Les 11 designers portugais à suivre absolument

IDEAT dresse le portrait de onze designers portugais qui ont plusieurs cordes à leur arc.

Qu’ils fassent des meubles, de l’architecture intérieure ou de la direction artistique, les designers portugais ne semblent pas redouter de se voir qualifier de touche-à-tout, contrairement à la situation dans d’autres pays. La proximité entre les différents secteurs et les différents professionnels est, au contraire, gage de souplesse, un atout pour faire du bon travail. La preuve par onze designers portugais.


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Portrait de Toni Grilo.
Portrait de Toni Grilo. DR

1 – L’ art et la matière du designer portugais Toni Grilo

Designer et directeur artistique, Toni Grilo a acquis sa renommée grâce à des pièces cultes et une connaissance accrue des matériaux et des savoir-faire portugais. Né à Nancy en 1979, puis diplômé de l’école Boulle en 2001, il part aussitôt pour le Portugal où il s’installe à Porto, dans le quartier de Matosinhos, pour être au plus près des fabricants portugais. Avec son expérience du bois, du marbre, du liège, de l’acier… et des techniques, il façonne tous les matériaux avec le même enthousiasme. La lampe Marie (2012, Haymann Éditions) en est un bel exemple. Son regard de designer l’a mené à être acteur de projets innovants auprès d’entreprises traditionnelles peu habituées à cette relation.

Entretenant des liens forts avec certaines d’entre elles, il s’y implique en tant que directeur artistique : chez Sofalca, il met au point, en 2014, des blocs de liège expansé sous la marque BlackCork, point de départ d’une nouvelle aventure créative pour l’entreprise familiale ; en collaboration avec Riluc, certaines de ses recherches personnelles sont devenues des icônes, telles que le sofa Many Worlds, la chaise Line ou le siège lounge Bibendum, des pièces éditées en séries limitées, prisées des collectionneurs.

Lampes de table Spin (à gauche) et Break (Marm).
Lampes de table Spin (à gauche) et Break (Marm). DR

Le designer portugais puise son inspiration dans les classiques du design contemporain et dans l’artisanat populaire portugais. En témoignent ses chaises en bois Canoa, des assises issues de la culture populaire portugaise revisitée. Instinctif et intuitif, l’homme a plusieurs cordes à son arc comme des installations (à la Design Week de Lisbonne) ou l’Elixir Trolley (Riluc), un bar de luxe en verre et en acier brossé. Son travail réunit un mélange cohérent de pièces plus « artistiques » aux techniques artisanales et une production industrielle qui porte haut l’identité du design portugais. A.S.


2 – Marco Sousa Santos, le design comme mode de vie

Le designer portugais Marco Sousa Santos, une fois les savoir-faire d’excellence acquis, fait vivre l’esprit portugais au sein d’une marque emblématique de mobilier haut de gamme contemporain, Branca, dont il est devenu le directeur artistique. Dès 1995, il contribue à l’avancée de la culture du design au Portugal, notamment avec l’ExperimentaDesign – Bienal de Lisboa et plusieurs projets de collections à la clé. D’où une solide réputation à l’international. Installé à Lisbonne depuis toujours, il ne se lasse pas de la lumière de l’Océan, source d’inspiration. Son objectif ? Rapprocher le design contemporain et la fabrication artisanale de qualité tout en misant sur la durabilité et l’économie des matériaux.

Fauteuils Shell (Branca).
Fauteuils Shell (Branca). Branca

Aussi a-t-il déniché parmi les entreprises locales faisant vivre les métiers traditionnels du bois et du métal celles qui ont su évoluer au rythme des innovations technologiques de production numérique : « En travaillant au fil des ans avec un groupe des meilleurs experts de la région autour de Rebordosa et de Paredes, dans le nord du Portugal, nous sommes fiers d’aborder le design selon une approche innovante, qui vise à le perpétuer dans le monde d’aujourd’hui. »

C’est notamment grâce au succès de son assise iconique Shell (2009) que le designer portugais participe à l’effacement de l’image d’« artisanat anonyme » qui colle au design de son pays. Ce fauteuil est le résultat de longues recherches. Inspiré des chaises longues traditionnelles, il est composé d’une colonne vertébrale en contreplaqué découpé à l’aide d’une machine numérique, puis cintré ; elle est ensuite assemblée à la main. L’assise ergonomique accueille quatre coussins qui s’adaptent à la morphologie de chacun.

