L’appartement éclectique de Giorgia Cerulli et de Giacomo Guidi

Ils font partie des galeristes les plus en vue du moment. Leur manière de mêler art contemporain, design actuel ou historique, photographie et sculpture, sans jamais perdre de vue la richesse des lieux patrimoniaux qu’ils investissent, a fait bien des émules. Alors, nous avons eu envie de découvrir à quoi ressemble l’appartement de Giorgia Cerulli et de Giacomo Guidi. On vous spoile ? Tout sort de l’ordinaire.

Trouver, acheter et meubler… Giorgia Cerulli et Giacomo Guidi y sont parvenus en quelques mois, pendant leur temps libre, « qui n’est pas si long! », s’exclament-ils. Un couple dans le travail et dans la vie, dont les deux membres sont romains. Elle est architecte et décoratrice; lui, curateur et directeur artistique, mais aussi ancien champion national d’escrime.


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Jamais l’un sans l’autre

Depuis 2016, au travers de leur galerie qui porte bien son nom, Contemporary Cluster, Giorgia Cerulli et Giacomo Guidi collaborent avec les avant-gardes créatives de la capitale. Ils ont, notamment, introduit l’art et le design dans les salles du Palazzo Brancaccio, un édifice du XIXe siècle, en en faisant un nouveau centre culturel ouvert au public.

Giorgia Cerulli et Giacomo Guidi dans leur salle à manger, entourés de leurs pièces de design préférées, piochées dans les collections de leur galerie baptisée Contemporary Cluster.
Giorgia Cerulli et Giacomo Guidi dans leur salle à manger, entourés de leurs pièces de design préférées, piochées dans les collections de leur galerie baptisée Contemporary Cluster. MONICA SPEZIA / LIVING INSIDE

Pour développer leur activité, ils ont récemment déménagé sur la colline de l’Esquilin, « épicentre de la petite révolution sociale qui se développe actuellement dans la Ville éternelle. Un lieu où parier sur l’avenir ». L’espace a été inauguré en septembre 2021 avec une exposition sur la production de la designeuse Sara Ricciardi, puis ce fut le tour du duo Draga&Aurel, de Serena Confalonieri, d’autres designers et de toute une série de jeunes plasticiens émergents de la scène romaine indépendante. Le calendrier est très chargé et la programmation riche. « C’est un travail passionnant, mais difficile », reconnaissent-ils.

La maison aux esprits

Trouver un logement tranquille, où se retrouver le soir, est donc devenu pour eux une priorité. C’est pourquoi ils ont choisi le quartier de San Saba, près de la colline de l’Aventin, à deux pas du Circo Massimo, le plus ancien hippodrome de Rome, et des thermes de Caracalla.

Le salon s’organise autour du canapé de Paolo Buffa et d’une table basse jaune de Maxim Scherbakov (du studio Supaform). Vases et cendriers des années 70 en verre de Murano. De part et d’autre du canapé, deux luminaires hauts en laiton des années 70 de Goffredo Reggiani. Au centre, oeuvre sous verre de Pietro Fortuna. Le miroir reflète une photo encadrée des artistes Andy Warhol (1928-1987) et Mario Schifano (1934-1998), qui se sont rencontrés à New York au début des années 60. À gauche, table d’appoint en marbre et en laiton Errante. Flamant rose en céramique Erba Design. À droite, sous l’oeuvre picturale de Maurizio Donzelli, meuble-bar chinois des années 50. Vases des années 40 de Rometti Ceramiche.
Le salon s’organise autour du canapé de Paolo Buffa et d’une table basse jaune de Maxim Scherbakov (du studio Supaform). Vases et cendriers des années 70 en verre de Murano. De part et d’autre du canapé, deux luminaires hauts en laiton des années 70 de Goffredo Reggiani. Au centre, oeuvre sous verre de Pietro Fortuna. Le miroir reflète une photo encadrée des artistes Andy Warhol (1928-1987) et Mario Schifano (1934-1998), qui se sont rencontrés à New York au début des années 60. À gauche, table d’appoint en marbre et en laiton Errante. Flamant rose en céramique Erba Design. À droite, sous l’oeuvre picturale de Maurizio Donzelli, meuble-bar chinois des années 50. Vases des années 40 de Rometti Ceramiche. MONICA SPEZIA / LIVING INSIDE

« Retiré mais central, c’est comme une petite ville où tous les habitants se connaissent », explique la maîtresse des lieux. C’est un quartier résidentiel frais, particulièrement prisé par les acteurs et les réalisateurs, planté de verdure. « Nous avons aussi notre jardin, caché à l’arrière de la maison », savourent-ils. Magnolias séculaires, bananiers et perroquets: un monde exotique apparaît de manière plutôt inattendue sous les fenêtres de l’appartement du couple, au deuxième étage d’un immeuble élégant des années 50, composé d’un grand salon-salle à manger, de deux chambres, d’une cuisine, d’une salle de bains et d’un long couloir qui distribue les espaces.

