7 marques de mode qui se mettent à la décoration

À l’heure des mix and match et du brouillage des frontières, sept marques affirment leur pluridisciplinarité et leur singularité. Entre la mode et la décoration intérieure, les passerelles se multiplient.

Quand l’art de vivre se conjugue sur soi et chez soi, robes et pulls, coussins et courtepointes, bougeoirs et céramiques composent un univers où l’imagination ouvre de nouveaux horizons. Focus sur 7 marques de mode qui se lancent dans la décoration.


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L’habillement comme la collection « Philoxenia » pour la maison célèbrent le style de Zeus + Dione, ancré dans la symbolique grecque antique.
L’habillement comme la collection « Philoxenia » pour la maison célèbrent le style de Zeus + Dione, ancré dans la symbolique grecque antique. DR

7. Mapoésie, une ode à la couleur

Grands aplats colorés et lignes graphiques, Mapoésie tient une place ­particulière dans l’univers de l’art de vivre. La marque française d’accessoires textiles créée par Elsa Poux il y a treize ans a ouvert sa palette à la décoration et au prêt-à-­porter. Le rapprochement entre design et mode ? Une évidence pour la fondatrice et directrice artistique.

De fait, elle ne les a jamais dissociés et les a toujours pratiqués de la même façon. « Je couds des vêtements depuis ma plus tendre enfance, et puis, à l’Ensad (École nationale supérieure des arts décoratifs, NDLR), je me suis initiée au monde de l’objet, et j’ai choisi l’option designer textile. »

Graphique et colorée, la collection été 2023 d’Elsa Poux (photo ci-contre), la fondatrice de Mapoésie, fait la part belle aux fondamentaux de la marque.
Graphique et colorée, la collection été 2023 d’Elsa Poux (photo ci-contre), la fondatrice de Mapoésie, fait la part belle aux fondamentaux de la marque. Didier Delmas

C’est son diplôme de fin d’études, intitulé « Matières vécues et à vivre du siège », qui consacrera l’alliance entre ces deux univers. Une idée qu’elle applique au sens littéral lorsqu’elle lance Mapoésie. Elle se spécialise alors dans les foulards et les écharpes avant d’élargir son offre à la décoration (tapis, coussins…) en 2014, puis aux accessoires (pochettes, foutas…) en 2017 et enfin à l’habillement en 2019.

Aujourd’hui, elle envisage d’appliquer son savoir-faire à d’autres domaines comme le mobilier en rotin, pour lequel elle revisite le motif du tressage, « qui ressemble beaucoup au tissage de textile », souligne-t-elle. Pour chaque collec­tion, Elsa Poux part de motifs de base qu’elle décline sur plusieurs supports pour lesquels elle retravaille les échelles, le placement des figures et les adapte aux contraintes propres à chaque matériau (laine, coton…), tout en avouant « ­affectionner la complexité. Ayant appris les techniques traditionnelles, j’aime les détourner ou m’attarder sur de petits points de tissage invisibles… »

Pour chaque collec­tion, Elsa Poux part de motifs de base qu’elle décline sur plusieurs supports.
Pour chaque collec­tion, Elsa Poux part de motifs de base qu’elle décline sur plusieurs supports. DR

Chaque saison, elle sacrifie au même rituel créatif : un carnet griffonné de croquis, de dessins et de découpages sur lequel vient se greffer un thème qu’elle va « traiter de manière graphique ». La collection de cet été consacre ses mots ­favoris : optique, mirage, arythmique ou supersonique…

Au total, elle a dessiné plus de 900 motifs et « derrière chacun d’entre eux se cache une histoire », révèle cette passionnée des années 70 dont les créations sont distribuées dans des boutiques de bijoux, de décoration ou de musées, comme le Louisiana, au ­Danemark, ou le MoMA, à New York… Preuve que son regard à 360° et son association subtile de formes et de couleurs font mouche ! M.G.

