Au MoMA, une quarantaine de designers d’aujourd’hui réunis autour des matériaux vertueux

La conservatrice du département d’architecture et de design du MoMA Paola Antonelli réunit dans le musée new-yorkais une quarantaine de designers contemporains pour une exposition chorale consacrée aux matériaux vertueux. Un inventaire aux dimensions visionnaires et optimistes.

Sur la 53e Rue, entre la 5e et la 6e avenue, au coeur de Manhattan, une vidéo conceptuelle et un claustra organique baptisé Biowall (2006) – un tissage de petits anneaux en fibre de verre sur lesquels des plantes peuvent pousser – ont pris place dans la galerie sur rue du MoMA. Cette vitrine est une mise en bouche de l’exposition « Life Cycles. The Materials of Contemporary Design » organisée par l’institution new-yorkaise.


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Le plein de ressources

« La construction du claustra se fonde sur l’autosimilarité, un objet autosimilaire étant celui qui conserve sa forme quelle que soit l’échelle à laquelle on l’observe », explique son autrice, Rachel Wingfield. Elle fait partie des quarante designers sélectionnés par Paola Antonelli pour montrer le pouvoir d’un design conceptuel de plus en plus engagé dans un rapport collaboratif avec les végétaux.

Le designer Fernando Laposse a développé le projet « Totomoxtle » au Mexique en partenariat avec la communauté agricole Tonahuixtla. À la fin du cycle de vie du maïs, les femmes du village aplatissent les feuilles, les laminent sur du papier, puis les découpent. Ces bractées sont ensuite travaillées comme s’il s’agissait d’un placage de bois.
Le designer Fernando Laposse a développé le projet « Totomoxtle » au Mexique en partenariat avec la communauté agricole Tonahuixtla. À la fin du cycle de vie du maïs, les femmes du village aplatissent les feuilles, les laminent sur du papier, puis les découpent. Ces bractées sont ensuite travaillées comme s’il s’agissait d’un placage de bois. Fernando Laposse

Cette exploration met en oeuvre des processus d’upcycling, d’utilisation de déchets comme matériaux, de cocréation avec d’autres espèces (à l’image des vers à soie pour tisser une lampe) ou de recours à des ressources naturelles peu gourmandes en énergie.

Pointure du design

La curatrice, à l’origine, il y a quatre ans, de l’accrochage « Broken Nature », une enquête minutieuse sur les liens unissant l’humain et l’environnement, poursuit son travail de défrichage en faisant dialoguer la Cabbage Chair – fruit d’une association entre Issey Miyake et le Studio Nendo –, les vases en terre imprimés en 3D d’Olivier Van Herpt, des verres de Neri Oxman ou la marqueterie de feuilles de maïs de Fernando Laposse.

La Cabbage Chair, imaginée en 2008 par le Studio Nendo et Issey Miyake, est composée d’un rouleau de feuilles de papier plissé enduites de résine et ne comporte ni coutures, ni vis, ni clous.
La Cabbage Chair, imaginée en 2008 par le Studio Nendo et Issey Miyake, est composée d’un rouleau de feuilles de papier plissé enduites de résine et ne comporte ni coutures, ni vis, ni clous. Nendo

Sans oublier la Low Chair (2017), une table basse en composants de téléphones portables signée Formafantasma, les contenants en algue développés par l’Atelier Luma, basé à Arles, etc. Autant d’objets piochés dans les collections du MoMA qui illustrent la capacité du design à trouver des solutions.

« Ces créateurs s’appuient tous sur l’ingéniosité et la sensibilité afin de définir une nouvelle position pour l’Homme, passant de tyran à égal avec la nature, ou au moins son allié », résume Paola Antonelli, par ailleurs directrice du département recherche et développement du musée, convaincue du rôle des designers dans la construction du monde de demain.

> « Life Cycles. The Materials of Contemporary Design ». Au MoMA, à New York, jusqu’au 7 juillet. Moma.org


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