Les 10 plus beaux cinémas au monde

Depuis bientôt cent trente ans, et malgré un fonctionnement qui a peu changé, les cinémas n’en finissent pas d’être des objets de réflexion pour les maîtres d’œuvre. De la salle intimiste de quartier au multiplexe implanté en périphérie, cet objet architectural se pare d’une grande diversité d’enveloppes qui lui permettent de s’imposer comme un repère dans la cité.

Si la première projection publique payante d’un film, orchestrée par les frères Lumière le 28 décembre 1895, se déroule dans le salon d’un café parisien, très vite le cinéma va trouver des lieux réservés à sa diffusion.



Bien que l’intérêt de la chose se trouve réellement à l’intérieur, des éléments architectoniques spécifiques vont vite distinguer ces adresses dans le tissu urbain: une haute façade à fronton, des marquises surplombant l’entrée et servant de panneaux d’affichage pour annoncer la programmation ou des halls d’accueil largement éclairés pour attirer l’attention.

C’est avec l’arrivée du cinéma parlant, à la fin des années 20, que ces théâtres de la modernité artistique deviennent les grands « temples » du cinéma. Le Grand Rex (1932), à Paris, récemment rénové, en est un témoignage éloquent.

À la fin du XXe siècle, les salles de ville cèdent la place aux multiplexes implantés en périphérie à la manière des centres commerciaux. Aujourd’hui, les cinéphiles prônent un retour aux salles à taille humaine, mais avec une qualité visuelle et sonore digne des grands complexes.

Terrain de jeu pour les architectes

Les cinémas se reconnectent avec les centres urbains et deviennent des lieux de vie à part entière, avec des espaces pour se donner rendez-vous… Nouveaux terrains de jeu pour les architectes, qui peuvent se lâcher sur l’enveloppe des bâtiments, nombre de projets sont actuellement développés dans le cadre d’une revalorisation de sites devenus obsolètes: casernes, abattoirs, hôpitaux et même édifices religieux.

Le cinéma n’en a donc pas fini de donner du travail aux maîtres d’œuvre, car, comme tout équipement spécialisé, il doit s’adapter aux évolutions technologiques.

Le développement des écrans géants à LED devrait bientôt annoncer la fin du fameux faisceau lumineux qui traverse la salle sur toute sa profondeur. Alors, à quand une architecture de salle qui propose une immersion complète dans l’image ?


10. Le Grand-Central par Encore Heureux à Colomiers

Le Grand-Central par Encore Heureux
Le Grand-Central par Encore Heureux David Aubert

Pour remplacer la salle historique de Colomiers, dans la banlieue de Toulouse, l’agence Encore Heureux a misé sur une approche raisonnée à travers la technique constructive du pisé. La terre crue employée pour les façades du Grand-Central provient ainsi d’un gisement situé à proximité de l’édifice.

Le caractère local et artisanal de la mise en œuvre renforce la dimension humaine des espaces d’accueil, tandis que les coloris choisis pour les aménagements intérieurs (cinq salles) sont tirés de photogrammes de films.


9. Les 7 Batignolles par Ana Moussinet à Paris

Le cinéma Les 7 Batignolles par Ana Moussinet
Le cinéma Les 7 Batignolles par Ana Moussinet Les 7 Batignolles

Pour imaginer les aménagements de ce multiplexe, l’architecte Ana Moussinet s’est inspirée de son expérience dans l’hôtellerie haut de gamme. Ainsi, l’espace d’accueil (400 m2 ) ressemble à s’y méprendre à celui d’un 5-étoiles avec son café et son espace lounge.

De même, le choix des matériaux est plutôt inhabituel pour un cinéma : parois immaculées, terrazzo au sol, traitement poli miroir aux plafonds ou encore textiles colorés dans les salles de projection. Enfin, l’architecte a porté un soin particulier aux apports lumineux, utilisant ce procédé pour la signalétique.


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8. Cineteca Matadero par Churtichaga + Quadra-Salcedo à Madrid

Cineteca Matadero par Churtichaga + Quadra -Salcedo
Cineteca Matadero par Churtichaga + Quadra -Salcedo Jaime Navarro

Inauguré en 2011, cet ensemble comprenant deux salles de cinéma, un studio, des archives et une terrasse pour les projections en plein air a été aménagé dans les murs d’un ancien abattoir du début du XXe  siècle.

À l’intérieur, l’édifice de brique a été entièrement habillé de planches de pin teintées en gris. Dans ce nouvel écrin, des paniers géants composés de tuyaux d’irrigation industriels tressés sur des tubes en acier servent d’objets de lumière venant scander les parties communes.


