Du 5 au 14 septembre, la Paris Design Week 2024 a fait battre le cœur de la capitale au rythme de la création internationale. À cette occasion, des installations monumentales se sont posées au sein de monuments nationaux, de l’Hôtel de la Marine au Musée des Archives, labels et designers ont révélé leurs dernières nouveautés, les expositions d’envergure se sont multipliées, la nouvelle garde du design s’est dévoilée. Une rentrée bien chargée, en somme.
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La nature en majesté
Dans la galerie Amélie Maison d’art, la nature a repris ses droits, comme si l’on retournait dans un château abandonné après des centaines d’années. Les plantes grimpantes remontent le long du mobilier, traversent les murs. Les fleurs séchées sont devenues objets, les épluchures se transforment en cabane, se rétractant, se décolorant de plus en plus à mesure que les journées s’écoulent, comme une réflexion sur le temps qui passe. Ici, on cultive des assises comme on prendrait soin d’un potager.
Tout comme le fait le studio Part qui, à travers son projet Tenir, exposé sur Village Palace, a imaginé une façon de créer du mobilier naturellement, en faisant pousser des végétaux à travers une structure spécialement élaborée. De quoi changer de métier et se rêver jardinier !
Turbo tuning
Ceux-là fusionnent les mondes et les références. D’un côté, Eric Jandar, fondateur du studio pluridisciplinaire Vénère, mêle à travers sa série Cross-over deux univers que tout semble opposer : la couture et le motocross. Ainsi, casques et autres équipements s’acoquinent d’éléments en jacquard, en cuir ou encore en dentelle fluo.
De l’autre, Cheval 23, duo formé par Simon Geringer et Jean-Baptiste Durand. Ce dernier se dit d’ailleurs « sampleur« , celui qui mélange et remixe des bribes de morceaux pour en créer de nouveaux. Leur exposition « Foreign Object Debris » est un concentré de cette approche débrydée. Les luminaires Bike Frame imaginée par le duo pour 13 Desserts reprend le langage des sports mécaniques et de l’aviation, quand la Spring Chair s’inspire « des grands prix moto et des trucs techniques en tout genre« , la dernière lubie de Jean-Baptiste, qui n’hésite pas à saturer ses créations de câbles et autres circuits électriques inutiles. « J’ai fini par arrêter de vouloir plaire aux autres, de cacher mes passions dont j’avais un peu honte pour au contraire les dévoiler au grand jour. »
Objet premier
Comme une matière première, un objet premier sert de base à la fabrication d’autres éléments. Dans le cadre de la Paris Design Week 2024, l’atelier 5.5 a utilisé les intemporels de Muji afin d’inventer de nouveaux produits vendus en kit. Une idée dans l’air du temps au centre de leur pratique, puisque le studio fondé en 2003 par Vincent Baranger, Jean-Sébastien Blanc, Anthony Lebossé et Claire Renard avait déjà imaginé des couvercles pour détourner les verres Duralex.
Une façon de penser retranscrite à travers un projet d’habitat autonome conçu pour l’occasion. La « tiny house » imaginée par les acolytes de 5.5 cherche va à l’encontre des villas surdimensionnées : une structure de 15 mètres carrées entièrement meublée et équipée, comprenant baignoire en bois, grandes baies vitrées, placards, tables et couchages. Aucune emprise au sol, pas d’eau courante : les modules, qui peuvent s’additionner, se posent au sol comme un meuble.
L’eau, pour les tâches de la vie courante est presque rationnée, évitant le gaspillage inutile. Faire la vaisselle dans un bac, un contenant fermé, permet en effet de se rendre compte de l’eau consommée. Chaque recoin est optimisé, la table à manger se transforme en bureau, le sofa en lit douillet. Le jardin contemplatif japonais a été réinterprété de façon à devenir nourricier. Le tout rejoint cette philosophie typiquement nippone qui consiste à se contenter de peu et de s’en satisfaire pour être heureux. Comme chantait Balou dans Le Livre de la jungle.
Métal hurlant
Le métal continue de conquérir le cœur des designers. Cette rentrée a vu se multiplier les meubles constitués de plaques aux finitions brossées. L’agence immobilière Archik, a fait du métal le sujet de sa publication a invité Ronan Le Grand et Konrad Steffensen, fondateurs de Corpus Studio, à exposer leur collection bb, référence à Brigitte Bardot et à l’enveloppe des fromages Babybel, déclinée dans divers métaux brossés.
Alexis Martial et Adrien Caillaudaud derrière le label Amca Oval, continuent quant à eux leur expérimentation de l’aluminium, imaginant un ensemble de totems lumineux, toujours avec un système d’emboitage. Enfin, les paravents All U de Jord Lindelauf, découverts dans l’une des arrières salles de l’espace Commines, intriguent. Une plaque en aluminium rectangulaire semble se séparer à la base pour en former le socle de l’objet. Des lignes claires, presque simplistes. Et pourtant ! Le côté pile est poli comme un miroir, le côté face, lui, ne reflète que des formes vagues.
Toute première fois à la Paris Design Week 2024
L’architecte d’intérieur Chloé Nègre se jette à l’eau : après avoir dessiné meubles et objets destinés à ses seuls projets, elle se lance, accompagnée de Francois-Xavier Fonbonnat, dans l’édition du mobilier.
Parmi les six pièces qui composent la première collection de Laclaux, la table à manger, au cadre en fibres brossées rainurées et plateau en stuc de marbre à rayures pastel irrégulières, fait son petit effet. Tout comme l’imposant lustre qui la surplombe, fabriqué à Naples, dont dégoulinent 88 grenades en porcelaine plus vraies que nature.
Le vert citron prend du Lgalon
Une couleur s’est imprimée sur les rétines lors de la Paris Design Week 2024 : le vert citron, comme un vestige du Brat summer, phénomène initié cet été par Charlie XCX dont la couleur fétiche est celle de la pochette de Brat, son sixième album.
Sur l’espace Commines où étaient présenté la crème du collectible design vu par la nouvelle garde, les assises signées Zyva Studio, Jean-Baptiste Durant et Lukasabas se repèrent comme le nez au milieu du visage. Maintenant, il faut oser.
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