Dans la salle à manger, la console Tadao, hommage à l’architecte japonais Tadao Ando, de Gaia Rebecchini, Laura Mochi et Lorenzo Rebecchini (Forma&cemento), présente deux lampes des années 70 d’un designer inconnu, mais très inspirées des Cocoon des frères Castiglioni. Au-dessus, oeuvre picturale de l’artiste Jerico pour la galerie Contemporary Cluster des propriétaires.
Dans la salle à manger, la console Tadao, hommage à l’architecte japonais Tadao Ando, de Gaia Rebecchini, Laura Mochi et Lorenzo Rebecchini (Forma&cemento), présente deux lampes des années 70 d’un designer inconnu, mais très inspirées des Cocoon des frères Castiglioni. Au-dessus, oeuvre picturale de l’artiste Jerico pour la galerie Contemporary Cluster des propriétaires. MONICA SPEZIA / LIVING INSIDE

« Nous sommes tombés amoureux des détails: les hauts plafonds décorés de stuc, les fenêtres d’origine et, surtout, les sols polychromes, tels les protagonistes de cette scène », décrit-elle.

Le souci du détail

Chaque pièce en possède un différent, comme un tapis: des palladiennes (assemblage de fragments de pierres différentes), des rayures, des zigzags, des carreaux graphiques et des parquets se déroulent sur 140 m2 dans un excellent état. « Nous avons, d’ailleurs, presque tout conservé tel quel, chaque pièce à sa place originelle », précise Giorgia Cerulli.

Comme une galerie bis, l’appartement de Giorgia Cerulli reflète bien plus encore ce qui plaît au couple de propriétaires, leurs coups de coeur et leur univers esthétique commun.
Comme une galerie bis, l’appartement de Giorgia Cerulli reflète bien plus encore ce qui plaît au couple de propriétaires, leurs coups de coeur et leur univers esthétique commun. MONICA SPEZIA / LIVING INSIDE

Le couple s’est contenté de supprimer quelques portes pour fluidifier l’espace et de peindre les murs en couleur pour donner une nouvelle personnalité à l’endroit et faire disparaître la patine vintage, typique de ces vieilles maisons. La propriétaire poursuit : « J’ai opté pour un bleu cobalt et de la porcelaine du même ton, une nuance qui change avec la lumière du jour », aussi douce que l’écume de la mer à Sabaudia, son lieu de villégiature romain adoré. Il ne restait qu’à ajouter des meubles, des objets et des oeuvres d’art.

Comment choisir ? « Nos pièces préférées de nos collections… » confient-ils. Un mélange de raretés des grands maîtres du design et des pièces d’avant-garde, extraites de la production des artistes avec lesquels ils collaborent. « Je suis toujours à l’affût d’éditions uniques », confirme Giorgia Cerulli.

Dans la chambre principale, commode de Carlo Di Carli (Sormani). Lampe d’Angelo Brotto (Esperia). À gauche, vase encéramique de Luca Mamone. OEuvre encadrée d’Andrea Polichetti. Huile sur toile en noir et blanc de Motorefisico. Tête de lit en bambou des années 70. Table de chevet signée Willy Rizzo. Lampe Nefer des années 70, design Kazuhide Takahama (Sirrah). Au mur, Ipotesi dialettica (1974), d’Ugo Nespolo (Jabik). Linge Limonta Society.
Dans la chambre principale, commode de Carlo Di Carli (Sormani). Lampe d’Angelo Brotto (Esperia). À gauche, vase en
céramique de Luca Mamone. OEuvre encadrée d’Andrea Polichetti. Huile sur toile en noir et blanc de Motorefisico. Tête de lit en bambou des années 70. Table de chevet signée Willy Rizzo. Lampe Nefer des années 70, design Kazuhide Takahama (Sirrah). Au mur, Ipotesi dialettica (1974), d’Ugo Nespolo (Jabik). Linge Limonta Society. MONICA SPEZIA / LIVING INSIDE

Le buffet d’Osvaldo Borsani et le lustre Poliedri en verre de Murano, de Carlo Scarpa pour Venini, voisinent avec la console haute Tadao, de Gaia Rebecchini, Laura Mochi et Lorenzo Rebecchini pour Forma&cemento, et la table basse pop, de Maxim Scherbakov, du studio Supaform; sans compter les céramiques de Rometti, des années 40 à nos jours, et les oeuvres d’art d’Ugo Nespolo, de Paolo Assenza ou de Maurizio Donzelli.

Cet intérieur est un peu comme les coulisses de leur travail, une galerie pour quelques proches, qu’ils enrichissent de pièces de temps en temps. Ce lieu ne pouvait pas être différent. « L’appartement montre ce que nous sommes vraiment », avouent-ils.


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