Marbre du Brésil, inox et design : dans l’appartement de Nicolas Bellavance-Lecompte à Milan

Dans un immeuble des années 50 au cœur de Cinque Vie, le plus ancien quartier de Milan, où se concentrent un grand nombre de galeries et de studios d’artistes, l’appartement de l’architecte Nicolas Bellavance-Lecompte est à la fois un libre exercice de style, un carnet de voyage de globe-trotteur esthète et une « maison-archives » de galeriste défricheur.

Co-fondateur en 2011 de Carwan Gallery, à Beyrouth, le premier lieu d’exposition de design contemporain du Proche-Orient, Nicolas Bellavance-Lecompte est connu pour son flair et son avant-gardisme.


A lire aussi : Le zellige au centre du décor d’un appartement de Sierra + De La Higuera


Dans son bureau, l’architecte Nicolas Bellavance Lecompte, cofondateur de Carwan Gallery, à côté d’une applique 19.2, d’Omer Arbel (Carwan Gallery).
Dans son bureau, l’architecte Nicolas Bellavance Lecompte, cofondateur de Carwan Gallery, à côté d’une applique 19.2, d’Omer Arbel (Carwan Gallery). Gianni Basso / Vega MG

Dorénavant établie à Athènes, la galerie présentera prochainement, en collaboration avec l’éditeur de luminaires Luce5, la collection « Electra Lux » qui réunira des pièces signées India Mahdavi, Roberto Sironi, Objects of Common Interest, Destroyers Builders et Campbell Rey.

Et, en 2024, « Ramla », un solo show du designer Georges Mohasseb. Autre aventure pionnière, conçue cette fois avec l’artiste Giorgio Pace : la foire d’art et de design itinérante Nomad qui se tiendra en 2024 à Saint-Moritz, en Suisse, et à Capri, en Italie.

Dans le bureau, table Pinac, de Nicolas Bellavance-Lecompte et Jakub Zak, sur laquelle est posée la tour Black Stripes de la collection « Ziggurat » (le tout, Oeuffice). Chaise vintage. Suspension Tryst Three, de Paul Matter (Carwan Gallery). Sur le mur de gauche, série « Phenomena Coloured », de Keiji Takeuchi (Design Editions).
Dans le bureau, table Pinac, de Nicolas Bellavance-Lecompte et Jakub Zak, sur laquelle est posée la tour Black Stripes de la collection « Ziggurat » (le tout, Oeuffice). Chaise vintage. Suspension Tryst Three, de Paul Matter (Carwan Gallery). Sur le mur de gauche, série « Phenomena Coloured », de Keiji Takeuchi (Design Editions). Gianni Basso / Vega MG

Une effervescence créative et entrepreneuriale qui n’empêche nullement l’architecte italo-canadien (depuis mai dernier, Nicolas Bellavance-Lecompte est en effet un Italiano vero – un véritable Italien –, comme il l’a lui-même annoncé avec humour) de se présenter sur Instagram, avec une sobriété élégamment désinvolte, en tant que « design curator, architect, etc.».

Par « etc. », comprendre directeur artistique, consultant, commissaire d’expositions – il en a, à ce jour, « curaté » plus de soixante-cinq. Sans parler des 250 m2 de son appartement milanais, né de la réunion de deux espaces mitoyens. Une « maison-archives », selon sa propre définition, où il orchestre en premier lieu pour lui-même une rotation annuelle des pièces qu’il collectionne.


A lire aussi : A Londres, la maison en brique éco-responsable de Studio CAN


Une caverne des merveilles

Dans la salle à manger, table modulaire en chêne et en laiton, sur laquelle sont posés des vases en verre de Murano du studio 6:AM Glassworks. Autour, chaises signées Pierpaolo Todisco, recouvertes de bouclette Métaphores. Suspension Mobile, design Hannes Peer (le tout, Blend Roma). Tapis Tuareg Aqua (Alberto Levi Gallery).
Dans la salle à manger, table modulaire en chêne et en laiton, sur laquelle sont posés des vases en verre de Murano du studio 6:AM Glassworks. Autour, chaises signées Pierpaolo Todisco, recouvertes de bouclette Métaphores. Suspension Mobile, design Hannes Peer (le tout, Blend Roma). Tapis Tuareg Aqua (Alberto Levi Gallery). Gianni Basso / Vega MG

Des objets de Sigve Knutson, de Roberto Sironi, d’Omer Arbel, de Carlo Massoud, de Mary-Lynn Massoud, de Bahraini Danish, d’Objects of Common Interest… tous commissionnés par Carwan Gallery.

