Transformation urbaine en vue à 3 mois des Jeux Olympiques de Paris 2024

Les JO de Paris 2024 sont l'occasion idéale pour redonner un coup de frais à notre chère capitale. Découverte.

À trois mois de Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, l’espace public de la capitale, des Champs-Élysées à la Villette en passant par le Village des athlètes, se refait une beauté, repensé par des designers novateurs selon des critères inclusifs et écologiques.


À lire aussi : Les stades olympiques, grand fantasme d’architecture


Les Champs-Élysées de retour sur les rails du design de Paris 2024

Pour la dernière rénovation des Champs-Élysées, Jean-Michel Wilmotte, Norman Foster et Bernard Huet s’étaient attelés à remplacer les contre-allées par de larges trottoirs. C’était il y a plus de trente ans et la plus belle avenue du monde semble depuis avoir perdu de sa superbe. À l’aune des Jeux Olympiques de Paris 2024, l’artère entend retrouver attractivité et majesté sous la houlette de l’architecte Philippe Chiambaretta, qui propose un plan d’aménagement en plusieurs étapes pour les trente années à venir. La réfection des emblématiques terrasses, soit 19 emplacements de 31 à 136 mètres carrés, est quant à elle confiée à Ramy Fischler, designer belge et fondateur de RF Studio. « Ce sont des microarchitectures qui occupent une grande partie des trottoirs, explique-t-il. Elles méritent d’avoir une réflexion propre sur leur identité esthétique afin de donner une image nouvelle à l’avenue. »

Les futures terrasses des Champs-Élysées imaginées par RF Studio.
Les futures terrasses des Champs-Élysées imaginées par RF Studio.

Presque toutes installées déjà, elles se situent au niveau de la première rangée d’arbres et accordent ainsi plus d’espace à la promenade, dans un alignement qui met en valeur la perspective de l’axe royal de la Concorde à l’Étoile. « L’artère témoigne de la grande histoire du mobilier urbain de la capitale. Nous avons souhaité consolider cette identité parisienne tout en relevant les défis fonctionnels et écologiques inhérents aux enjeux de notre époque », poursuit le designer. Conçues comme des ilots de fraicheur, les terrasses offrent une protection efficace face aux aléas météo avec des parois de verre d’1,30 mètre « Ces objets seront plus ouverts et accessibles, c’était une exigence de la ville de Paris, qui tenait à apporter plus de transparence par rapport aux terrasses précédentes », commente Ramy Fischler.

Les nouvelles structures, jusqu’ici dépendantes d’un système électrique aérien artisanal et assez disgracieux qui les reliait aux immeubles, disposent désormais d’une autonomie énergétique. Elles seront en outre démontables partiellement ou totalement en fonction des demandes préfectorales. Elles se composent d’un toit fait d’un store motorisé vert réséda, entouré d’une toile extérieure gris argile. Le dessin contemporain rappelle les vacheries anglaises, ces préaux métalliques imaginés au XIXe siècle qui bordent le bas de l’avenue. « Ces très jolis auvents de métal ont formé notre point de départ esthétique. Ils sont associés à de la toile tendue », développe-t-il. Une collection d’assises complète le tout, RF Studio ayant dessiné deux gammes traditionnelles, l’une en rotin, l’autre en métal : « Nous avons apporté un petit geste au niveau du dossier, qui se retourne, car l’objet se regarde aussi par l’arrière », s’enthousiasme-t-il. C’est la nouvelle gamme Champs-Élysées.

L’environnement à l’honneur des Jeux Olympiques

Dans les entrailles de la Dame de Fer, Madame Brasserie propose une expérience spatiale et culinaire perchée à 57 mètres de hauteur. L’établissement, d’une capacité de 282 places, a été conçu par le même Ramy Fischler, en duo avec Nicola Delon, architecte et co-fondateur de l’agence Encore Heureux. « Concevoir une brasserie dans la Tour Eiffel n’a rien de commun ni de comparable avec un autre projet. En plus d’une quantité de contraintes propre à l’édifice, il faut chercher la juste mise en forme qui projette ce lieu dans les enjeux de son époque et dans une vision commune de la beauté », déclare le designer belge. Après trois années de travaux marqués par des contraintes d’espace, de poids et un chantier en site occupé, la brasserie a ouvert ses portes au public en juin 2022.

