S’il existe un point commun entre Paul Nadar et Martine Voyeux, c’est évidemment la photographie, mais aussi le sport que ces deux artistes, à presque cent ans d’intervalle, ont documenté différemment, l’un privilégiant l’esthétique, l’autre l’adrénaline. L’exposition “Histoire de Sports” organisée à l’occasion des Jeux olympiques de Paris 2024‚ révèle les relations entre le sport et la France de 1897 à aujourd’hui.
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À toute épreuve et en photo
Qui ne connaît pas le photomontage d’Yves Klein, montrant l’artiste s’élançant d’un pavillon de la banlieue parisienne (Le saut dans le vide, octobre 1960) ? Si l’inventeur du fameux monochrome bleu (IKB, International Klein Blue) – par ailleurs excellent judoka comme en témoignent les clichés d’Harry Shunk pris au Japon en 1959 – ne figure pas dans l’exposition “Histoire de Sports”, présentée jusqu’au 25 août au Cellier, à Reims, le saut saisi en plein vol par Marie-Paule Nègre en 1986 y fait irrémédiablement pensé. L’artiste, plus connue pour la série Contes des temps modernes ou la misère ordinaire, a su capter lors de ce meeting en Seine Saint-Denis l’instant décisif cher à Henri-Cartier Bresson.
Avant elle, d’autres ont réussi à figer les gestes des sportifs. Parmi eux, on compte notamment Jacques-Henri Lartigue, ce « peintre des fleurs et des femmes », comme le surnomme la presse des années 50, qui laissa une œuvre foisonnante, riche de plus de 120 000 clichés illustrant chaque moment de liesse de son existence de privilégié. Son joueur de tennis n’échappe pas à cette allégresse : en apesanteur, raquette à la main, il est d’une élégance à toutes épreuves.
“Histoire de Sports” au Cellier : une évolution des points de vue
Ni sueur ni grimace dû à l’effort n’altère sa silhouette harmonieuse. Même dénudé, le corps reste altier : l’époque célèbre les torses et les cuisses musclées comme ceux de Marcel Cerdan prenant la pose, poings serrés et cheveux impeccablement peignés dans les studios Harcourt en 1946.
Mais ce que retrace cette frise chronologique, c’est non seulement l’évolution des pratiques sportives dans l’Hexagone mais aussi celle des photographes et de leurs pratiques : les escrimeurs immortalisés frontalement en studio par Nadar en 1897, tenues impeccables et fente bien calibrée, n’ont que le fleuret en commun avec ceux de Martine Voyeux, surpris en pleine compétition. En se tenant au plus près des deux athlètes, elle les représente en si gros plan qu’ils sortent de part et d’autres du cadre et semblent flotter dans l’espace.
Une histoire à découvrir au Cellier de Reims, un ancien entrepôt de champagne transformé en pôle culturel dont la façade classée possède un mosaïque murale Art Déco résumant en cinq scènes les étapes de la fabrication du champagne… la boisson traditionnellement offerte aux vainqueurs !
> “Histoire de Sports”, jusqu’au 25 août, Le Cellier, 4 bis rue de Mars, Reims. Tél. : 03 26 24 58 20. Plus d’informations ici.
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