Home : à Paris, l’appartement pop du Studio Klein

Cet ancien appartement bourgeois twisté par les architectes d’intérieur de Studio Klein a mué en manifeste pop. En redonnant des lignes pures aux murs qui cloisonnent cet espace et en habillant celui-ci de lumière avec sobriété, le projet révèle toute la modernité du design de la fin des années 60.

Il ne reste rien de l’ancienne décoration de ce duplex, installé tout en haut d’un immeuble du début du XXe siècle. Et aucun élément remarquable n’a pu être conservé. Si la réunion d’anciennes chambres de service a permis de créer le niveau supérieur, l’inférieur ne comportait que des cheminées banales et un parquet droit lambda… Au moins, cette surface présentait l’avantage d’offrir une page blanche aux architectes d’intérieur du Studio Klein : David Duron et Stephane Satorra.

À gauche, l’architecte d’intérieur David Duron dans la salle à manger, à côté d’un tableau de l’artiste franco-italien Herro, qui s’est inspiré du travail de Fernand Léger. Ensemble mobilier iconique Tulip d’Eero Saarinen (Knoll). Vases AM.PM. Suspension PH Artichoke de Poul Henningsen (Louis Poulsen). À droite, sous un tableau de Gérard Schlosser, une Panthère en bronze, d’Arman, et une lampe Snoopy, d’Achille et Pier Giacomo Castiglioni (Flos), sur une console de Florence Knoll (Knoll). Fauteuil Culbuto de Marc Held.
À gauche, l’architecte d’intérieur David Duron dans la salle à manger, à côté d’un tableau de l’artiste franco-italien Herro, qui s’est inspiré du travail de Fernand Léger. Ensemble mobilier iconique Tulip d’Eero Saarinen (Knoll). Vases AM.PM. Suspension PH Artichoke de Poul Henningsen (Louis Poulsen). À droite, sous un tableau de Gérard Schlosser, une Panthère en bronze, d’Arman, et une lampe Snoopy, d’Achille et Pier Giacomo Castiglioni (Flos), sur une console de Florence Knoll (Knoll). Fauteuil Culbuto de Marc Held. Didier Delmas

Tous les deux formés à L’Institut supérieur des arts appliqués (LISAA), ils travaillent ensemble depuis plus de vingt ans et ont rebaptisé leur agence, Studio Klein, en 2018, quand ils ont déménagé leurs bureaux dans la cité Yves-Klein, à Paris (XVIIIe), dans le bas de Montmartre, baptisée ainsi parce que le peintre y avait séjourné quelques mois. 

Esthétique seventies

Les architectes d’intérieur (Studio Klein) ont dessiné un secrétaire sur mesure dans la chambre parentale, reprenant le graphisme blanc et noir de tout l’appartement. Devant lui, un fauteuil Platner de Warren Platner (Knoll). Ci-contre Dans la cuisine, ils ont dessiné une table de petit déjeuner fixée à la banquette, qui reprend les coussins orange des tabourets d’Eero Saarinen (Knoll). Pendule vintage Seiko.
Les architectes d’intérieur (Studio Klein) ont dessiné un secrétaire sur mesure dans la chambre parentale, reprenant le graphisme blanc et noir de tout l’appartement. Devant lui, un fauteuil Platner de Warren Platner (Knoll). Ci-contre Dans la cuisine, ils ont dessiné une table de petit déjeuner fixée à la banquette, qui reprend les coussins orange des tabourets d’Eero Saarinen (Knoll). Pendule vintage Seiko. Didier Delmas

Leur mission : aménager un appartement moderne pour une famille avec trois enfants dont les deux parents collectionnent du design vintage assez pop, du street-art et de l’art contemporain. « L’appartement est un bon mix entre une esthétique 70’s forte et des codes modernes d’utilisation, analyse David Duron. Il n’était pas question de singer l’architecture de l’époque. L’organisation spatiale reste assez traditionnelle, avec une cuisine fermée, par exemple, mais pas de podium ni de moquette. Les meubles en revanche, toujours extrêmement actuels et confortables, sont devenus des classiques incontournables. »

Résultat : l’appartement compte une suite parentale et une chambre d’enfant au premier niveau, à côté des pièces de vie, et deux chambres supplémentaires à l’étage. 