Madame Brasserie, une expérience culinaire dans les entrailles de la Dame de Fer.
Madame Brasserie, une expérience culinaire dans les entrailles de la Dame de Fer.

Le nouvel aménagement vise à favoriser la transparence pour faire sentir davantage la présence de la tour, et dégager de nouvelles perspectives sur la capitale. Ramy Fischler a conçu les assises, développées avec le fabricant Cassina Custom Interiors et les luminaires avec le fabricant Lucien Gau. C’est en réalité une recherche de légèreté et sobriété qui est menée dans les choix décoratifs et architecturaux. Le projet présente deux gestes symboliques forts face à l’urgence écologique et climatique. La terre crue intégrée de façon inattendue comme élément architectural majeur marque l’entrée du restaurant en habillant l’élément central de son atrium, qui est positionné en correspondance de la verrière zénithale. Une œuvre d’art faite de tasseaux de bois recouverts de textile réalisée par la designer Heidi Winge Strøm et l’artisan Ronan Lecreurer reprend une illustration graphique du réchauffement climatique.

La Villette retrouve ses lettres de noblesse pour Paris 2024

Cet été pour les Jeux Olympiques et Paralympiques, la Villette sera le site officiel de célébrations des athlètes français en accueillant le Club France. Le parc écrit une nouvelle page de son histoire en achevant son intégration dans le tissu urbain du 19e arrondissement : les préfabriqués de bureaux construits à la fin des années 80, en état de dégradation avancée, que comptait jusqu’à présent la Cité Jardin, ont été remplacés par un nouveau bâtiment d’exploitation qui accueille les salariés de l’Établissement Public du Parc et de la Grande Halle de la Villette. Conçu par Atelier du Pont, il offre à ses équipes un outil de travail plus performant, où la nature se mêle à l’architecture : 155 postes de travail y sont réunis sur une surface de plancher cible de 3000 mètres carrés.

Le nouveau bâtiment conçu par Atelier du Pont pour accueillir les salariés de l’Établissement Public du Parc et de la Grande Halle de la Villette.
Le nouveau bâtiment conçu par Atelier du Pont pour accueillir les salariés de l’Établissement Public du Parc et de la Grande Halle de la Villette.

Ce projet éco-responsable libère pour l’occasion une grande parcelle de 5 000 mètres carrés d’espace ver. Baigné dans une un jeu de lumière naturelle, il propose deux structures imbriquées, l’une en béton et l’autre en bois permettant de franchir des portées de 12 mètres et de libérer les espaces intérieurs. Ce bâtiment, qui s’aménage au gré des projets qu’il accueille, s’organise sur deux niveaux autour d’un atrium central où un escalier-gradin permet d’organiser des présentations de projets, des conférences ou bien de se retrouver de manière informelle. Des micros-architectures réalisées sur-mesure font office de bulles de réunion.

Du mobilier urbain athlétique pour les Jeux Olympiques

En Seine-Saint-Denis, dans le Village des athlètes fraîchement inauguré, ouvrages et espaces publics ont été placés sous le signe de l’accessibilité universelle, avec un usage rendu possible à tous les usagers, spectateurs comme champions. Ce mobilier urbain inclusif, la Société de livraison des ouvrages olympiques l’a voulu soigné dans son dessin afin de permettre aux personnes en situation de handicap de partager des moments de convivialité avec les autres usagers.

Le mobilier urbain inclusif imaginé pour le Village des athlètes.
Le mobilier urbain inclusif imaginé pour le Village des athlètes.

Au total, 500 pièces vont équiper le site, soit 250 installées avant les Jeux Olympiques de Paris 2024 et le reste disposé après les Olympiades, sur demande de la préfecture de Police qui a tenu à alléger l’espace public. Le mobilier est conçu par la PME alsacienne Sineu Graff, lauréate du lot « Mobilier courant et espaces publics » du Village des athlètes pour un montant de deux millions d’euros. Composées d’acier galvanisé et de mélèze non traité, ces bancs, chaises, appuis-vélos et banquettes se voient donc affublés d’une ligne sportive par plusieurs designers : Tactile Studio, Agence Wald et Alexandre Moronnoz. On trouvera par exemple des banquettes « anneaux », « agrès une barre » ou « agrès barres parallèles » dont l’assise se situe à 47 centimètres du sol, soit un peu plus haut que la norme, mais feront office de matériel d’exercice sportif.


À lire aussi : Comment construire sa maison pour 2050 ?