue, de l’inspiration, pour susciter de l’émotion, une atmosphère ou de la magie ». Ne pas compter sur lui non plus pour craindre l’arrivée des LED comme un frein à la création. Selon lui, c’est juste une évolution à maîtriser. En Italie, Léonard de Vinci ne représentait-il pas, à son époque, ce mélange d’humanisme classique et de haute technologie ? On est bien dans l’esprit du made in Italy.
Cette année, le goût de l’essentiel chez Davide Groppi s’incarne dans la lampe de table Bugia, un fût de lumière… et c’est tout. Quant à la Calvino, elle se distingue par un disque miroir placé au-dessus de l’ampoule et qui reflète, sur le dessus, l’espace autour : impossible de mieux se fondre dans le décor. Mais la plus étonnante, montrant le niveau d’indépendance créative de la maison, c’est Meridiana. Juste un trait de crayon noir dans l’espace qui, en plus, donne de la lumière. On ne voit aucun fil. Davide Groppi vient juste de nous donner une version 2.0 de la merveilleuse Potence pivotante de Charlotte Perriand.