Le Four Seasons Ritz Lisbon évolue en douceur

Dans toute grande métropole, il y a un hôtel qui est une institution, l’adresse historique où viennent dormir les chefs d’États, où se traitent les gros marchés… et où se vivent de belles histoires d’amour. À Lisbonne, définitivement, c’est le Ritz ! Il appartient à la collection des Four Seasons et vient d’être en partie rénové et modernisé.

«Para o Four Seasons Ritz Lisbon, por favor ! » À la sortie de l’aéroport Humberto Delgado, la Mercedes 500 aux vitres noires vous emmène presque sans bruit, comme sur un tapis roulant, au cœur de la capitale portugaise et au centre du premier grand empire colonial de l’histoire. La ville, après s’être endormie de longues années, fait preuve aujourd’hui d’un dynamisme sans précédent. Le Portugal est un peu devenu LA nouvelle Californie européenne : avantages fiscaux, climat, croissance, projets, positivité, tout est fait ici pour attirer les investisseurs étrangers… et ça marche !

Un chantier colossal

L’incroyable piste de jogging sur le toit de l’hôtel !
L’incroyable piste de jogging sur le toit de l’hôtel ! Richard Waite

Encore quelques minutes et le Four Seasons Ritz Lisbon apparaît. Une structure moderniste construite à la fin des années 50, qui se dresse comme un paquebot sur la ville, avec sur le toit une incroyable piste de jogging. L’hôtel vient de subir une cure de jouvence partielle. Il faut dire que le style Art déco mélangé au style Louis XVI a quelque peu vieilli, même si les 40 000 m2 revêtus de marbre en imposent partout dans l’hôtel. Le duo de designers Artur Miranda et Jacques Bec, de la célèbre agence d’architecture intérieure portugaise Oitoemponto, a été choisi pour lancer ce chantier colossal.

Dans cette chambre de la catégorie Deluxe, les magnifiques têtes de lit en chêne arraché à la gouge contrastent avec les meubles en bois verni.
Dans cette chambre de la catégorie Deluxe, les magnifiques têtes de lit en chêne arraché à la gouge contrastent avec les meubles en bois verni. Richard Waite

Pour le premier, « il était fascinant de se plonger dans l’histoire de l’hôtel et de réaliser que son essence n’a pas beaucoup changé en soixante ans ». Naturellement, la rénovation s’est inspirée des années 50. Le style est chic, straight, presque masculin, mais très chaleureux, sans fioritures ni ostentation, avec un goût très sûr. Un peu à l’image d’un homme mûr (le Four Seasons Ritz Lisbon a 62 ans) assez sûr de son charme, sans avoir besoin d’en faire trop. On se sent immédiatement bien à son contact. Ici, c’est pareil ! Tout le mobilier 50’s a été réédité, parfois avec de nouvelles proportions. La palette de couleurs est douce et subtile (ocre, brique, bleu pâle et bois blond). Les têtes de lit en chêne arraché à la gouge sont absolument splendides et bien dans la tendance.

La nouvelle piscine de l’hôtel, réalisée a été conçue comme un centre de villégiature urbain.
La nouvelle piscine de l’hôtel, réalisée a été conçue comme un centre de villégiature urbain. Richard Waite

Le petit détail qui tue ? Le plafond qui se termine en courbe cachant ainsi la tringle à rideaux : très chic. La technologie est bien présente : l’enceinte Marshall, posée sur la table de nuit, fait son petit effet et la douce harmonie des coloris des tissus n’a d’égal que l’émotion provoquée par la terrasse, qui possède une vue à couper le souffle sur tout Lisbonne. Les murs sont recouverts d’un textile qui a l’apparence de la paille japonaise et, dans les couloirs, la réédition d’appliques anciennes donne un effet théâtral. Les halls des ascenseurs ont retrouvé leurs grands fauteuils à oreilles, façon Royère, et leurs lampes néoclassiques. Oitoemponto s’est également attaqué à la piscine extérieure, qui voisine avec une pool house tout en rondeurs et en bois, inscrites dans un jardin luxuriant en pleine ville.

Retrouver l’esprit originel du lieu

Le jeune chef Pedro Pena Bastos et son restaurant Cura.
Le jeune chef Pedro Pena Bastos et son restaurant Cura. Richard Waite

Dernier chantier de rénovation : le restaurant étoilé Cura. Là, c’est l’architecte Miguel Câncio Martins qui s’y est collé (le Buddha Bar et le Man Ray, à Paris, l’Opium, à Londres, ou le Vista Alegre, à São Paulo), un spécialiste des endroits trendy ultra-connus. Les tons sont chaleureux, passant du bleu pétrole à de jolies notes d’or avec toujours du bois clair. Si un magnifique granit bleu Bahia recouvre l’espace ouvert de la cuisine, sur les murs de la salle, on peut admirer une superbe marqueterie de Fred Kradolfer, un graphiste d’origine suisse qui a eu un énorme impact sur le design portugais du début du XXe siècle.

Boiseries, miroirs biseautés et granit bleu Bahia participent de l’hommage rendu aux années 50.
Boiseries, miroirs biseautés et granit bleu Bahia participent de l’hommage rendu aux années 50. Richard Waite

Aux fourneaux, le jeune chef étoilé Pedro Pena Bastos : respect absolu de la saisonnalité, mariage des produits et esthétique des plats font de sa table l’une des meilleures de la ville ! À goûter absolument : sa mariscada, un pudding japonais à base d’ail vert et de graines de lupin. On ne se lasse pas des œuvres d’art exposées dans le lobby et les espaces communs de l’hôtel, comme les superbes tapisseries d’Almada Negreiros, les bas-reliefs de Margarida Schimmelpfennig ou de Salvador Barata Feyo. 

Les préparatifs du brunch dominical sur la terrasse du restaurant Varanda.
Les préparatifs du brunch dominical sur la terrasse du restaurant Varanda. Richard Waite

L’idée qui a présidé à cette jolie rénovation était de retrouver l’esprit originel du lieu. Mission accomplie ! C’est chic sans le côté bling-bling de ces hôtels à la mode qu’on voit ouvrir partout. Il reste à terminer tous les étages et le lobby qui, du coup, fait vraiment daté. Le Ritz de Lisbonne est un monument ! Et comme toutes les institutions, il a l’avenir devant lui. Allez à Lisbonne, profitez de cette ville claire et attachante, et découvrez cet hôtel ! Un dernier conseil : si vous ne pouvez y dormir, ne manquez pas le brunch du dimanche, une vraie tuerie ! 

> Four Seasons Hotel Ritz Lisbon. Rua Rodrigo da Fonseca, 88, Lisbonne. Fourseasons.com/lisbon