En bas Fauteuils Ria (Branca).
En bas Fauteuils Ria (Branca). Fenando Guerra

Si sa production est de plus en plus épurée, l’homme reste fidèle aux techniques qu’il a mises en œuvre en bois massif et en contreplaqué, certifiés FSC et PEFC, ainsi qu’en acier laqué, économes en éléments d’assemblage. Ses chaises filiformes, emblématiques de ses collections, témoignent de la fusion des univers indoor et outdoor. A.S.


3 – Gabriel Tan, l’artisanat comme vecteur de création

Adoptant l’artisanat local aussi bien que les techniques numériques, Gabriel Tan forge sa singularité à travers des meubles et des objets du quotidien dont la simplicité confine à la poésie. Portugais de cœur, il est né à Singapour en 1982. En 2006, il fonde avec trois designers rencontrés à Stockholm le collectif Outofstock. Cette expérience de dix ans l’ouvre à l’international. Installé à Porto depuis 2020, il a aujourd’hui scindé ses activités sous des entités de marques différentes.

Sur la cheminée, support Coliseu, sculpture Ornament and Crime et miroir Window (Origin Made). Écran-paravent Shoji (Ariake).
Sur la cheminée, support Coliseu, sculpture Ornament and Crime et miroir Window (Origin Made). Écran-paravent Shoji (Ariake). Jonas Bjerre-Poulsen

Le designer portugais se concentre sur la conception de mobilier, tandis que Studio Antimatter pense l’architecture intérieure ainsi que la direction artistique de la marque de mobilier japonais Ariake. Ce designer industriel (ce qu’il revendique) puise ses influences en Asie et en Europe. Quand il découvre l’artisanat et les matériaux utilisés par les ateliers portugais (2014), il lance la marque Origin Made (qui fait appel à d’autres designers) et réinvente chaises, tabourets, étagères, vide-poches, avec sensibilité et une grande attention aux détails.

En 2022, il imagine la collection « Weaver », avec Maria Adelina, qui détient le savoir-faire ancestral du tissage en corde de papier, et Carlos Barbosa, à la tête d’une menuiserie familiale. Actif et réactif, le designer a présenté ses dernières créations pour B&B Italia au Salon du meuble de Milan : la ligne « Quiet Lines ». Un jeu de clair-obscur graphique à base de matériaux naturels, répondant à un véritable usage. A.S.


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4 – Le bois et l’expression de la main de Tomás Viana 

Artisan et designer portugais, Tomás Viana s’exprime au travers de pièces uniques qui révèlent des savoir-faire vernaculaires. Grâce à une formation à l’université et aux ateliers d’art de la Fondation Ricardo Espirito Santo, il apprend l’ébénisterie et la restauration d’œuvres d’art dès les années 2000. Il se constitue alors un réseau d’artisans à qui il emprunte des machines : un tourneur sur bois, un quincaillier… avant d’installer son atelier à Cascais. Pendant dix ans, il se confronte à l’exigence de la commande d’architectes, de designers et d’artistes, afin de maîtriser tous les aspects du fait main : « Entre savoir-faire et design, ma pratique m’a permis de comprendre le potentiel et les limites du bois en tant que matériau noble et durable. »

Prototype de la chaise 1.
Prototype de la chaise 1. Fabiana Kocubey

Aujourd’hui, chaque pièce qui sort de son atelier est numérotée, signée et porte les initiales du client. Pendant la Design Week de Lisbonne, le designer portugais a présenté un prototype d’étagère, l’une des cinq pièces de la collection « Compass », en prévente pour une fabrication en 2024. Quand il imagine ses pièces à l’aquarelle, leur mode de fabrication est sous-jacent. Sous sa main, le grain et les nœuds du bois local récupéré apparaissent, fruit du hasard avec lesquels il faut jouer, tandis que les assemblages apparents, éventuellement complexes, révèlent le minimalisme du design. A.S.


