Calme et réservé, Marco Lavit fait partie de cette jeune génération d’architectes qui, sans vouloir attirer l’attention, ont su créer un univers cohérent et personnel.
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Né à Varèse en 1986 dans une famille d’architectes et d’ingénieurs, il étudie à l’École spéciale d’architecture, à Paris, et au Royal Melbourne Institute of Technology, en Australie.
Il fait ensuite ses gammes dans deux studios prestigieux: comme designer sous la direction avisée de Riccardo Blumer, puis comme architecte dans l’agence parisienne LAN Architecture. Des expériences qui influencent profondément sa pratique, ancrée dans la durabilité humaine et paysagère.
En 2014, il ouvre son studio à Paris, Atelier Lavit, et devient l’un des représentants les plus marquants de l’architecture écodurable, spécialisé dans la construction d’écolodges, de cabanes en bois flottantes ou dans les arbres, et d’appartements résidentiels, souvent en milieu urbain. Qu’il s’agisse de maisons privées ou de lieux ouverts au public, ses projets déclinent une conception singulière de l’intimité et de la notion d’espace minimal.
Son pied-à-terre, dans une maison à étages avec balcons en fer forgé typique du quartier d’Isola à Milan, en est le parfait exemple. Agencer son « nid urbain » lui a semblé nécessaire alors que ses séjours professionnels dans la capitale lombarde se faisaient de plus en plus fréquents. Les réflexions menées au sein de l’Atelier Lavit ont aussi nourri sa réinterprétation de l’architecture milanaise.
En prenant pour point de départ l’analyse de la structure traditionnelle de ces maisons dites « à balustrade », Marco Lavit a repensé les lieux en conservant l’idée d’un fil conducteur entre la rue, l’habitation et la cour. Habituellement, ces appartements sont composés de deux pièces, la première utilisée comme entrée et cuisine, la seconde, sur rue, comme chambre à coucher.
L’architecte a transformé le sien en studio, en supprimant cette division, donnant ainsi naissance à un mini-loft fluide. La création d’un volume cubique, ou « petit cube technique », selon ses mots, a permis d’ajouter une fenêtre à la salle de bains.
Si l’agencement est rigoureux, l’essence du projet est néanmoins apportée par ces matériaux que Marco Lavit appelle « la peau » de son nid urbain : le bois, qui recouvre le plafond, le sol…; le miroir, avec lequel il a fait disparaître le volume central de la salle de bains ; et la pierre sicilienne Nero d’Avola, à la couleur anthracite mouchetée.
La versatilité du bois a permis de résoudre divers problèmes architecturaux. L’enveloppe globale est composée de tasseaux ajourés de 4 cm de large. La structure assure ainsi une ventilation naturelle, au niveau du faux plafond – tapissé de panneaux de liège, parfaits isolants thermiques – comme de la fenêtre, où tel un moucharabieh, elle protège de la lumière et de la chaleur.
Elle offre aussi une grande souplesse dans la disposition des câbles électriques et des prises, que l’on peut déplacer et faire descendre ponctuellement en fonction de la disposition des lampes et autres éléments de décoration, pour l’accrochage de tableaux ou de tapis… Un espace domestique « en mouvement », dixit l’architecte, et qui s’est mué en un lieu d’expérimentation, où des meubles sur lesquels il travaille ont trouvé un écrin.
Parmi les pièces de mobilier, outre quelques éléments vintage iconiques, à l’image des canapés Togo (1973), de Michel Ducaroy (Ligne Roset), et des chaises Plia (1967), de Giancarlo Piretti (Anonima Castelli), on trouve les prototypes en fer d’une collection d’extérieur composée de tables et de tables basses, transformables en bancs, mais aussi la suspension Danseuse réalisée pour Nilufar et d’autres prototypes de lampes encore à la recherche d’une marque.
L’uniformité chromatique du lieu est réchauffée par le vert des lampes en méthacrylate d’Enzo Mari pour Artemide, le bleu des canapés, le jaune et le bleu nuit du tapis dessiné par Atelier Lavit pour la maison Lelièvre, ici suspendu telle une tapisserie.
Les souvenirs de famille ne manquent pas : dessins à l’encre du père, crayonnés d’un ancêtre ingénieur… L’ensemble compose une magnifique partition où la lumière et les éléments chaleureux se marient à une grande rigueur structurelle.
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