« Aerodream » retrace l’histoire insolite du design et de l’architecture gonflables

Utopie et nouveaux matériaux ont fait des gonflables en plastique les parangons de la contre-culture des années 60. Le Centre Pompidou–Metz consacre son exposition estivale « Aerodream » aux architectes et artistes qui ont livré leur version de ces structures… gonflées.

Alors que nous avons tous envie de prendre l’air, « Aerodream » nous projette dans une époque libertaire où le plastique faisait rêver artistes, designers et architectes, qui voyaient là une alternative au rationalisme d’après-guerre, une promesse d’émancipation.

« Beaucoup d’architectes des années 60 se sont inspirés de l’art. C’est pourquoi nous avons choisi la période qui court de 1963 à 1972, où toutes les disciplines s’entremêlent autour de ces plastiques gonflables. Le gonflable est alors lié aux mouvements socio-politiques de l’époque, comme une forme d’allégorie », explique Frédéric Migayrou, co-commissaire.

Aerodream célèbre les années Pop

C’est cette profusion que l’exposition donne à voir. Guitare gonflée, maquettes de structures, photomontages et dessins d’occupations de toits par des cellules gonflables, ou encore le fameux cochon volant de 12 mètres de long, rempli d’hélium, de la pochette de l’album « Animals » du groupe Pink Floyd.

« Le gonflable travaille aussi à un nouveau mode de vie, on le voit bien dans la production de Quasar Khanh (inventeur du mobilier gonflable et le premier à avoir eu l’idée de pièces en mousse, NDLR) exposée ici », explique Frédéric Migayrou. Si le gonflable est hors-sol, c’est paradoxalement la dimension humaine qui marque « Aerodream », comme à travers les interactions entre des danseurs et les ballons argentés d’Andy Warhol pour « RainForest », le ballet de Merce Cunningham, ou encore des performances publiques, à l’image de la photo des protagonistes de l’agence d’architectes Coop Himmelb(l)au, qui traversent Vienne dans une large bulle transparente…

Un instrument artistique

Il est aussi l’instrument d’une intervention éphémère poussée par des artistes comme Yves Klein, Otto Piene, Piero Manzoni et son ballon rouge, mais surtout par le Gruppo T et ses immenses installations, dont sept gigantesques tubes de plastique gonflable accueillent le visiteur, le plongeant immédiatement dans l’ambiance utopique révélée par cet accrochage.

> « Aerodream. Architecture, design et structures gonflables ». Au Centre Pompidou-Metz, à Metz (57), jusqu’au 23 août.
> Une exposition à retrouver à la Cité de l’architecture et du patrimoine, à Paris, du 6 octobre 2021 au 14 février 2022.

Fauteuil Croissant de Bernard Quentin (1967).
Fauteuil Croissant de Bernard Quentin (1967). DR

 

Le fauteuil gonflable « Blow », créé en 1967 par le trio De Pas, D’Urbino & Lomazzi, emblème de la culture pop des années 1960.
Le fauteuil gonflable « Blow », créé en 1967 par le trio De Pas, D’Urbino & Lomazzi, emblème de la culture pop des années 1960. DR
Bubble, projet de Diller Scofidio + Renfro pour le Hirshhorn Museum and Sculpture Garden, à Washington. L’utopiste Cedric Price ou le futuriste Buckminster Fuller sont aussi à l’honneur d’« Aerodream ».
Bubble, projet de Diller Scofidio + Renfro pour le Hirshhorn Museum and Sculpture Garden, à Washington. L’utopiste Cedric Price ou le futuriste Buckminster Fuller sont aussi à l’honneur d’« Aerodream ». DR
Le « Mushballoon » à L’Exposition Universelle d’Osaka (Japon) en 1970.
Le « Mushballoon » à L’Exposition Universelle d’Osaka (Japon) en 1970. DR