5 – Joana Astolfi à la conquête des espaces

Architecte de formation, la designeuse portugaise Joana Astolfi travaille comme une metteuse en scène. Boutique ou musée, elle et son studio transforment toutes sortes de désirs d’ambiances en chantiers concrets. Loin de la multiplication des produits industriels, elle diffuse ses messages en investissant l’espace. Son fil rouge ? Donner corps aux projets de ses clients en fabriquant des univers très visuels. Qu’il s’agisse d’architecture intérieure ou de design, elle fait ou refait vivre un lieu. Le but est de susciter des interactions entre les usagers et les caractéristiques desdits lieux.

Bois et cannage habillent le showroom Costa Terra, à Comporta.
Bois et cannage habillent le showroom Costa Terra, à Comporta. Francisco Nogueira

Au départ, Londres, Munich et Los Angeles sont les premières villes où elle s’est formée. Est-ce ensuite à Trévise, en Italie, à l’atypique Fabrica (de Luciano Benetton et Oliviero Toscani) qu’elle s’affranchit de toute spécialisation ? Le Studio Astolfi, fondé en 2009 à Lisbonne, aménage régulièrement des restaurants ou des boutiques.

Depuis 2014, Hermès lui confie ses vitrines au Portugal. Le hall du Ritz de Lisbonne a récemment hébergé son étonnante Ritz House, une maison de poupée XXL pleine de détails. L’architecte a également signé, à Comporta, un showroom, Costa Terra, mêlant sur fond beige cannage et céramique. Portugal oblige, le bois est facilement à l’honneur chez Astolfi. En témoigne, à Porto, la galerie marchande Galleria, une ode au shopping avec du bois jusqu’à mi-hauteur des murs, comme mis en scène, lui aussi, pour procurer des émotions G.-C.A.


6 – Design, artisanat et parcimonie avec Rui Alves

Né dans une famille d’artisans, Rui Alves a fondé son studio dès sa sortie de l’école, il y a vingt-deux ans. Il représente bien aujourd’hui la figure du designer portugais aussi à l’aise dans l’artisanat que dans le design. Son fréquent usage du bois clair allié à l’esprit de parcimonie de son style aurait pu cantonner l’homme dans le rôle du créateur local. Or, il a émergé au Portugal et au-delà. La qualité de son travail renforce son côté intemporel. Aujourd’hui, si l’on regarde la chaise Hane, on parle de design portugais quant à son auteur et à son lieu de réalisation, mais cette assise en bois clair immaculé pourrait tout aussi bien être scandinave ou finlandaise, voire sous l’influence de l’éditeur historique allemand Thonet. Elle est simplement contemporaine.

Canapé Tailor.
Canapé Tailor. © YELLOWS.DK

Idem pour le sofa Tailor en chêne savonné chez l’éditeur danois Menu, pour lequel Rui Alves s’est inspiré de l’échoppe de tailleur que fréquentait son grand-père : des cintres en bois, des coutures… Légère, esthétique, cette ode à la juste mesure est devenue une référence pour l’éditeur. La lounge chair Neuf, chez le danois Tolv, est d’une sobriété similaire. Mais la qualité des matériaux et de subtils arrondis font primer la sensualité sur la rigueur. G.-C.A. 


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7 – L’engagement sans compromis de Studio Gud

Quand les créations du duo Gud Conspiracy sortent de l’usine ou de la manufacture, elles ont l’esthétique et la qualité voulues par les designers au moment du prototype. C’est le fruit de leur exigence, alliée à celle des artisans qualifiés et à des matériaux de qualité qui font la spécificité du Portugal. Basé à Porto, Studio Gud a été fondé par les designers portugais Paulo Neves et Alexandre Kumagai. Aujourd’hui, l’éditeur danois Bolia fabrique leur série de tables basses Mix, mariant le chêne et le marbre ; l’éditeur anglais & Ratio a produit Fazer, délicat miroir de table rond en marbre et en laiton… Le point commun ? Exprimer la vérité des matériaux avec un traitement qui ne les dénature pas, peaufiner des formes toujours élégantes.

