Art Paris 2024, les incontournables à ne pas manquer

Art Paris, le rendez-vous incontournable d’art moderne et contemporain fêtait son quart de siècle en 2023, revient cette année dans une forme olympique. Plus ambitieuse et exigeante, cette 26e édition, qui se déroulera du 4 au 7 avril 2024 au Grand Palais éphémère, affiche une sélection éclectique : 900 artistes de 25 pays triés sur le volet seront exposés. Tour d’horizon des œuvres à ne pas manquer.

Le salon Art Paris 2024 se distingue par deux thématiques, « Fragiles utopies » et « Art and Craft », imaginées respectivement par les commissaires d’exposition invités, Éric de Chassey et Nicolas Trembley. Ces visions se complètent. L’une fait appel au système de pensée, à la part utopique présente dans les créations d’artistes français. L’autre nous fait voyager dans le temps et le monde à travers l’artisanat.


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L’univers utopique de la scène hexagonale

Pour Eric de Chassey, « les arts visuels n’ont pas pour seules fonctions de représenter ou décorer. Ils proposent également des modèles pour la perception, pour la pensée, pour l’action : des utopies en construction ». Le directeur général de l’Institut national d’histoire de l’art et professeur à l’École Normale Supérieure de Lyon qualifie ces utopies de « fragiles, car dans une période marquée par le doute et la fin des grands systèmes, elles prennent souvent un caractère provisoire, précaire. »  Le parcours qu’il propose met ainsi en lumière les œuvres de 21 artistes français.

Parmi eux, Jean-Michel Alberola a peint Vladimir Tatline, « l’incarnation-même de l’artiste utopiste » selon le commissaire. Sur ce portrait, réalisé à partir d’une photographie prise à Paris au printemps 1913 lorsqu’il avait demandé à Picasso de l’embaucher comme domestique, le visage mélancolique de l’artiste russe l’emporte sur l’espoir de la Révolution, représentée par l’étoile rouge. Jean-Michel Alberola questionne ici le regard et le rôle de l’artiste dans la société.

« Vladimir Tatlin » de Jean-Michel Alberola, 2021.
« Vladimir Tatlin » de Jean-Michel Alberola, 2021.

> Galerie Templon, stand D12.

Autre figure incontournable, l’artiste moderniste Sonia Delaunay (1885-1979). Ce mouvement a permis de donner une nouvelle vocation aux œuvres : être des modèles pour la pensée et participer ainsi à la création d’un monde différent, nouveau et utopique. Passage obligé sur le stand de la galerie Berès, afin d’admirer les Rochers de Montreux (1914).

Les « Rochers de Montreux » de Sonia Delaunay, 1914.
Les « Rochers de Montreux » de Sonia Delaunay, 1914.

> Galerie Berès, stand F5.

L’artiste iranienne Elika Hedayat, exilée en France depuis 2004 invoque « un monde imaginaire tel que le souhaite un système de pouvoir idéologique en quête d’utopie » dans une série d’œuvres (dessins, tableaux, films et installations murales) intitulée Les dépossédées (2023). Un titre emprunté au livre de science-fiction d’Ursula K. Le Guin dont elle s’inspire pour exprimer la lutte pour la liberté de la jeunesse iranienne en particulier des femmes que le régime veut asservir.

« Les dépossédés #14 » de Elika Hedayat, 2023.
« Les dépossédés #14 » de Elika Hedayat, 2023.

> Aline Vidal, stand A3.

À travers son regard, Eric de Chassey valorise ainsi le travail d’artistes français. Un engagement tenu chaque année par Art Paris qui récompensera un de ces artistes avec le Prix BNP Paribas Banque Privée.

Le travail manuel au cœur de la création internationale

Le second thème, « Art and Craft », initié par Nicolas Trembley, critique d’art et commissaire d’expositions, explore les savoir-faire artisanaux. En effet, le courant des « Arts and crafts » né à la fin du XIXe au Royaume-Uni en réaction à l’industrialisation et à la production de masse, remet le travail manuel avec l’utilisation de matériaux naturels au centre de la création artistique. Ce focus nous invite au voyage et à la réflexion à travers le travail d’une vingtaine d’artistes venus des quatre coins du monde.

Certains sont anonymes, comme celui à qui l’on doit cette sculpture d’Océanie représentant baptisée Faîte de case (1920) et dévoilée en 1961 lors d’une exposition intitulée « Sculpture monumentale de Nouvelle Guinée et des Nouvelles Hébrides ». Fabriquée avec des racines fougères arborescentes, il s’agit d’un paratonnerre magique censé protéger les habitations.

« Faîte de case », anonyme, 1920.
« Faîte de case », anonyme, 1920.

> Galerie Jeanne Bucher Jaeger, stand D6.

Autres créations anonymes, les Ge ba, textiles chinois présentés par la galerie Françoise Livinec. Confectionnées après la Deuxième Guerre mondiale par des ouvrières chinoises, ces « peintures de tissu » sont des assemblages de chutes de vêtements recyclés maintenus par de la colle de riz séchée. Cette démarche de récupération, moderne pour l’époque, permettait aux femmes des villages de se rassembler et d’échanger. (photo Ge Ba 1950 Tissus et colle de riz) Pour Nicolas Trembley, « c’est leur contribution à l’histoire de l’abstraction qui est fondamentale, une histoire restée hors des canons de la grande Histoire de l’art. »

Ge Ba, Sans titre, 1950.
Ge Ba, Sans titre, 1950.
> Galerie Françoise Livinec, stand E3.

Dans cette rétrospective, le commissaire d’exposition rend hommage aux pionniers de l’art de la tapisserie tels que Magdalena Abakanowicz et Barbara Levittoux-Swiderska de l’école polonaise et Josep Grau-Garriga de l’école catalane. Aujourd’hui disparus, leur héritage est perpétué à travers une nouvelle génération, dont font partie notamment Joël Andrianomearisoa et Jeanne Vicerial, qui renouvellent le travail du textile et ont produit des œuvres spécialement pour l’évènement.

Art Paris 2024 : la diversité avant tout

En dehors de ces deux fils conducteurs, l’ensemble « Solo Show » disséminé tout au long du salon permet au public de découvrir dix-huit expositions personnelles d’artistes modernes et contemporains. Les talents émergents sont également mis à l’honneur : le secteur « Promesses » met en avant neuf jeunes galeries parisiennes et internationales qui auront l’opportunité de présenter trois de leurs artistes. Enfin, la foire célèbre le centième anniversaire de la naissance du surréalisme et rend hommage à ce mouvement poétique et artistique du XXe siècle. Les visiteurs pourront ainsi admirer certaines œuvres de noms connus tels René Magritte, Joan Miro, André Breton.

Pour sa dernière année au Grand Palais éphémère, Art Paris nous fait voyager, rêver et réfléchir avec sa sélection toujours plus pointue et ouverte sur l’international. Le salon devrait encore nous surprendre pour sa prochaine édition en 2025 qui se tiendra au sein de la prestigieuse nef du Grand Palais, fraîchement rénové.

> Art Paris 2024, du  4 au 7 avril au Grand Palais éphémère. Toutes les informations : ici


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