Les expositions à ne pas rater en octobre à Paris

En marge des grandes expositions parisiennes, des propositions alternatives permettent d'égayer ce début de nouvelle saison et d'en prendre plein les yeux ! Au programme, peinture, sculpture et photographie...

L’expo Van Gogh au musée d’Orsay ? A vos risques et périls. Pour ne pas piétiner au milieu des touristes, la rédaction d’IDEAT vous propose une sélection d’expositions alternatives à voir en ce mois d’octobre.



Se perdre dans les toiles évanescentes d’Inès Longevial

La galerie Ketabi-Bourdet a la particularité d’osciller entre expositions de pièces de mobilier fortes et indémodables et celles d’œuvres d’artistes contemporains talentueux. En témoigne la troisième exposition de la peintre Inès Longevial qui ouvre la saison automnale. Intitulée “Perchée” en écho au roman d’aventures Le baron perché (1957) d’Italo Calvino, l’exposition est composée de grands autoportraits aux couleurs laiteuses et coïncide avec la parution d’une monographie aux éditions Rizzoli.

Les variations chromatiques de cette huile sur toile intitulée Chair de Plume (2023) confèrent au fragment du corps représenté une grande douceur.
Les variations chromatiques de cette huile sur toile intitulée Chair de Plume (2023) confèrent au fragment du corps représenté une grande douceur. © Inès Longevial

En s’inspirant des teintes de l’aube pour sa palette, Inès Longevial dévoile des scènes sublimées par un travail minutieux du flou et de la transparence. Les ombres d’un feuillage ou d’une plume se superposent au corps et dessinent de délicats motifs, symboles de la communion de l’être humain avec la nature. D’autres toiles où la figure humaine est absente détaillent avec grande délicatesse des éléments de la nature comme des papillons, des oiseaux, des pommes de pin…

> Exposition « Inès Longevial, Perchée » à voir à la galerie Ketabi-Bourdet (Paris, 6e) du 12 octobre au 10 novembre 2023.

Explorer la condition humaine du Chili avec Paz Erráruiz

Dans le 7ème arrondissement de Paris, la Maison de l’Amérique Latine fait honneur à l’œuvre photographique de l’artiste chilienne Paz Errázuriz, encore trop peu montrée auparavant. Cette autodidacte, dont la carrière photographique a évolué dans le contexte dictatorial du Chili sous le gouvernement du général Pinochet, n’a jamais cessé de mettre en lumière les marginaux de son pays. L’exposition présente à ce titre autant de séries inédites comme Sepur Zarco (2016) – présentant des femmes issues d’une communauté autochtone guatémaltèque, violées et réduites en esclavage par des militaires – que d’autres plus emblématiques comme Boxeadores (1987) dans laquelle elle parvient, après avoir essuyé plusieurs refus, à photographier des boxeurs en dehors de leurs combats ou entraînements.

Issu de la série El circo (1981-1982), ce cliché saisit toute la magie qui fascine chez le monde singulier des circassiens.
Issu de la série El circo (1981-1982), ce cliché saisit toute la magie qui fascine chez le monde singulier des circassiens. © Paz Erráruiz

En envisageant l’acte photographique comme un véritable outil de résistance et d’engagement, Paz Errázuriz se fait autant l’alliée des invisibles que des opposants au pouvoir. Elle livre la plupart du temps des portraits en noir et blanc qui offrent au regard une approche sensible des sujets et révèlent l’importance pour l’artiste des liens avec les sujets photographiés. À l’occasion de cette touchante exposition, une jolie monographie vient compléter cette mise en lumière du travail de Paz Errázuriz, gravitant perpétuellement autour de la condition humaine.

> Exposition « Paz Errázuriz, Histoires inachevées » à voir à la Maison de l’Amérique Latine (Paris, 7e) jusqu’au 20 décembre 2023.



Revisiter la mythologie gréco-romaine avec Vojtěch Kovařík

Chez l’artiste tchèque Vojtěch Kovařík, les corps semblent coincés dans l’espace des toiles. Tels des colosses de la mythologie gréco-romaine, ils dépassent les limites qui leur sont imposées par les cadres. Un héritage peut-être de la formation de l’artiste, Vojtěch Kovařík dans la sculpture. Son exposition à la galerie Derouillon témoigne autant d’une fascination pour l’Antiquité que pour la période moderne. Dans ses toiles, on croit retrouver  Pablo Picasso pour les tracés, Henri Matisse ou Fernand Léger pour le traitement des couleurs.

Le peintre Vojtěch Kovařík explore ici le mythe de Pan. Dans un environnement verdoyant, le personnage récolte des roseaux pour pouvoir fabriquer sa célèbre flûte.
Le peintre Vojtěch Kovařík explore ici le mythe de Pan. Dans un environnement verdoyant, le personnage récolte des roseaux pour pouvoir fabriquer sa célèbre flûte. © Vojtěch Kovařík / Courtesy of Galerie Derouillon

Pour cette exposition, Vojtěch Kovařík s’empare du mythe de Perséphone pour proposer une sculpture monumentale associée à une toile panoramique, placée elle en arrière-plan. Tout autour de l’immense figure de déesse, des monticules de sable évoquent le sol des Enfers duquel elle surgit. L’artiste joue ici sur deux tableaux, celui de l’apparition et de la disparition, et rend ici hommage à la sombre histoire de ce personnage. Parallèlement, une autre sculpture, conçue spécialement dans le cadre de Paris + par Art Basel sera visible au jardin des Tuileries, du 17 au 22 octobre.

> Exposition « Vojtěch Kovařík » à voir la galerie Derouillon (Paris, 2e) à voir du 17 octobre au 27 novembre 2023.

Découvrir les clichés colorisés d’Éloïse Labarbe-Lafon

À l’occasion du lancement de son premier livre de photographies, Eloïse Labarbe-Lafon expose une partie de ses œuvres à l’EST Galerie. Une exposition fulgurante à voir en seulement quatre jours, du 20 au 24 octobre. De ses images, capturées en noir et blanc, émane une forme de nostalgie due à la colorisation manuelle qu’elle applique tantôt à la main, tantôt au pinceau.

Une pâle figure, quasi-fantomatique, prend ici la pose dans un décor naturel qui évoque tout autant les astres que les végétaux.
Une pâle figure, quasi-fantomatique, prend ici la pose dans un décor naturel qui évoque tout autant les astres que les végétaux. © Eloïse Labarbe-Lafon

Reflets d’instants capturés au gré de ses pérégrinations, chacune de ses œuvres est teintée d’une certaine mélancolie d’un passé idéalisé. Des touches de roses, de bleus, de jaunes ou encore de vert viennent rehausser le noir et blanc des clichés et confèrent à l’ensemble un aspect aussi diaphane qu’onirique. Sobrement intitulé Album, le livre de l’artiste dévoile un monde sensible empreint de poésie dans lequel les jeux opérés avec le flou et la lumière, couplés à la colorisation, offrent des paysages et des portraits sublimés.

> Exposition « Eloïse Labarbe-Lafon, Album » à voir à l’EST Galerie (Paris, 11e) du 20 au 24 octobre 2023.