Le bureau Bolsa (Wewood).
Le bureau Bolsa (Wewood). DR

Comme marque distinctive de design vertueux, Studio Gud ne recherche pas une esthétique brute de décoffrage, à la simplicité austère, souvent décriée. En témoigne par exemple l’élégante chaise Bura, tout en bois ponctué de joints en laiton, conçue pour le label bosniaque Artisan. L’éditeur portugais Weewood a, lui, jeté son dévolu sur le projet de bureau Bolsa où, là encore, tirer le meilleur parti du matériau sans le dénaturer semble avoir été le credo.

Autant en Italie, pays de référence en matière de design, ce sont les éditeurs qui bénéficient de tout un écosystème industriel et artisanal compétent et réactif, autant au Portugal – où l’on vient de tout le reste de l’Europe pour faire fabriquer de la qualité –, il semble évident pour un designer de solliciter directement un artisan. Celui-ci est parfois détenteur d’une tradition ancienne, adaptée pour faire aboutir le projet ; la relation s’intaurant avant tout entre lui et le designer. G.-C.A.


8 – Le sens du détail de Christophe de Sousa

Franco-portugais, un designer Christophe de Sousa a trouvé les bases formelles de son aventure créative dans le design industriel. Né en France en 1979, il vit au Portugal, pays d’origine de ses parents. Pratiquant le dessin très tôt, il poursuit un cursus en design industriel à l’université Lusíada, à Porto : « J’y ai appris le processus de création aussi bien que la méthode et la discipline. » Soit penser à optimiser la production d’un objet dès le premier trait de crayon. Un objectif très vite assimilé.

La cheminée Contour 13 (Polyflam).
La cheminée Contour 13 (Polyflam). DR

En 2004, encore étudiant, il collabore avec une entreprise de poignées de porte et conçoit sa première pièce, toujours commercialisée par la société JNF. Inspiré par le foisonnement créatif des années 70, il expérimente le mélange des matériaux, au point de créer des typologies aux formes inattendues ! La chaise Onda, le canapé Bordura et la table basse Scala témoignent de sa polyvalence et de son approche méticuleuse : « Le projet dicte le choix des matériaux. Cependant, si je devais en choisir un, ce serait le bois, car c’est un matériau organique naturel, qui dégage beaucoup d’émotion. »

Passionné par le processus de création et de production, il peaufine ses pièces comme le ferait un bijoutier, poursuivant dans les finitions la recherche d’une quasi-perfection ! Depuis 2018, le studio du designer portugais a, basé à Porto, collabore avec Delta Cafés, Siemens, Wewood, Mercedes-Benz… Avec sa chaise Slim CS (Marques & Silva), il a été choisi pour représenter le Portugal à la biennale de design ibéro-américaine BID16. En 2022, à la Paris Design Week, il est remarqué pour la scénographie de l’exposition « Métamorphose » (une sélection de pièces de designers portugais dans le cadre de l’événement Made in Portugal Naturally). Un rêve ? Créer une voiture ! A.S.


9 – Gonçalo Campos, le temps de bien faire

Quel point commun entre le designer Gonçalo Campos et ses confrères Joana Astolfi, au Portugal, ou Jaime Hayón, en Espagne ? Sûrement l’idée que le succès commercial ou médiatique ne peut se départir d’une forme d’indépendance qui garantit l’authenticité des créations. Une certitude demeure : il y a un avantage à passer par la Fabrica (le centre de recherche de Benetton, en Italie) pour se débarrasser à tout jamais de l’idée qu’il existe une voie sacrée pour percer dans le design. Gonçalo Campos s’est ainsi, lors de ses années de formation, immergé dans le processus de création et de production du grand éditeur de design italien Zanotta.

