Autrefois réservée aux palais et aux édifices religieux, la fresque murale connaît un nouvel essor et s’impose comme un élément phare de la décoration contemporaine. Son retour ne doit rien au hasard mais témoigne d’une quête d’authenticité et d’un désir croissant pour des œuvres uniques, capables de transformer un espace et de traverser le temps.
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S’inscrire dans la durée
Le terme tendance n’est peut-être pas approprié, la fresque étant créée pour rester. Les plus anciennes à avoir été retrouvées, dans la région de la Mésopotamie, remontent à 1800 ans avant notre ère. Utilisé durant la Grèce et la Rome antique, ce savoir-faire revient sur le devant de la scène à la Renaissance, en témoignent les créations que l’on peut admirer encore aujourd’hui dans de nombreux palazzo en Italie.

Sa particularité ? Les pigments mélangés à de l’eau sont appliqués sur un enduit frais, le terme “fresque” prenant racine dans l’expression latine al fresco. Un art littéralement inscrit dans les murs et capable de résister à l’épreuve du temps qui passe. En 2025, les techniques et matériaux ont certes évolué, mais l’ambition reste la même : parer une pièce d’une œuvre monumentale et pérenne.
“La fresque, longtemps associée aux grandes traditions artistiques, connaît un renouveau fascinant, confie Kimberley Cohen, directrice artistique du groupe hôtelier Maison Parientes. Dans un monde où l’individualisation des espaces est de plus en plus recherchée, cette forme artistique qui transforme un espace en créant un ancrage visuel puissant et une résonance émotionnelle forte, ajoute une dimension narrative au lieu qu’elle habille. Cette démarche s’aligne avec notre vision : chacun de nos hôtels raconte une histoire et se distingue par une identité forte, où l’art joue un rôle fondamental.”
Preuve de cet engouement, le groupe dédie la première édition de son concours artistique, lancé cette année, à la fresque. “Nous souhaitions aussi offrir aux jeunes artistes une opportunité d’exprimer leur vision sur un support qui dialogue directement avec l’architecture et le design d’intérieur. La fresque permet une diversité de techniques qui ouvre un champ d’exploration artistique riche et contemporain.”

La création d’une expérience hôtelière totale, par le biais de l’art
Si les particuliers se laissent de plus en plus tenter, la plupart des commandes émane d’établissements et de groupes hôteliers. À Hyères, le studio Haddou & Dufourcq, en charge du design intérieur de l’hôtel Lilou, a fait appel à Jacques Merle, à qui l’on doit aussi le plafond de la piscine du Grand Mazarin, dont le décor s’articule autour du mythe de Narcisse.
À Los Angeles, le Proper Hotel, signé par la starchitecte Kelly Wearstler, voit sa chaleur californienne rehaussée par le travail de l’artiste Abel Macias, qui imagine dans les espaces communs un paysage coloré et organique, la végétation se mêlant aux animaux, singes et crocodiles et autres oiseaux aussi paradisiaques que chimériques. Indéniablement maximaliste, cette toile de fond contraste avec les dessins imaginés par Roberto Ruspoli pour l’hôtel La Palma inauguré à Capri l’été dernier. L’identité de l’île et l’esthétique de l’hôtel, parsemé de créations d’artisans locaux, se retrouvent dans les fresques aux tonalités douces et bleutées, représentant des profils entremêlés.

Pour Kimberley Cohen, directrice artistique du groupe hôtelier Maison Parientes, ces œuvres créées tout spécialement pour un endroit en particulier contribuent grandement à sa singularité. “Dans un monde où l’expérience client est primordiale, les hôtels ne sont plus seulement des lieux de passage, mais des espaces de vie et d’inspiration. La fresque permet de marquer un lieu, de créer une atmosphère et d’offrir aux visiteurs une immersion artistique totale.”
Le groupe derrière le Grand Mazarin a par ailleurs demandé à Matthieu Cossé de croquer les murs du Coucou Méribel et à Alexandre Benjamin Navet ceux du Lou Pinet, à Saint-Tropez. “Grâce au Prix Maisons Pariente, nous souhaitons aller plus loin en offrant à un jeune artiste la possibilité de laisser son empreinte dans l’un de nos hôtels, créant ainsi un dialogue entre son œuvre et l’âme du lieu.”
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