Avant de créer Magic Circus, Marie-Lise Féry a eu plusieurs vies. Un temps installée à New York, après des études de négoce d’art, la Parisienne devient marchande d’antiquités européennes pour les Américains. Elle compte alors parmi ses clients l’actrice américaine Lauren Hutton ou le peintre et réalisateur Julian Schnabel. Après avoir rencontré son mari, elle décide de s’installer à Lyon, où elle ouvre la galerie d’antiquités Un château en Espagne. Durant trois ans, la jeune femme s’amuse à y mettre en scène ses trouvailles – du XVIIe aux années 50 –, leur insufflant une nouvelle vie. « J’essayais de les rapprocher des goûts contemporains, de créer des émotions en invitant le public à voyager d’hier à aujourd’hui », se souvient-elle.
Ce goût des objets et de la scénographie remonte à loin. Petite déjà, elle chinait et suivait sa mère dans les salles de ventes. Un jour, elle choisit de ne plus acheter d’antiquités pour se consacrer à la création. Elle contacte un commissaire-priseur et, en moins de trois heures, écoule son stock. Son rêve prend forme. Fascinée par la féerie du cirque et du cabaret des années 20, elle lui donne le nom de Magic Circus, car « la magie doit opérer à chaque instant ». Après deux ans de travail, elle présente, en janvier 2016, à Maison & Objet, « Collection 01 », sa première ligne de luminaires, parfois XXL. En laiton et en verre, ceux-ci évoquent, pour beaucoup, l’époque Art déco. « J’aime réinterpréter les formes populaires assez courantes du XXe siècle et m’inspirer des lampes de bars, d’hôtels, de banques ou de l’éclairage de rue, en les faisant passer de l’espace public à l’espace privé. »
Marie-Lise Féry imagine des histoires et des usages ludiques. En forme de grosse pince, son Lustre 10 rappelle ainsi ces machines de fêtes foraines à l’aide desquelles on essaie d’attraper un jouet inaccessible avec une manette. « J’aime que les gens puissent s’approprier mes lampes et s’amusent avec elles », avoue cette fervente d’éclairages théâtraux et décalés. L’imposant Lustre 04 peut faire office de suspension ou simuler un lampadaire inversé en se déployant à moins d’un mètre du sol. Sa deuxième collection, « 02 », s’inspire des lanternes chinoises en papier. Tout en courbes, évoquant les années 30, les luminaires en laiton sont coiffés d’opaline colorée.