Jeune talent : Julia Garret signe sa première collaboration avec Monoprix

C'est une première chez Monoprix ! L'enseigne française donne la parole, en son nom, à sa responsable du style maison à l'occasion d'une collection déclinée autour du marbre. Rencontre avec Julia Garret.

Disponible dès le 15 février dans tous les Monoprix de France et sur le site internet de l’enseigne, la collection Julia Garret pour Monoprix promet de disparaître des rayons à vitesse grand V. Pour cause : un design sensible et sensuel, hommage aux aïeux de la créatrice, qui fait la part-belle au marbre.

Portrait de Julia Garret qui signe sa première collection avec Monoprix
Portrait de Julia Garret qui signe sa première collection avec Monoprix Monoprix

Rencontre avec Julia Garret à l’occasion de sa première collection avec Monoprix

IDEAT : Julia Garret, racontez-nous votre parcours.

Julia Garret : J’ai eu la chance d’entrer directement chez Constance Guisset en 2010, fraîchement diplômée des Beaux-Arts de Bordeaux en section design. Pendant quatre ans, j’ai participé à de nombreux projets exceptionnels : concerts de Laurent Garnier, scénographies pour le musée des Arts décoratifs, mise en scène de belles boutiques, comme celle de Dior et Louis Vuitton…

Quelles sont vos inspirations ?

J. G. : La Ligne 13 de Martin Margiela m’a profondément marquée. Son univers très pur, totalement blanc… Il avait créé conjointement au prêt-à-porter un hôtel monochrome où même les tableaux étaient recouverts de tissus blancs en lin. Sa façon de réinventer les objets du quotidien, comme ce seau de peinture façonné en argent massif reconverti en seau à champagne, m’a beaucoup donné à réfléchir. Je leur ai d’ailleurs consacré le projet final de mon diplôme. A ce titre, le travail de Jasper Morrison m’a beaucoup nourri, tout comme celui de Naoto Fukasawa, qui a produit une exposition intitulée « Supernormal » qui mettait en scène les objets supernormaux du quotidien. 

Côté art, j’adore Calder et ses mobiles depuis toujours, Brâncuși pour ses sculptures et son fantastique atelier à Paris. Charlotte Perriand m’inspire aussi beaucoup, sans oublier Constance Guisset, bien sûr !

Coïncidence ou suite logique, en travaillant chez Monoprix, Julia Garret poursuit ses recherches sur les objets du quotidien.
Coïncidence ou suite logique, en travaillant chez Monoprix, Julia Garret poursuit ses recherches sur les objets du quotidien. Monoprix

Comment a débuté l’aventure Monoprix ?

J. G. : Après ma superbe expérience chez Constance Guisset, je souhaitais me confronter à un nouveau challenge. J’ai ainsi rejoint Monoprix dans son secteur maison, qui, à l’époque, n’en était qu’à ses prémices. Quelques capsules avaient été présentées mais l’enseigne cherchait à créer un bureau de style en interne, notamment sous l’impulsion de Lilian Rosas, alors directrice de l’offre textile maison-loisirs (elle est aujourd’hui directrice générale adjointe, ndlr), avec la volonté de créer une vraie transversalité des collections mode et maison. Après avoir intégré les équipes design, j’ai pris la tête de ce bureau de style. Je gère aujourd’hui sept collections en hiver, six en été, sans compter les petites collections capsules, entre dix et quatorze par an (cette année : « cats & dogs », « un jardin en ville »…), avec toujours cette volonté d’aller là où l’on ne nous attend pas. 

Quel est votre rôle en tant que responsable du style ?

J. G. : J’impulse les tendances maison pour l’enseigne. Concrètement, j’ausculte le monde à travers des recherches, des visites de foires et de salons mais aussi des voyages, afin d’éditer un book de tendances qui permet de donner une ligne directrice à nos créations. Chacun des axes identifiés est commun à la mode et à la maison, c’est notre force. Des motifs peuvent par exemple se retrouver dans les deux univers, tout en étant déclinés dans des coloris adaptés.