« J’ai toujours besoin de découvertes. Quand j’achète quelque chose de nouveau, je l’intègre ici, je change. Pas tout, tout de même », précise-t-il en désignant avec un clin d’oeil les deux imposantes tables en marbre Dorik et Pinac, codessinées avec Jakub Zak, cofondateur avec lui d’Oeuffice, un laboratoire de créations innovantes.

La cuisine gagne en profondeur avec les façades en miroir qui habillent les meubles.
La cuisine gagne en profondeur avec les façades en miroir qui habillent les meubles. Gianni Basso / Vega MG

Du salon-salle à manger, au bureau, en passant par la chambre, d’autres réalisations (une étagère pivotante Laveer Totem, l’iconique tour Black Stripes de la collection « Ziggurat », aux rayures noires et blanches) dialoguent avec des luminaires de l’Indien Paul Matter, une œuvre « fragment » du collectif belge Rotor, une sculpture textile de l’Iranien Taher Asad-Bakhtiari, des sièges des architectes palestiniens de Local Industries, ou un lit du Belge Bram Kerkhofs.

« Tout le monde pense que j’habite dans un loft orthogonal, qu’il y a une rigueur très scandinave, alors qu’en fait il n’y a rien de droit, toutes les fenêtres sont différentes, s’amuse Nicolas Bellavance-Lecompte . Mais j’aime bien que la structure se révèle à travers les gestes que j’ai faits pour gagner de l’espace et pour respirer. »


A lire aussi : À Bruxelles, une écoconstruction moderne en pleine nature


Chaise pliante d’Egon Eiermann (Wilde + Spieth, 1953).
Chaise pliante d’Egon Eiermann (Wilde + Spieth, 1953). Gianni Basso / Vega MG

Un lieu agrandi également par les jeux de miroirs. Ceux de la porte pivotante séparant les zones de jour et de nuit, comme ceux des façades de meubles de cuisine dans lesquels se reflète à l’infini le fascinant marbre du Brésil de la crédence.

Cependant, cas rare, ni le plaisir d’inviter des amis à dîner, ni la qualité de la literie, ni cette collection si personnelle et si cosmopolite d’objets inspirants ne peuvent concurrencer, pour un esprit aussi curieux que celui de Nicolas Bellevance-Lecompte qui a « un besoin constant de nouveaux horizons. C’est ce qui me stimule le plus ».

Des espaces minutieux

Dans la chambre, sur la console Ionik, tour Pixel de la collection « Ziggurat » (à gauche) (le tout, Oeuffice). Au mur, œuvre Dalieh Panels Blue, du collectif Rotor (Carwan Gallery). Rocking-chair Mike de Local Industries. Derrière le lit, conçu par le designer Bram Kerkhofs, un rideau en lin délimite le dressing.
Dans la chambre, sur la console Ionik, tour Pixel de la collection « Ziggurat » (à gauche) (le tout, Oeuffice). Au mur, œuvre Dalieh Panels Blue, du collectif Rotor (Carwan Gallery). Rocking-chair Mike de Local Industries. Derrière le lit, conçu par le designer Bram Kerkhofs, un rideau en lin délimite le dressing. Gianni Basso / Vega MG

En mars 2024, on le retrouvera au Rwanda « en tant que “curateur” d’“Interlude Rwanda”, un itinéraire permettant de découvrir des talents de l’art, du design et de l’architecture locale, avec des commissions spéciales dialoguant avec les lieux les plus intéressants du pays et une nature à couper le souffle », indique-t-il.

Un mois plus tard, il sera en Tunisie pour « le lancement de la nouvelle Lamia Bousnina Gallery avec le projet “Carthagisme”. Cinq collaborations entre designers internationaux et artisans tunisiens pour valoriser le renouveau culturel du pays le plus méditerranéen d’Afrique du Nord », ajoute Nicolas Bellavance-Lecompte.

Assurément, la rotation des objets dans la « maison-archives » n’est pas près de s’arrêter. « Où que je sois, je vis le moment présent et je sais apprécier ce que je vois autour de moi. » Belle démonstration d’art de vivre.


A lire aussi : En Australie, une fascinante maison passive de nouvelle génération