Trois expositions de dessins à découvrir en Europe cet été

De la France à l'Allemagne, IDEAT a déniché les plus belles installations à voir cet été.

Ces trois expositions de dessins témoignent de la persistance du 2e art comme moyen d’expression d’artistes plasticiens multidisciplinaires.


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Géologie des déluges (2023), d’Abdelkader Benchamma.
Géologie des déluges (2023), d’Abdelkader Benchamma. Courtesy de l’artiste et de Templon

Emporté par les eaux 

Cinq ans après avoir investi la nef du collège des Bernardins, à Paris, Abdelkader Benchamma continue de penser en XXL. Cette fois, invité par la Fondation François-Schneider, il s’est installé dans les 1 200 m2 du centre d’art de Wattwiller pour répondre à la thématique de l’eau. Artiste démiurge, l’homme, diplômé en arts plastiques à Montpellier puis des Beaux-Arts de Paris, et lauréat du prix Drawing Now en 2015, s’est jusqu’ici attaché à « rendre perceptibles les forces invisibles de l’infiniment grand » à l’aide de magistrales compositions créées in situ.

« Géologie des déluges » ne fait pas exception. Que représentent ses fresques, ni figuratives ni abstraites, teintées de brun, d’ocre et de violet, qui semblent immerger le visiteur dans des espaces temporels de plusieurs millions d’années : une cauchemardesque montée des eaux ou des agrégats de sédiments, traces de leur inévitable évaporation ?

> « Abdelkader Benchamma : Géologie des déluges ». À la Fondation François-Schneider, à Wattwiller (68), jusqu’au 24 septembre. 


Paysanne portant une fourche (vers 1898-1899), de Paula Modersohn-Becker. Encre de Chine, pastel et crayon sur carton. Collection privée.
Paysanne portant une fourche (vers 1898-1899), de Paula Modersohn-Becker. Encre de Chine, pastel et crayon sur carton. Collection privée. DR

Processus de création

Quelque 120 esquisses, dessins, aquarelles et pastels révèlent le cheminement artistique de Paula Modersohn-Becker (1876-1907), de ses années d’apprentissage à Londres et à Berlin jusqu’à son émancipation de l’académisme à Paris. Avant son premier séjour en France, elle représentait les paysans de Worpswede (Allemagne), où elle vivait au sein d’une communauté qui, inspirée par l’école de Barbizon, s’était installée au plus près de la nature.

Sa découverte des toiles de Paul Cézanne, de Paul Gauguin et des nabis l’influence durablement. Elle abandonne le formalisme de l’époque et s’efforce alors de simplifier formes et couleurs, à la manière expressionniste. Ce parcours retrace cette exposition, depuis ses premiers croquis de paysans jusqu’à ses autoportraits, nus et grandeur nature, un genre dans l’histoire de l’art qu’elle inaugura. 

> « Die Zeichnerin Paula Modersohn-Becker ». Au musée Paula Modersohn-Becker, à Brême (Allemagne), jusqu’au 20 août. 


Sans titre (1974), de Cy Twombly. Collection privée.
Sans titre (1974), de Cy Twombly. Collection privée. Alessandro Vasari

Le crayon, l’espace et le geste

Impossible de qualifier Cy Twombly (1928-2011), peintre, dessinateur, sculpteur et photographe. Le musée de Grenoble a donc choisi de présenter son travail réalisé entre 1973 et 1977. Parce que l’artiste, connu pour ses blackboards, sur lesquels il trace à la craie des boucles et autres circonvolutions, délaisse alors la peinture pour le dessin et le collage. Au cours de ces cinq années, il en crée plusieurs centaines, dont 84 à découvrir le long d’un parcours qui débute « par un ensemble d’œuvres consacrées à Virgile et par un groupe de dessins marqués par la couleur verte, réminiscence des paysages de la campagne romaine », précise le commissaire Jonas Storsve.

Il s’achève par une suite inspirée de la lecture de The Shepheardes Calender, du poète élisabéthain Edmund Spenser. Des lettres, des chiffres, des figures : chacun de ces dessins, ou « textures graphiques », comme les qualifiait Roland Barthes, témoigne d’une grande liberté. 

> « Cy Twombly – Œuvres sur papier (1973-1977) ». Au musée de Grenoble, jusqu’au 24 septembre. 


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