C’est progressivement, via les antiquaires, les ventes aux enchères et la presse, que les lampes de Serge Mouille sont devenues des trésors. Depuis 1999, à côté du marché du vintage, décorateurs et amateurs de design peuvent acheter ces luminaires scrupuleusement réédités, ou édités, par les Éditions Serge Mouille. Leur directeur général, Didier Delpiroux, précise : « Nous ne créons rien, nous préservons son travail. »
En 1952, le designer, issu de l’orfèvrerie, crée le premier lampadaire à trois bras de la célèbre série « Formes noires » pour une cliente sud-américaine de l’architecte et décorateur Jacques Adnet. Les premiers succès sont donc nés en Amérique et en Allemagne. Fines tiges de métal, abat-jour en forme de sein, rotule en laiton, un registre esthétique s’impose. Mais dès 1963, Serge Mouille ne se consacre plus qu’à l’enseignement. À l’échelle de l’histoire du design, le « moment Serge Mouille » dure une dizaine d’années.
Aujourd’hui, 35 modèles sont réédités… et une vingtaine reste à redécouvrir. Si les Éditions Serge Mouille ont été fondées par Gin, sa veuve, et Claude Delpiroux, le père de Didier, ce dernier les dirige aujourd’hui. Il juge que l’atelier a suffisamment de travail en produisant quelque 2 000 lampes chaque année, numérotées et assorties d’un certificat : « Tout est fabriqué dans notre atelier (à Bézu-Saint-Germain, dans l’Aisne, NDLR) sauf les rotules, à 10 km de là. » Parmi les 16 personnes de l’équipe, on trouve des experts-créateurs, tels que la dinandière Gladys Liez, lauréate du prix Bettencourt, formée par Fred Barnley, élève de Mouille ; et Karl Sauvade, autre ex-élève, en charge du développement des modèles.
Dernière réédition en date, la lampe Tuyau vient de sortir. Il a fallu du temps pour déterminer les bonnes LEDs à employer, car voir des luminaires de Serge Mouille avec des ampoules surdimensionnées est inimaginable. Outre le développement de ces nouveaux modèles, les éditions Serge Mouille doivent aussi lutter contre la contrefaçon… Mais en la matière, quelques secondes suffisent à Julia Delpiroux, la fille de Didier, pour déceler un faux. C’est tout cela le secret d’un univers qui perdure…