7. Cineum par Rudy Ricciotti à Cannes

Cinéma Cineum à Cannes
Cinéma Cineum à Cannes Lisa Riccioti

Composée d’une myriade de panneaux triangulaires en béton fibré, l’enveloppe du Cineum a tout de l’objet architectural non identifié. Autant dire que cette « forme » imaginée par l’architecte Rudy Ricciotti tranche dans le paysage urbain de Cannes.

Elle comprend pas moins de 12 salles, pour une capacité de 2450 places, mais aussi des lieux de restauration, une galerie d’exposition, un pôle de réalité virtuelle… Il fallait bien à la ville un cinéma à la mesure de son festival !


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6. Le Grand Palais par Antonio Virga à Cahors

Grand Palais par Antonio Virga
Grand Palais par Antonio Virga Luc Boegly

Ce cinéma a été avant tout pensé comme un lieu de vie aux multiples usages, en dialogue avec la ville de Cahors et son histoire. Il est en effet l’occasion de revaloriser l’ancienne caserne de la place Bessières.

L’édifice se compose de deux volumes bien distincts par les matériaux employés : un bâtiment en briques claires, ajouré par endroits à la manière d’un moucharabieh et qui fait écho à la tradition constructive du Lot, et un second en métal ambré qui vient clairement propulser le projet dans la modernité.


5. Le Cristal par Linéaire A à Aurillac

Le Cristal par Linéaire A
Le Cristal par Linéaire A Hervé Abbadie

Ce complexe de sept salles vient s’inscrire sur la place formée par trois bâtiments historiques de l’ancienne caserne d’Aurillac, le chef-lieu du Cantal. Évoquant la forme d’un corps minéral, l’architecture conçue par l’agence Linéaire A est à la fois une proposition de dialogue avec la rigueur des édifices militaires et une interprétation du principe de mouvement inhérent au cinéma. Traitée de manière similaire au revêtement de la place, l’enveloppe du bâtiment semble ainsi s’en extirper.


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4. Eye Filmmuseum par Delugan Meissl Associated Architects à Amsterdam

Eye Filmmuseum par Delugan Meissl Associated Architects
Eye Filmmuseum par Delugan Meissl Associated Architects Ralph Richter

Inauguré en 2012 à Amsterdam, Eye est le musée national du film des Pays-Bas, riche d’une collection d’environ 54000  productions. L’agence viennoise Delugan Meissl Associated Architects en a imaginé l’architecture selon une analogie avec la lumière nécessaire au médium filmique.

Soumis aux mouvements de l’éclairage naturel, l’enchevêtrement de formes géométriques du bâtiment donne l’illusion qu’il change continuellement d’apparence.


3. UFA Cinema Center par Coop Himmelb(l)au à Dresde

UFA Cinema Center par Coop Himmelb(l)au
UFA Cinema Center par Coop Himmelb(l)au Duccio Malagamba

Ce complexe construit dans la capitale de la Saxe, en Allemagne, composé de huit salles, se caractérise par la mise en connexion de deux volumes a priori hétérogènes : un monobloc en béton sans ouverture qui comprend les espaces de projection et un «  cristal » en verre et en métal abritant le foyer.

La transparence de ce lieu d’accueil et de circulation du public traduit parfaitement la volonté de l’agence autrichienne Coop Himmelb(l)au d’ouvrir sur l’espace public un bâtiment dont la fonction est par nature close.


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2. Arcadia par Tracks à Riom

Cinéma Arcadia par Tracks
Cinéma Arcadia par Tracks Guillaume Amat

Dans le centre historique de Riom (Puy-de-Dôme), l’agence Tracks a réalisé ce petit multiplexe – trois salles de projection et une salle de conférence déployées sur un peu moins de 2000 m2  – à l’emplacement d’un ancien couvent.

La typologie de la façade, composée d’une multitude d’arches de tailles irrégulières, parle d’elle-même quant à l’évocation de l’édifice religieux tout en parvenant à moderniser l’utilisation de cette figure architectonique.


1. Ciné 32 par Encore Heureux à Auch

Ciné 32 par Encore Heureux
Ciné 32 par Encore Heureux Sebastien Normand

Pour échapper au monumentalisme des multiplexes, voire au caractère monobloc souvent de rigueur dans ces modèles de salles obscures, l’agence Encore Heureux a imaginé l’enveloppe architecturale du Ciné 32, à Auch (Gers), telle une multitude de volumes accolés.

Comme un écho à l’histoire de ce type de construction, chacune des cinq salles dispose de sa propre façade à fronton, recouverte d’un bardage en bois disposé en chevrons et sur laquelle un immense numéro est peint. Un surprenant mélange des genres qui n’est pas sans évoquer l’éclectisme d’un décor de cinéma.