La collaboration avec Nendo (Oki Sato) pour la lampe Kurage n’est pas née du hasard. Pouvez-vous nous en rappeler l’origine ?
Nous avons travaillé avec Oki Sato sur un projet de création collaboratif qui reposait sur un échange d’idées, suivant le principe du tanka, ce poème japonais construit en deux parties qui se répondent. En 2013, cela a donné lieu à Milan à une exposition de sept objets, parmi lesquels le prototype de cette lampe. Foscarini était l’un des sponsors de l’événement, c’est pourquoi il nous a proposé par la suite de l’éditer, ce que nous n’imaginions pas vraiment au départ.
Un travail difficile ?
Il a fallu deux années et une trentaine de prototypes. La lampe est simple en elle-même, mais nous voulions que l’abat-jour soit en papier washi. Nous avons fait de multiples essais, mais il était impossible de le produire en Italie. Carlo Urbinati a été très lucide en acceptant que cela se fasse au Japon, par la seule entreprise capable de réaliser cet élément grâce à un processus de fabrication très particulier. C’est ce qui fait la force de Foscarini : accepter de s’éloigner de la tradition du verre de Murano pour explorer d’autres matériaux.
Kurage signifie « méduse » en japonais, un nom qui lui va bien…
À l’origine, elle s’appelait Ice Cream Paper Lamp, car j’avais envoyé à Oki Sato un croquis de glaces en bâtonnets en lui expliquant que j’aimais l’effet du soleil sur ces dernières. Il m’a répondu en proposant le papier washi qui traduisait parfaitement cet effet de transparence. Chez Foscarini, le projet a été baptisé Méduse en interne et c’est finalement devenu son nom, puisqu’il en rappelle la forme et l’apparence.
Peut-on voir dans cette lampe un manifeste écologique ?
En tout cas, nous avons porté une attention particulière aux matériaux : le papier washi, le câble recouvert de papier recyclé, le frêne pour la structure, la céramique pour la douille… Après mon arrivée en Suède, ma vision a beaucoup changé sur ce point, à la fois sur l’usage des matériaux mais aussi la possibilité de recyclage des produits.
La création d’une lampe pour un designer, c’est très particulier ?
J’en ai déjà imaginé quelques-unes pour Foscarini et d’autres éditeurs. J’aime cet objet car il affirme sa présence et offre une (vraie) fonction. Et puis il y a quelque chose de magique lorsqu’on l’allume, puisqu’une lampe peut changer totalement la perception d’une pièce.