Mapoesie.fr


6. Soeur, « Objets » édition n° 1

Soeur, c’est depuis 2001 un vestiaire élégant et tendre, émaillé de classiques ­intemporels que l’on aime conserver longtemps tant ils semblent accompagner chaque moment de la vie. Portée par Domitille et Angélique Brion, la marque n’avait pas vocation à se lancer dans la décoration. C’était sans compter les rencontres et le désir de poursuivre autrement le goût des créations de facture artisanale.

Bougeoir Corner S, fabriqués par le forgeron du village d’Arizkun, en Espagne.
Bougeoir Corner S, fabriqués par le forgeron du village d’Arizkun, en Espagne. Melvin Israel

La première collaboration est née d’un coup de cœur pour Julia & Tom, un couple d’architectes installés au vert, au Pays basque, dans une bâtisse nommée Indaburuko Borda, « la maison au bout du chemin ». Avec les artisans de la vallée, ils ont façonné des bougeoirs en fer forgé, à poser, à ­suspendre ou, plus étonnant, à accrocher dans les coins (photos). Pour parfaire l’univers rustique-chic de cette première capsule d’art de vivre, les deux sœurs ont conçu un pull à col roulé unisexe, tricoté dans les chutes de laine mérinos des anciennes ­collections. D’autres collaborations suivront, au fil de l’eau… C.T.

Soeur.fr


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5. Zeus + Dione, le savoir-faire antique

Il y a dix ans naissait la griffe Zeus + Dione sur les ruines de la crise financière grecque, comme une réaction romantique au désastre, réaffirmant haut et fort la puissance d’une culture millénaire. Le prêt-à-porter, 100 % fabriqué en Grèce, propose d’habiller les nymphes modernes d’étoffes aériennes brodées et plissées. La marque a réveillé des savoir-faire enfouis, réanimé des ateliers dans tout le pays. La signature de Zeus + Dione est un tissage de soie au quadrillage délicat nommé Spathoto.

L’habillement comme la collection d’art de vivre « Philoxenia » pour la maison célèbrent le style de Zeus + Dione, ancré dans la symbolique grecque antique.
L’habillement comme la collection d’art de vivre « Philoxenia » pour la maison célèbrent le style de Zeus + Dione, ancré dans la symbolique grecque antique. DR

On retrouve ce motif iconique sur les pièces de la première collection d’art de vivre pour la maison lancée cette saison. Baptisée « Philoxenia » (« hospitalité »), elle comprend des sets de table et une série de céramiques où le -dessin apparaît en relief sur le haut de pichets blanchis à la chaux (photo), comme on sculpte le faîte des colonnes doriques ou corinthiennes. L’intérieur des bols, dressés sur des pieds, reçoit un émaillage du bleu de la mer Égée. Divin. C.T.

Zeusndione.com


4. Luke Edward Hall, call me by my name

On reconnaît immédiatement l’esthétique du créateur britannique, son sens des couleurs et ses références éclectiques, des châteaux médiévaux jusqu’à David Hicks en passant par la pop. Sa décoration de l’hôtel parisien Les Deux Gares est un assemblage d’époques et de styles qui détonne. À 34 ans, Luke Edward Hall expose aussi ses dessins – à la galerie The Breeder – et a déjà signé des collaborations avec Habitat, Gant, Burberry, Lanvin, les tissus Rubelli, le porcelainier Ginori 1735 et le parfumeur Diptyque.

Avec la marque Chateau Orlando, Luke Edward Hall fait se rencontrer la mode, la décoration et le design.
Avec la marque Chateau Orlando, Luke Edward Hall fait se rencontrer la mode, la décoration et le design. DR

Il publie même une chronique dans l’édition du week-end du Financial Times. Rien de surprenant, donc, à ce qu’il laisse son empreinte sur sa marque de prêt-à-porter, Chateau Orlando, complétée par des objets pour la maison. Une façon d’affirmer son individualité, sur soi autant que chez soi. Depuis trois saisons, il décline un romantisme rétro-moderne, dans une ligne non genrée où des débardeurs en tricot à motifs se portent nonchalamment sur un pantalon de pyjama fleuri. En vente en exclusivité au Bon Marché. C.T.

