Il y a bien des années, de même qu’on était certain que les automobiles voleraient un jour, on pensait que la cuisine du futur serait un lieu automatisé et que la « ménagère », libre de ses faits et gestes, se dégagerait des contraintes. Oui, l’essor de l’électroménager a permis un gain de temps, mais n’a peut-être pas libéré la femme comme le scandait Moulinex dans ses publicités des années 60. Reprenons l’exercice pour nous pencher sur ce que nous réserve la cuisine dans les prochaines années. Pour cela, rien de tel qu’un tour à Eurocucina, qui se tenait à Milan en avril dernier.
Ce salon dédié à la cuisine a lieu un an sur deux. Il se présente comme un véritable laboratoire de prospective, un creuset d’idées. Le maître-mot de cette édition semblait être « décomplexé ». Une réponse, peut-être, à la crise et à la morosité qui l’accompagne, ou parce qu’il faut redonner à ce secteur plus que mature un coup de boost, la cuisine semble cette année avoir oublié la rigueur pour s’offrir à nous sous un tout nouveau jour. Le plus visible dans ce changement de ton est l’usage des matériaux. Bien sûr, le jeu avec les textures, les finitions et les matières n’est pas nouveau.
Ce qui l’est davantage, c’est la façon de procéder et l’éclatement des frontières habituelles, comme le prouve le travail de Vincent Van Duysen, le tout nouveau directeur artistique de Dada, qui s’amuse à mixer les matériaux entre eux, ou celui de Karim Rashid qui, à l’inverse, habille sa cuisine Floo intégralement en Corian. Ou bien, dans un autre registre, la marque japonaise Sanwa Company qui, pour ses premiers pas à Eurocucina, étonne avec ses modèles revêtus de cuir, en intérieur comme en extérieur, avec couture façon sellier. Toncelli, qui avait également présenté il y a quelques années un modèle en cuir, s’est tourné cette année, avec Essence, vers le bois fossilisé, du hêtre en l’occurrence, vieux de plusieurs centaines d’années, pour un résultat très haut de gamme.