Anselm Kiefer confronte le paradis et l’enfer au Palazzo Strozzi

Anselm Kiefer investit le Palazzo Strozzi, chef-d’oeuvre de l’architecture Renaissance, situé au coeur de Florence.

Dans toutes les traditions, un ange déchu est un ange banni du paradis pour désobéissance. De Pieter Bruegel, en 1562, à Alexandre Cabanel, en 1847, ce thème populaire a inspiré de nombreux artistes. Anselm Kiefer s’en empare aujourd’hui pour investir le Palazzo Strozzi, chef-d’œuvre de l’architecture Renaissance, situé au coeur de Florence.


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Un appétit culturel

« Pour se connaître soi, déclare Anselm Kiefer, il faut connaître son peuple, son histoire… J’ai donc plongé dans l’Histoire, réveillé la mémoire, non pour changer la politique, mais pour me changer moi, et puisé dans les mythes pour exprimer mon émotion. C’était une réalité trop lourde pour être réelle, il fallait passer par le mythe pour la restituer. »

Né en 1945 à Donaueschingen, dans une Allemagne ravagée par le nazisme, l’artiste s’est nourri de littérature, de philosophie et d’histoire pour donner en termes plastiques (peintures, sculptures, livres, photographies) une représentation de l’Homme qui, tel un ange déchu, évolue entre spiritualité et matérialité, entre ciel et terre. Qu’il soit rebelle ou vaincu.

Daphne (2008-2011). Résine, plâtre et branches (212 x 152 x 132 cm).
Daphne (2008-2011). Résine, plâtre et branches (212 x 152 x 132 cm). Atelier Anselm Kiefer

Anselm Kiefer crée donc des compositions titanesques constituées de diverses textures (cendre, sable, gomme, sel, paille, plomb, feuille d’or, graines de pavot, rameaux d’olivier…), qui s’agglomèrent, forment des strates profondes où s’entremêlent le passé, le présent et le futur. Comme les dédales de la mémoire, ces multiples couches grouillant de détails brossent finalement le portrait de notre époque. Lui qui se rêvait poète, mais étudie en fin de compte l’histoire de l’art auprès de Joseph Beuys (1921-1986) – à l’oeuvre très engagé politiquement –, continue sa route avec les chérubins, une aventure commencée en 1983 avec Seraphim. Un tableau dans lequel un serpent, symbolisant un ange déchu, évoque la prédominance du mal sur Terre tandis qu’une échelle relie un paysage au ciel.

En Sof (Infinito/Infinite). Acier, verre, bois, plomb, zinc, plâtre, sédiments d’électrolyse et charbon de bois. (280 x 115 x 76cm).
En Sof (Infinito/Infinite). Acier, verre, bois, plomb, zinc, plâtre, sédiments d’électrolyse et charbon de bois. (280 x 115 x 76
cm). Anselm Kiefer / Georges Poncet

Un témoignage parfait de la condition humaine, un hommage au philosophe Walter Benjamin (1892-1940), qui utilisa la figure poétique de l’ange afin de décrire l’atmosphère apocalyptique de l’Europe des années 30, pour « réveiller les morts et rassembler ce qui a été démembré ».

> « Anselm Kiefer. Fallen Angels ». Au Palazzo Strozzi, Piazza degli Strozzi, Florence (Italie), jusqu’au 21 juillet. Palazzostrozzi.org


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