Nos voyages nous permettent aussi de rencontrer des artisans et de découvrir de nouveaux savoir-faire qui se traduisent en nouvelles typologies de produits. Chaque nouveau fournisseur est audité par Monoprix, qui prend très au sérieux ses engagements RSE : nous essayons de rapatrier la majorité de notre fabrication en Europe, tout en admettant que certaines spécialités ne se trouvent encore qu’en Chine, par exemple. Notre rôle est également de pousser nos usines à innover pour palier ces manques actuels : nous avons par exemple réussi à produire des tabourets en céramique au Portugal pour ma collection propre, alors que nous n’en produisions qu’en acier jusque-là.

Les serviettes éponge sont produites au Portugal.
Les serviettes éponge sont produites au Portugal. Monoprix

Parlons justement de la collection Julia Garret pour Monoprix. Comment l’enseigne vous a-t-elle confié cette nouvelle mission ?

J. G. : Il y a un an, Cécile Coquelet, directrice des créations pour Monoprix, m’a proposé de signer une collaboration à mon nom. Evidemment ravie, j’ai sauté sur l’occasion pour montrer une nouvelle facette de mon savoir-faire aux équipes. J’ai donc pris le temps de me présenter en tant que designer, mes réalisations passées, mes goûts personnels… Connaissant nos usines et nos fournisseurs, j’ai pris l’exercice à l’envers, c’est-à-dire en m’écartant de nos formats préexistants afin d’aller complètement à rebours de ce que j’imagine pour nos collections maison. J’ai ainsi pu créer de A à Z de nouveaux produits.

D’où vient d’inspiration de cette collaboration ?

J. G. : J’ai une sensibilité très particulière pour l’artisanat car je suis petite-fille d’un marbrier et l’arrière petite-fille d’un sculpteur. Le point de départ de cette collection vient d’eux : je souhaitais leur rendre hommage en travaillant le marbre et en le déclinant sur des petits objets (un coquetier) et des plus volumineux (la table basse). Ce marbre vient d’Inde, un pays qui détient de vrais savoir-faire — regardez le Taj-Mahal ! Je ne voulais pas un marbre chinois, beaucoup plus pailleté, mais je devais aussi répondre à la question des coûts, puisque la force de Monoprix est aussi de proposer le beau à prix abordable.

Votre collection suit un fil conducteur très clair…

J. G. : En effet, c’est la matière elle-même qui a dirigé mon travail. Je me suis inspirée des veines et des stries caractéristiques du marbre et du bois. Celles-ci illustrent sous forme de traits dessinés, sur les textiles par exemple, et donnent aussi du relief aux matières employées : sur la céramique des assiettes et des lampes par exemple, sur les verres aussi. Pour braquer les projecteurs sur ces détails, j’ai choisi de n’utiliser que peu de couleurs — finalement, deux, le blanc et le terre de Sienne.

Naturellement ou dessinée par des artisans, les veines habillent l’ensemble de la collection.
Naturellement ou dessinée par des artisans, les veines habillent l’ensemble de la collection. Monoprix

Une pièce favorite dans cette collection Julia Garret x Monoprix ?

J. G. : La plus grande table — au pied fait de marbre et plateau en bois — est ma favorite car elle a représenté un vrai challenge. Au démarrage, notre fournisseur ne pouvait la travailler que de façon facettée, en bloc de marbre qui étaient jointés. Ce n’était pas envisageable pour moi qui voulait qu’un même bloc soit creusé. Nous nous sommes également confrontés à un souci de poids et de dimension. Nous avons néanmoins surmonté tous ces obstacles qui nous ont permis d’aboutir à une pièce que j’adore.

> La collection Julia Garret pour Monoprix sera disponible en ligne et en magasins dès le 15 février 2023.