Si la plupart des locaux d’agences d’architectes d’intérieur se révèlent de piètres ambassadeurs du style de leurs hôtes, ceux de Heju Studio, dans le Xe arrondissement de Paris, nous transportent au contraire dans un univers japonisant à l’atmosphère douce et paisible. Du matériau d’un plan de travail à une courbe de bureau, d’une tasse en grès jusqu’au parquet en douglas et à l’arche séparant les deux pièces, l’immersion est totale.
A lire aussi : Archi : Heju, la jeune agence aux 1001 talents
Une passion commune
C’est pendant leurs études à l’École nationale supérieure d’architecture de Strasbourg qu’Hélène Pinaud et Julien Schwartzmann découvrent l’architecture contemporaine nipponne. « Nous avons eu un coup de foudre pour la façon dont les Japonais conçoivent les espaces de transition, la continuité intérieur/extérieur, et pour la manière qu’ils ont de traduire la nature dans les intérieurs, par exemple le positionnement aléatoire des poteaux », explique Julien Schwartzmann. À tel point qu’ils s’envolent pour l’archipel et axent leur projet de fin d’études (en 2014) sur la réutilisation de ces codes dans la culture française. Majors de leur promotion, ils fondent Heju Studio en 2015 et s’orientent vers l’architecture d’intérieur.
« Une discipline beaucoup moins contrainte par les normes que l’architecture pure. En outre, c’est une échelle qui nous correspond davantage, à mi-chemin entre le bâtiment et l’objet », estime Hélène Pinaud. Outre le souhait de se lancer, le binôme fait le choix de s’installer à Paris : « C’est là où nous avions le plus de chance de construire une clientèle et la capitale rayonnait par son dynamisme culturel. » Alors que le tandem Heju Studio (les premières syllabes de leurs prénoms, Hélène et Julien) partage ses idées sur son blog, la griffe de prêt-à-porter Des Petits Hauts lui commande un projet de boutique, qui plaît tant à une cliente que celle-ci lui confie la rénovation de son appartement. Les choses s’enchaînent rapidement.
Heju Studio : un style affirmé
Le duo affirme son style en peaufinant un univers pétri d’influences à la fois scandinaves et japonaises, ce fameux « Japandi » qui séduit par son intemporalité et son harmonie. Au fil des programmes, Hélène et Julien prennent confiance et dessinent de plus en plus de mobilier : des tables ou des banquettes sur mesure, développées avec des éditeurs, « ce qui nous semble judicieux, puisque ceux-ci ont la capacité de produire et de nous apporter des solutions techniques que nous n’aurions pas trouvées seuls, et cela permet de marier nos deux univers », précise Hélène.
En septembre dernier, la galerie dijonnaise La Lune a exposé leur collection « Intervalles », une série de totems décoratifs ou fonctionnels en bois, hommage à Brancusi, aux totems amérindiens, à l’art de la torsade des meubles du XIXe siècle, aux céramiques de Hans Coper… et aux luminaires d’Isamu Noguchi. « Nous apprécions ces ping-pongs créatifs avec des fabricants et des artisans qui nous aident à aller au-delà de l’espace… », se réjouissent-ils.
Parmi d’autres collaborations, celle avec l’éditeur de peinture Ressource, pour lequel Heju Studio a développé des tons naturels pour mettre en avant leur gamme à très faible teneur en COV (composés organiques volatils qui peuvent poser des problèmes de qualité de l’air intérieur), ou celle avec l’enseigne Tiptoe, notamment des pieds de table autonomes à visser sur des plateaux dans une palette de demi-teintes (vert kaki, rose pâle, beige clair et terracotta).
« Nous aimons trouver le bon équilibre entre architecture intérieure et mobilier, entre marques confidentielles et plus grand public. Mais aussi entre boutiques et appartements, ajoute Hélène, qui apprécie cette échelle de l’espace de vie. Pour autant, nous souhaiterions beaucoup nous ouvrir à l’hôtellerie pour définir la signature et l’identité d’un lieu tout entier », conclut-elle. On imagine aisément une bulle aux lignes pures, une parenthèse de douceur hors du temps qui convoquerait les cinq sens.
A lire aussi : Maison&Objet 2024 : les 5 temps forts à retenir