Fille d’un artiste américain et d’une intellectuelle italienne, Ippolita Rostagno a passé une enfance baignée dans l’art et l’architecture à Florence. À 18 ans, elle part s’installer aux États-Unis, où elle lance sa société de joaillerie à laquelle elle donne son prénom. Directrice artistique de son entreprise, elle parcourt le monde et notamment son pays natal.
À lire aussi : L’appartement éclectique de Giorgia Cerulli et de Giacomo Guidi
L’Italie en résidence
En 2015, elle fonde à Milan, avec l’entrepreneur Marco Credendino, le premier site de commerce en ligne consacré à l’artisanat transalpin haut de gamme. Artemest offre aujourd’hui un vaste assortiment de plus de 60 000 produits fabriqués à la main par 1 500 des meilleurs artisans et designers italiens.
Ce savoir-faire imprègne la maison de ville d’Ippolita Rostagno, située à Park Slope, quartier résidentiel de Brooklyn, où celle-ci vit depuis une vingtaine d’années. Au début des années 2000, la créatrice de bijoux achète le duplex inférieur de cette bâtisse du XIXe siècle construite sur quatre niveaux.
À l’époque, elle fait appel à Alicia Balocco, une architecte new-yorkaise, qui aménage au premier étage un salon, une cuisine et une salle à manger et, au rez-de jardin, deux chambres, pour elle et sa fille Maya, maintenant adulte. Quelques années plus tard, Ippolita acquiert les deux étages supérieurs et décide de réaliser la maison de ses rêves.
De gros travaux sont à prévoir dans ces espaces « en très mauvais état, se souvient-elle. Où la plupart des détails d’origine avaient été supprimés. Il n’y avait pas grand-chose à sauver. » Avec l’aide, cette fois, des architectes Robin Elmslie Osler et Ken Levenson, elle décide d’entreprendre une rénovation complète. L’intégralité du deuxième étage devient une suite parentale et le troisième, un bureau éclairé par plusieurs puits de lumière.
Un intérieur contemporain
Chacune des pièces reprend les lignes épurées et les proportions généreuses des niveaux inférieurs. Cet effet contemporain est aussi illustré par un nouvel escalier en acier et en bois que Robin Elmslie Osler a fait fabriquer pour qu’il desserve tous les étages. Sa conception a représenté le plus grand défi pendant les travaux.
« L’ancien faisait partie de la structure porteuse, si bien que, lorsque nous l’avons enlevé pour le remplacer, il a fallu consolider les niveaux supérieurs », explique la propriétaire. Quelques solives ont cependant été conservées et transformées en étagères pour sa chambre à coucher. Dans ces parties rénovées, le sol a été recouvert de planches en chêne récupérées aux veinages variés et les murs ont été enduits d’un plâtre vénitien gris tourterelle.
« Nous avons pris soin d’ajouter une touche d’artisanat d’art, mais sans prétention ni ostentation », explique Robin Elmslie Osler. Des meubles élégants, souvent d’époque, et des oeuvres aux accents plus exubérants rythment les pièces de la maison. On y sent l’enthousiasme d’Ippolita pour le travail d’autrui et pour le sien. L’art et le design ne sont pas de simples éléments de décor. Comme elle aime le répéter : « Ils influencent la qualité de votre vie, vous rendent plus attentif au monde qui vous entoure. »
En 2022, avec son associé Marco Credendino, Ippolita Rostagno a décidé de s’aventurer dans l’univers de l’art en proposant sur sa plateforme des oeuvres des meilleurs peintres, sculpteurs et artistes italiens. L’occasion de célébrer leur vision artistique et leur créativité tout en leur offrant une visibilité internationale.
« Artemest est basé à Milan, rappelle-t-elle, mais nous avons récemment ouvert notre première galerie physique à New York, Artemest Galleria, dans le quartier dynamique de West Chelsea. Dans un espace de 500 m2, l’artisanat contemporain et le design italiens deviennent des pièces de collection. Les décorateurs, les architectes, les collectionneurs et les clients privés peuvent venir explorer ce monde. » Mieux qu’une ambassade.
À lire aussi : Dans l’appartement parisien de Federica Chiocchetti