Écoles suisses : l’art d’être géantes

À la pointe de la création et de l’innovation, les écoles suisses attirent à elles et forment les meilleurs étudiants du monde entier.

Les écoles suisses ont accueillis les plus grands designers et architectes de cette nouvelle génération. Retour sur l’histoire de ces établissements helvètes de renom.

L’ÉCAL à Lausanne

BIG-GAME, Adrien Rovero, Ini Archibong, Julie Richoz, Rodolphe Parente… Autant de figures du design contemporain qui sont passées par les bancs de l’École cantonale d’art de Lausanne (ÉCAL) sous la houlette de professeurs et intervenants aussi prestigieux que Pierre Charpin ou Ronan et Erwan Bouroullec. Autant dire que l’institution lausannoise est à juste titre considérée comme l’une des meilleures écoles de design industriel du monde, aux côtés de la Saint Martin School londonienne, du Massachusetts Institute of Technology, de l’ENSCI, à Paris, ou de la -Design Academy, à Eindhoven (Pays-Bas). Elle est dirigée depuis 2010 par un -ancien élève de l’ÉCAL, Alexis Georgacopoulos, succédant ainsi à Pierre Keller, qui fut son directeur de 1995 à 2011 et l’artisan de sa renommée dans la formation au graphisme, à la photo et au design industriel. Cette école publique fête le 10e anniversaire de son bâtiment, sorte de vaisseau amiral du quartier de Renens, construit selon les plans de l’architecte Bernard Tschumi. En plus des cours de design dispensés par des professeurs sélectionnés parmi les meilleurs praticiens, ses 600 étudiants bénéficient d’une remarquable politique d’ouverture, qui leur permet de suivre des formations en business et de collaborer avec de grandes marques de luxe, notamment pour le master « Design for Luxury & Craftsmanship ». L’école a aussi noué un partenariat privilégié avec sa voisine, l’EPFL, autour d’un labo-ratoire commun de recherche dont le but est d’ouvrir, grâce au design, des perspectives nouvelles pour les techniques et matériaux innovants. 

> ecal.ch

Un atelier de l’ECAL à Lausanne.
Un atelier de l’ECAL à Lausanne. DR

La HEAD à Genève 

Née en 2006 de la fusion de l’École supérieure des Beaux-Arts et de la Haute École d’arts appliqués, la Haute École d’art et de design (HEAD) est dirigée par Jean-Pierre Greff (ex-directeur des Arts déco de Strasbourg) depuis 2007. Elle accueille 700 étudiants, dont 40 % d’étrangers et parmi eux, 50 % de Français… Depuis 2012, elle propose un enseignement spécialisé en design horloger dans le cadre de son département Design produit. C’est donc tout naturellement que le nouveau salon Time to Watches a choisi de tenir sa première édition (du 31 mars et 3 avril prochains) sur le campus de ladite école. Y seront exposés les derniers modèles de 50 grandes marques de montres pendant quatre jours. En moins de dix ans, la section horlogère de l’école a en effet réussi à se hisser parmi les toutes meilleures formations en horlogerie. Elle vient rejoindre les départements Arts visuels, Cinéma, Architecture intérieure et Design d’espace, Communication visuelle et Media Design, et Mode, bien sûr. Voilà un autre domaine dans lequel elle excelle, puisque Business of Fashion, le site de référence consacré à l’économie de la mode, la cite régulièrement comme l’une des meilleures écoles d’Europe. L’inauguration finale du nouveau campus, situé à l’écart du centre-ville, aura lieu en septembre 2022, dans l’ancienne usine automobile Hispano-Suiza. Résolument tournée vers l’écosystème économique, la HEAD noue des partenariats à long terme avec des maisons prestigieuses (par exemple, une boutique pour Petit H et des vitrines pour Hermès ont été réalisées). La signature de l’école, c’est aussi le cycle de conférences mensuelles « Talking Heads », qui propose des rencontres publiques avec des figures emblématiques de la création contemporaine. À venir : la designer Matali Crasset, le créateur et musicien Yuri Suzuki, la pionnière du Net Olia Lialina et les documentaristes Julia et Clara Kuperberg…

> hesge.ch

Des étudiants de la HEAD faisant un atelier peinture.
Des étudiants de la HEAD faisant un atelier peinture. HEAD

L’EPFL à Lausanne

Inspirée par l’École centrale parisienne, l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) a été fondée en 1853 pour que la Suisse puisse former « de bons ingénieurs ». Spécialisée dans les sciences (notamment les biotechnologies), l’architecture et le génie civil, elle accueille 10 000 étudiants de 125 nationalités sur son campus au bord du lac Léman. L’une des missions prioritaires de l’établissement est d’assurer le transfert technologique du monde académique à la sphère économique. Outre ses 250 laboratoires de recherche et des centaines de start-up en incubation, son Innovation Park est en lien étroit avec de grandes entreprises helvétiques comme Nestlé ou le Crédit suisse, qui bénéficient de la proximité de ce vivier. En 2010, l’EPFL a marqué les esprits avec l’inauguration de son Rolex Learning Center, un bâtiment iconique dont les planchers ondulent comme des dunes, signé de l’agence japonaise Sanaa. En matière de design, l’école est réputée pour ses recherches en robotique et autres secteurs ultra-technologiques. 

> epfl.ch

L’extérieur du campus EPFL avec sa magnifique vue sur les montagnes suisses.
L’extérieur du campus EPFL avec sa magnifique vue sur les montagnes suisses. Jamani Caillet

La BFH à Berne

Même si elle est moins souvent sous les projecteurs que ses concurrentes, la BFH (Haute École spécialisée bernoise) prodigue des cours aussi variés que le sport, l’agronomie, la technique automobile, celle du bois, l’informatique médicale ou l’écriture littéraire. Dans ce jeune établissement fondé en 1997, seuls 10 % des étudiantes et étudiants viennent de l’étranger (l’enseignement est majoritairement dispensé en allemand et en français, avec quelques cours en anglais). Disséminée sur une vingtaine de sites de la capitale, au cœur de la Suisse alémanique, la BFH prévoit d’ouvrir à partir de 2027 un nouveau campus qui regroupera notamment sous le même toit les sections Santé, Travail social et Gestion. L’école est réputée pour son département Bachelor of Arts/communication visuelle, dirigé par le brillant designer Urs Lehni. Ce diplôme vise la maîtrise du langage visuel, il aide les étudiants à mettre en œuvre des concepts artistiques et de design graphique. Dans la grande tradition helvétique – agronomie, architecture, génie civil… –, toutes les filières sont basées sur la pratique. À partir de septembre 2022, le nouveau master « Circular Innovation and Sustainability » formera des spécialistes capables d’initier et de mettre en place des projets de transformation en faveur d’une économie circulaire et d’une société durable.

> bfh.ch

La devanture du bâtiment de la BFH à Berne.
La devanture du bâtiment de la BFH à Berne. DR