Le studio d’architecture LAN passe au révélateur la ville de Naples

Informelle par excellence, entachée de nombreux clichés, elle fait partie de ces villes que nous croyons connaître sans même y être allés. Au S AM, à Bâle, une exposition conçue par le studio d’architecture LAN en décrypte l’histoire chaotique et la modernité passionnante.

Parmi les villes dans lesquelles chacun projette ses fantasmes et autres idées reçues, Naples figure en bonne position. C’est en somme le postulat de départ du studio d’architecture LAN (Local Architecture Network), qui consacre une exposition à la plus grande cité du sud de l’Italie, laquelle est une composante de l’ADN de l’agence puisque Umberto Napolitano, son cofondateur avec Benoit Jallon, y est né.

18 bâtiments napolitains à l’honneur

Vue de l’exposition « Napoli Super Modern », au S AM, à Bâle.
Vue de l’exposition « Napoli Super Modern », au S AM, à Bâle. Tom Bisig

À Bâle, le S AM (Schweizerisches Architekturmuseum) présente « Napoli Super Modern » pour déconstruire les stéréotypes que le cinéma et la littérature ont largement alimentés, sur fond de mafia et d’insécurité. C’est donc une tout autre lecture que propose le studio d’architecture LAN, qui a fait le choix de reconsidérer les décennies s’étalant de 1930 à 1960, à travers notamment une sélection de dix-huit bâtiments remarquables – signés Cesare Bazzani, Marcello Canino ou encore Luigi Cosenza – aujourd’hui absorbés dans le tissu urbain.

Prime au modernisme

Le comédien Filippo Scotti dans È Stata la Mano di Dio (La Main de Dieu, 2021) de Paolo Sorrentino. Ce film, sorte d’autoportrait du réalisateur, revient sur une jeunesse napolitaine dans les années 80, alors que le footballeur argentin Diego Maradona va offrir àla ville une reconnaissance que le reste du pays semble lui dénier.
Le comédien Filippo Scotti dans È Stata la Mano di Dio (La Main de Dieu, 2021) de Paolo Sorrentino. Ce film, sorte d’autoportrait du réalisateur, revient sur une jeunesse napolitaine dans les années 80, alors que le footballeur argentin Diego Maradona va offrir à
la ville une reconnaissance que le reste du pays semble lui dénier. DR / Gianni Fiorito / Ascot Elite

Cette période méconnue constitue pourtant un moment crucial où l’architecture italienne, marquée par le fascisme et la reconstruction d’après-guerre, a vu émerger un modernisme négocié qui n’a jamais rien sacrifié de son identité. L’exposition présente en outre le travail photographique de Cyrille Weiner, qui pose son regard, volontairement décalé, presque froid, sur le chef-lieu de la Campanie. Dans son objectif ? « Ne pas montrer la vie dans une ville où elle se greffe partout, à chaque instant, résume Umberto Napolitano, même si à Naples, c’est tout simplement impossible. »

En filigrane de cette exposition sont soulevées les questions universelles liées à la fabrique de la métropole, Naples n’étant finalement que le point de départ d’une réflexion plus large. Pour celles et ceux qui n’auraient pas l’occasion d’aller visiter « Napoli Super Modern » cet été, l’ouvrage du même nom raconte cette épopée architecturale et humaine bouillonnante, qui donne irrémédiablement envie de (re)découvrir l’une des cités les plus passionnantes d’Italie. 

« Napoli Super Modern ». Au S AM, Steinenberg 7, à Bâle, en Suisse, jusqu’au 21 août. Sam-basel.org

> A lire : Napoli Super Modern, de Benoit Jallon et Umberto Napolitano, éditions Park Books, 232 p., 2020.