Lukeedwardhall.com


3. Lisa Corti, un été à Sorrente

En Italie, on reconnaît ses imprimés au premier coup d’œil. En France, ils sont synonymes de dolce vita. Il y a soixante ans, Lisa Corti créait sa marque, qui porte son nom, à Milan, habillant les femmes de cotonnades à fleurs, à rayures, à motifs de damas, dans un joyeux mix and match exotique aux couleurs plus piquantes les unes que les autres. Naturellement, aux cafetans à volants sont venus s’ajouter nappes, coussins, boutis et rideaux, dessinant le décor idéal pour un été dans la baie de Naples.

Pièces chamarrées ou imprimés éclatants de couleurs, les collections mode et maison 2023 signées Lisa Corti sont une ode au voyage… et à la baie de Naples.
Pièces chamarrées ou imprimés éclatants de couleurs, les collections mode et maison 2023 signées Lisa Corti sont une ode au voyage… et à la baie de Naples. DR

Le soleil de Sorrente inspire la collection de cet été 2023, quand le rose des pivoines s’accorde au bleu profond de la Méditerranée et au rouge gourmand des pepperoni. Où l’on rêve de ne glisser dans sa valise que quelques paréos, qui tamiseront la lumière dans la chambre ou habilleront la table autant qu’ils nous envelopperont de leur vaporeuse douceur. À travers sa collection, Lisa Corti propose un art de vivre à l’italienne. C.T.

Lisacorti.com


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2. Jessica Ogden, les couleurs de la Jamaïque

Face à la mer et aux multiples nuances de bleu du ciel et de l’eau, Jessica Ogden se laisse inspirer par les couleurs de sa Jamaïque natale, où elle vit et travaille, pour imaginer ses pièces en tissu. Des quilts (couvertures en patchwork) surtout, qu’elle crée pour ses clients, particuliers ou marques. Parmi ces dernières, APC, un label cher à son cœur, qui fut l’un des premiers à lui faire confiance. Jessica Ogden utilise les surplus de tissus de la marque française pour imaginer des éditions exclusives de courtepointes et de coussins qu’elle fera fabriquer dans un atelier en Inde.

Les pièces en patchwork de Jessica Ogden sont conçues à partir de tissus issus d’anciennes collections d’APC.
Les pièces en patchwork de Jessica Ogden sont conçues à partir de tissus issus d’anciennes collections d’APC. Alfredo Piola

Une œuvre à la fois nostalgique, qui va puiser dans l’histoire du patchwork américain, mais résolument contemporaine puisque assemblée à partir de rebuts de l’industrie textile. Des lignes et des teintes actuelles, qu’elle sait marier avec une rare justesse. Il arrive aussi que la créatrice s’aventure dans la confection de vêtements pour APC, dessinant des motifs sur des T-shirts ou réalisant des vestes matelassées, afin de prolonger sa passion pour l’aiguille, son outil signature. M.G.

Jessicaogden.com


1. La Manufacture, sous le signe de l’hospitalité

Un artisanat d’excellence, une ligne intemporelle et une qualité durable. C’est l’ADN de La Manufacture, à la fois maison d’édition et lieu physique à Paris, où mode et design dialoguent dans une esthétique épurée et sophistiquée. On y découvre des pièces de design exclusives signées des plus grands noms, de Nendo à Noé Duchaufour-Lawrance, à l’image du dernier canapé modulable Moos de Sebastian Herkner, rebondi comme les boules de mousse verte dont le designer aime admirer la douceur lors de ses randonnées dans les forêts bavaroises.

Canapé Pola, design de Sebastian Herkner.
Canapé Pola, design de Sebastian Herkner. Julie philippy

Les collections de mode sont composées de petites séries architecturées, dessinées par le studio maison dans des tissus de haute qualité : cachemire, gazar de laine ou de soie… Robert Acouri, le président de La Manufacture, définit ainsi son concept : « Bien être dans les pièces où l’on vit, bien vivre dans les pièces que l’on met. » Pour parfaire cette ligne de conduite, la boutique ajoute une corde à son arc en accueillant, jusqu’au 14 avril, l’artiste néerlandaise Corine Van Voorbergen. C.T.

Lamanufacture-paris.fr


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