Milan Design Week 2024 : nos 5 coups de cœur à Alcova

D'installations démentes en objets insolites, Alcova, qui avait lieu comme chaque année mi-avril pendant la semaine du design milanaise, a encore une fois été à la hauteur de sa réputation. La preuve en images.

Créée en 2018 par Valentina Ciuffi (Studio Vedèt) et Joseph Grima (Space Caviar), Alcova se positionne comme une plateforme novatrice réunissant designers, entreprises, institutions et chercheurs qui façonnent l’avenir du design, explorant les tendances et les défis de l’habitat de demain. Chaque année, l’événement titille la curiosité des passionnés, attirant toujours plus de monde. Tour d’horizon des cinq installations de cette édition, qui avait lieu pendant la Milan Design Week 2024, qui ont fait battre le cœur de la rédaction.


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Alcova déplace les foules pour la Milan Design Week 2024

Nous sommes prévenus. Le bruits court qu’il y aurait deux heures d’attente pour entrer à Alcova et qu’une fois les portes passées il faut encore patienter afin de pénétrer dans les différentes villas. Il paraît que certains, trop pressés, abandonnent même avant d’avoir franchi la ligne d’arrivée. Il faut dire qu’en six éditions, Alcova a offert une vitrine à plus de 400 talents issus des quatre coins du globe, devenant l’un des rendez-vous incontournables du design mondial.

(c) Piergiorgio Sorgetti
(c) Piergiorgio Sorgetti

Après avoir investi des lieux insolites tels qu’une ancienne fabrique de panettones, une usine de cachemire ou encore les bâtiments d’un hôpital militaire, Alcova a posé ses valises dans l’ancien abattoir de Porta Vittoria avant de franchir l’Atlantique pour une première édition à Miami en décembre 2023. Cette fois, rendez-vous est pris dans les villas Bagatti Valsecchi et Borsani, dans la banlieue nord de Milan, à 45 minutes en métro du Duomo, dans le centre de la ville. Tout un périple.


1. Harry Thaler Studio se joue de nouveaux matériaux

Heureusement, le déluge a fait fuir les curieux en ce jeudi 13 avril : plus personne ne fait la queue à notre arrivée devant la villa Bagatti Valsecchi. Ici, le regard est attiré par une première salle faite de buttes de sable d’où émerge un ensemble de mobilier et de luminaires tout en rondeurs, comme tout droit sortie du film Dune (Denis Villeneuve, 2021), l’adaptation au cinéma de la saga de science-fiction du même nom écrite par Franck Herbert en 1965.

(c) Piergiorgio Sorgetti
(c) Piergiorgio Sorgetti

Les objets, rugueux, semblent tailler dans la pierre, leur matière est indéfinissable. Harry Thaler, qui a fondé son studio à Londres en 2010 et signé la fameuse Pressed Chair avant de s’installer à Murano, en Italie, s’illustre ici avec brio grâce à son utilisation d’un tout nouveau matériau de bio-impression, l’econitWood, issu de résidus de bois industriel. Ce projet, baptisé « Printed Nature », est une expérience à la voie visuelle et tactile. Le designer met ainsi en lumière la beauté et la résilience du monde naturel, tout en nous invitant à repenser notre interaction avec notre Terre.

> Harrythaler.it ; Econit.info


2. Le conte hors du temps de Singchan Design

La villa Bagatti Valsecchi, aux murs défraichis et aux fenêtres claquant aux vent, a ce « je ne sais quoi » de post-apocalyptique qui intrigue. Une impression accentuée par la mise en scène énigmatique imaginée par Sing Chan, fondateur en 2020 du studio Singchan Design, basé à Guangzhou, en Chine.

(c) Piergiorgio Sorgetti
(c) Piergiorgio Sorgetti

L’installation futuriste est teintée de nostalgie. Le visiteur, comme égaré dans les ruines d’un château oublié depuis des siècles, est guidé par la curiosité à travers un épais voile de poussière, dévoilant des sculptures lumineuses façon vaisseaux spatiaux et des lampes coniques qui semblent avoir été façonnées par des civilisations lointaines, hors de notre espace-temps…

> Singchandesign.com


3. Le for intérieur de Supaform

« Essentiellement, le monde intérieur de l’artiste est représenté par son bureau personnel, symbolisant la solitude de chaque créateur. Cet espace physique et les objets qui s’y trouvent deviennent des incarnations de ce sanctuaire intérieur, et les meubles sont ainsi des artefacts de l’imagination de l’auteur, » pouvez-on lire le 11 avril sur le compte Instagram de Supaform, sur une image représentant un écran de PC désuet. 

(c) Piergiorgio Sorgetti
(c) Piergiorgio Sorgetti

Les indices ne trompent pas : l’installation « Mid Century Journey », pensée par Maxim Scherbakov, fondateur du studio spécialisé dans la conception d’espaces et de mobilier édité en séries très limitées voire unique, est un voyage dans le temps et dans l’intimité de ce propriétaire imaginaire. Il suffit de regarder les meubles en métal brossé, la finition vieillie, les formes géométriques très seventies et, surtout cette vieille machine trônant en maître sur la table.

L’imagination est en roue libre. On s’attend à tout moment à voir débarquer le très méchant chef de Spectre, Ernst Stavro Blofeld, chauve, défiguré, portant en toutes circonstances un col Mao et dans les bras son chat Persan (interprété par Donald Pleasance dans On ne vit que deux fois de Lewis Gilbert, 1967). Ou Charlie Townsend, le millionnaire anonyme pour qui travaillent les Drôles de dames (1976)…

> Supaform.studio


4. Le jardin imaginaire de Sema Topaloğlu

Candycanes, fleurs en sucre et guimauve… Voilà ce qu’évoquent les créations verrières que Sema Topaloğlu dévoilait à Alcova. Ou encore un jardin imaginaires de plantes bioluminescentes. Dans son installation « Sema’s Fırfır », Sema Topaloğlu nous transporte dans un monde de rêve. Ses luminaires, alliant verre et laiton, fusionnent art et design dans un mariage audacieux entre nature et artisanat.

(c) Piergiorgio Sorgetti
(c) Piergiorgio Sorgetti

Face à cet univers organique, le visiteur est transporté dans un jardin biophilique où le verre sculpté évoque de nouveaux motifs enchanteurs. Ainsi, Sema Topaloğlu propose une nouvelle esthétique lumineuse, où les formes abstraites se substituent aux ornements traditionnels, capturant ainsi l’essence de son art et de sa vision de la vie urbaine moderne.

> Sematopaloglu.com


5. Le mobilier aérien de Junya Ishigami

Ici, la nature a repris ses droits, comme dans la série The Last of Us… Les lianes ont envahi la pièce, sortant des murs et du plafond, recouvrant le sol. Presque invisibles, les meubles à la finesse inouïe imaginés par Junya Ishigami pour la galerie bruxelloise Maniera se fondent dans le décor sauvage.

(c) Piergiorgio Sorgetti
(c) Piergiorgio Sorgetti

Une partie de la collection avait été conçue pour Maison Owl, un fascinant restaurant aux allures troglodytique situé à Ube, au japon que l’architecte nippon a réalisé en 2022 pour un ami français. Une création singulière qui semble tenir debout depuis des milliers d’années – c’est faux, tout a été construit pour l’occasion – et dont l’imposante structure s’oppose à la légèreté de ce mobilier.

> Maniera.be


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