Qui est Nicolas de Staël, peintre iconique exposé au Musée d’Art Moderne de Paris ?

Souvenez-vous de la scène finale de Pierrot le fou. Ferdinand, alias Jean-Paul Belmondo, s’entoure le visage de bâtons d’explosifs auxquels il met le feu. Explosion de jaune et de rouge sur fond bleu, celui de la Méditerranée. Pour Jean-Luc Godard, cette conclusion tragique est une évocation du décès de Nicolas de Staël, considéré par le cinéaste comme « le peintre inégalé ».

Le Prince foudroyé, tel est le titre de la biographie de Laurent Greilsamer consacrée à Nicolas de Staël. Né Nicolas de Staël von Holstein en 1914, en Russie, l’artiste à la longue silhouette, à jamais immortalisée par la photographe Denise Colomb, se suicide en 1955, à Antibes, en se jetant de la terrasse de son atelier.


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Paysage, 1952.
Paysage, 1952. Annik Wetter

Le musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditterranée (Mucem), à Marseille, conserve d’ailleurs son ultime chef-d’oeuvre, Le Concert (Le Grand Concert : l’orchestre) (350 Å~ 600 cm).

C’est avec ce piano noir sous un ciel rouge que se conclut le cheminement créatif de Nicolas de Staël, des empâtements, posés en larges aplats à la spatule et au couteau – que d’aucuns qualifient de peinture maçonnée –, aux teintes diluées appliquées à l’aide de coton et de gaze.

Paysage, 1952.
Paysage, 1952. Annik Wetter

Face à la ligne d’horizon, point de fuite à la lisière du bleu du ciel et de la mer, le peintre tente de capter cette « lumière agaçante en balle de ping-pong ». « Vorace et fulgurante », elle engloutit les contours.

Le motif n’est plus alors qu’un prétexte. Seuls comptent le mouvement, les couleurs, la quête de l’émotion. Ses compositions ne sont ni vraiment figuratives ni vraiment abstraites. « Ma peinture, je sais ce qu’elle est sous ses apparences, sa violence, ses perpétuels jeux de force, c’est une chose fragile dans le sens du bon, du sublime », écrit-il quelques mois avant son décès tragique.

Marine la nuit, 1954.
Marine la nuit, 1954. Annik Wetter

Natures mortes, paysages ou portraits, aucun sujet n’échappe à sa frénésie de peindre. Il laisse derrière lui 1 120 oeuvres, créées entre 1940 et 1955, à l’huile, à la gouache, à l’encre de Chine… Le musée d’Art moderne de Paris en présentera chronologiquement 200, dont une cinquantaine pour la première fois dans un musée français.

Elles témoignent de son « évolution continue », loin des chemins balisés par les ténors du cubisme, du fauvisme, du surréalisme ou de l’expressionnisme abstrait, et ponctuent une vie menée tambour battant.

> « Nicolas de Staël ». Au musée d’Art moderne, 11, avenue du Président-Wilson, 75116 Paris, jusqu’au 21 janvier 2024. Mam.paris.fr


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