Lake Como Design festival : les expos et déambulations à ne pas manquer

A quarante-cinq minutes de Milan, capitale mondiale incontestée du design, se tient jusqu’au 24 septembre, sur les rives du lac de Côme, un festival de design qui ne ressemble à nul autre. Décryptage des points forts.

Quand la ville de Côme, étape désormais incontournable du tourisme international, se met à l’heure du design, il en résulte le Lake Como Design – une manifestation qui donne à réfléchir sur la pratique créative tout autant que sur l’histoire de la ville.  Car loin de se laisser aller à des facilités ostentatoires voire populistes – aujourd’hui, tout est un peu design ! – que pourrait occasionner l’immense flot touristique quotidien, le festival organisé à Côme tente avant tout de dévoiler la richesse historique des initiatives créatives déployées ici depuis des décennies, voire plus encore. Ainsi, pour sa cinquième édition, le Lake Como Design Festival a décidé de s’associer aux célébrations du bimillénaire de Pline l’Ancien (23-79 ap. JC).

Ce scientifique naturaliste, a priori natif de Côme, est l’auteur d’une encyclopédie d’histoires naturelles en 37 volumes dont on continue aujourd’hui encore d’apprécier la pertinence sur des sujets aussi variés que la géographie, l’anthropologie, la botanique, la minéralogie notamment appliquée à la vie et à l’art… C’est ainsi que sous la bannière « Naturalis Historia » – le titre de l’encyclopédie – le festival propose une déambulation à travers la ville en cinq étapes.

Lake Como Design : un festival à 360 degrés

En plein centre, au palazzo del Broletto qui jouxte le Duomo, un accrochage, « The Other Animals », explore la dimension zoologique des recherches de Pline à travers trois axes – la terre, l’eau et les oiseaux – qui convoquent pièces de design (Ettore Sottsass, Enzo Mari, Formafantasma…) et d’œuvres d’art (Martin Parr, Raku Inoue…) livrant une lecture parfois inattendue de ces éléments. A quelques rues de là, l’ex-couvent Orsoline san Carlo accueille un accrochage photographique (« Between Art and Nature ») de la collection de Carla Sozzani, femme de presse mais aussi prescriptrice de tendance à travers le premier concept store au monde, 10 Corso Como, qu’elle a fondé à Milan en 1990, tel un magazine vivant. A travers ses coups de cœur (Karl Blossfeldt, Sarah Moon, Annelies Štrba…), l’exposition livre une lecture, là encore des plus singulières, de notre environnement.


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En lien direct avec l’histoire du textile qui s’est déployée à Côme, notamment le travail de la soie, l’église San Pietro in Atrio présente une série de travaux relatant l’extraordinaire champs d’application de ces matériaux souples (« Stories of Fabrics »). On y découvre à la fois des objets ornementaux (Mariantonia Urriu, Elena Meneghini) mais aussi des solutions technologiques d’avant-garde (Arazzi Contemporanei par i-Mesh 3D).

Le rendez-vous des artistes et des designers

Le parcours propose ensuite de s’extraire du centre historique pour rejoindre deux villas des bords du lac. L’occasion, durant la balade, d’observer bien sûr le lac, mais aussi le surprenant monument aux morts (Monumento ai Caduti), érigé directement sur la rive ou bien encore l’immeuble de logements Novo Commun. Tous deux ont été conçus par l’architecte Giuseppe Terragni, originaire de Côme et fondateur dans les années 30 du mouvement de l’Architecture rationaliste dont la ville recèle quelques joyaux à découvrir dans un tour organisé par le festival (et dans Ideat HS Architecture #27 en kiosque le 10 novembre).

Pour la première fois, la villa Olmo accueille le festival avec une série de propositions (« Back to Nature ») réunissant designers, artistes, galeries et éditeurs de design en provenance de divers horizons. On retient notamment, dans ce cadre haut en couleur, l’accrochage du collectif Movimento, désormais habitué du festival, ou bien encore celui réalisé par le designer Tommaso Spinzi pour la coopérative Di Mano in Mano (reportage dans HS Archi #27) à partir d’objets et pièces de mobilier « dénichés » au hasard de leur intervention dans des habitations à vider.

Un parcours off dans la ville historique

Enfin, à deux pas, la villa Salazar abrite une sélection de pièces signées Matali Crasset, FFM, Cengiz Hartmann… opérée par la curatrice Giovanna Massoni en partenariat avec la plateforme commerciale Catawiki. Chaque pièce est proposée à la vente en ligne dont les surenchères prendront un terme à la fin du festival.

Pour qui voudrait poursuivre la déambulation à travers la ville, Wonderlake, l’association montée par Lorenzo Butti à l’origine du Lake Como Design Festival, a convaincu plusieurs commerces et galeries de constituer un parcours off dans les murs de la ville historique qui démontre sa capacité à se mettre en phase avec son temps.

Lake Como Design Festival, Naturalis Historia,
Jusqu’au 24 septembre,
Côme, Italie,

Lakecomodesignfestival.com