Le fauteuil Lapel (Pierre Frey).
Le fauteuil Lapel (Pierre Frey). DR

En 2010, quand le designer portugais fonde son studio, c’est aussi par le voyage qu’il donne une forme toute personnelle à sa pratique, en roulant sa bosse de Londres à Berlin via Budapest et Paris. Treize ans plus tard, de retour à Lisbonne, il se fait connaître grâce à de belles collaborations : le français Pierre Frey édite son fauteuil Lapel, Ligne Roset produit son miroir Loreta, tandis que le label italien Crassevig a sorti sa table en bois Ampere, qui permet de recharger un smartphone. Mais tout ceci ne s’est pas fait faute d’éditeurs portugais intéressés… Weewood diffuse son fauteuil Caravela. Pour Gonçalo Campos, l’intérêt, c’est la collaboration, pas la nationalité. G.-C.A. 


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10 – Rui Pereira, des produits, mais pas seulement 

Si Rui Pereira fait du design produit, c’est sans un aréopage d’éditeurs. Et le fait qu’il vive à Milan ne l’éloigne absolument pas du paysage du design portugais. le designer portugais ne craint pas l’expérimentation. Pour preuve, ses éléments de salle de bains en marbre Small Steps ont été conçus en 2015 pour une exposition curatée par le grand designer japonais Naoto Fukasawa. Ces pièces de marbre composaient un petit autel domestique destiné à des opérations de soin. Presque une invitation à un rituel, avec tout le nécessaire, pas seulement la vasque et le tiroir, mais la tasse à café et la serviette chauffée comprises. L’homme avait aussi signé, avec Ryosuke Fukusada, des accessoires de salles de bains plus attendus.

Collection pour la salle de bains « Osiloi », signée Rui Pereira et Ryosuke Fukusada.
Collection pour la salle de bains « Osiloi », signée Rui Pereira et Ryosuke Fukusada. David Vidal 

Nommés « Osiloi », sous l’influence de rituels corporels traditionnels japonais, qu’il s’agisse de la coiffeuse basse, du sèche-serviettes ou de l’étagère, tous ces éléments s’utilisaient ensemble ou séparément. Les matériaux employés, eux, étaient italiens. L’avantage de ce type de projet réside dans la possibilité pour le designer d’innover en dehors du marché et de ses échéances. Quant à ses lampes Gabbia, en bambou, fabriquées à la main à Kyoto, toujours en tandem avec Ryosuke Fukusada pour le label Industry+, elles matérialisent esthétique contemporaine et souci de l’environnement. G.-C.A. 


11 – Sara de Campos, tabler sur la durée

Sara de Campos appartient à cette jeune génération de designers portugais revenus s’installer à Lisbonne après avoir étudié à l’étranger et dont la modestie est proportionnelle à leur talent. Née en 1989 au Portugal, la jeune femme a étudié la photographie à Lisbonne, puis le design à l’école cantonale d’art de Lausanne (ÉCAL). Ses créations matérialisent le regard à la fois esthétique, pragmatique et poétique qu’elle porte sur les objets utilitaires modestes ainsi que sur les situations du quotidien. Le panier de vendangeurs, qui lui a valu de remporter le grand prix du jury Design Parade Hyères en 2018, complété du prix Sammode la même année, en est un bel exemple. Tout comme le casier à bouteilles Cask, en chêne, imaginé avec l’éditeur allemand E15, ou encore le portemanteau prochainement édité par le portugais MOR.

Bar Bay, une installation événementielle en partenariat avec Vitra.
Bar Bay, une installation événementielle en partenariat avec Vitra. Younès Klouche / ÉCAL

Pianiste depuis l’âge de 4 ans, la jeune femme sait que durée peut rimer avec beauté. Elle se tient ainsi naturellement en marge de toute surproduction et, dans sa pratique, met au centre de ses préoccupations la durabilité, tant matérielle et fonctionnelle que stylistique, des objets. Une éthique parfaitement en adéquation avec son travail, rigoureux, mais dénotant une sensibilité rare aux proportions, aux matériaux, aux finitions et aux couleurs. Deux exemples ? Le vase qu’elle a réalisé au Centre international de recherche sur le verre et les arts plastiques (Cirva), à l’issue de son prix Design Parade, ainsi que les pots pour plantes, avec soucoupe intégrée, dont elle a réalisé elle-même les prototypes. Avis aux éditeurs. A.-F.B.


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