Dans le salon, les étagères de la bibliothèque sur mesure ont des ondulations pop, sur fond de grès cérame marbré. De chaque côté du miroir, dans les étagères, des vases multicolores de Robert Combas. Les autres ont été rapportés de Marrakech. Canapé et tables basses de Piero Lissoni (Cassina). Tapis Mohebban.
Dans le salon, les étagères de la bibliothèque sur mesure ont des ondulations pop, sur fond de grès cérame marbré. De chaque côté du miroir, dans les étagères, des vases multicolores de Robert Combas. Les autres ont été rapportés de Marrakech. Canapé et tables basses de Piero Lissoni (Cassina). Tapis Mohebban. Didier Delmas

L’architecture de Studio Klein privilégie les perspectives, la circulation de la lumière et la vue, induits par le « plan de fonctionnement » de l’appartement. « Nous voulions donner à nos clients la sensation de vivre dans un 200 m2 alors qu’il n’en compte que 140 », explique David Duron. Ainsi, la cuisine est semi-ouverte, à la fois en retrait et en contact avec les autres pièces communes. « D’ailleurs nos clients demandent de moins en moins de cuisines totalement ouvertes sur le salon », observe-t-il.

Dans la chambre parentale, au-dessus de la tête de lit sur mesure, œuvre de Gérard Schlosser. Draps et plaid Blanc Cerise. Coussins Maison Château Rouge pour Monoprix. À droite, dans la salle de bains des enfants, les miroirs intègrent des appliques Mini Glow ball, design Jasper Morrison (Flos). Carreaux de céramique imitant une marqueterie de roseau (Porcelanosa).
Dans la chambre parentale, au-dessus de la tête de lit sur mesure, œuvre de Gérard Schlosser. Draps et plaid Blanc Cerise. Coussins Maison Château Rouge pour Monoprix. À droite, dans la salle de bains des enfants, les miroirs intègrent des appliques Mini Glow ball, design Jasper Morrison (Flos). Carreaux de céramique imitant une marqueterie de roseau (Porcelanosa). Didier Delmas

Les murs restés blancs mettent en valeur les œuvres. Le parquet en chêne à bâton rompu teint en noir vient en contrepoint. La couleur surgit sur les coussins jaunes des chaises Tulip, d’Eero Saarinen (Knoll), sur l’abat-jour orange de la lampe Snoopy, d’Achille et Pier Giacomo Castiglioni (Flos), ou sur la tapisserie vert pomme du fauteuil Culbuto, dessiné par Marc Held en 1967.

Au plastique pop d’hier répondent les matières plus naturelles et sophistiquées d’aujourd’hui. Des placages de chêne habillent certains murs de la cuisine, mais aussi dans l’entrée et autour de l’escalier iconique de Roger Tallon. Les portes des meubles de cuisine sont métalliques, dans une nuance dorée-cuivrée. De leur côté, la cheminée a reçu un manteau en marbre noir du Zimbabwe et la table du petit déjeuner, un plan en marbre à veines d’or. 

Habiller les murs

Dans l’entrée, à l’escalier en colimaçon M400 (1966), de Roger Tallon, répond un radiateur circulaire noir Totem (Milano Tubes) et une toile de Peter Klasen.
Dans l’entrée, à l’escalier en colimaçon M400 (1966), de Roger Tallon, répond un radiateur circulaire noir Totem (Milano Tubes) et une toile de Peter Klasen. Didier Delmas

Les architectes d’intérieur ont « sculpté » les pièces de courbes douces pour répondre au design tout en rondeurs, « quasi végétal », des meubles chinés spécialement pour l’appartement : la trémie de l’escalier a été redessinée pour former un rond parfait ; la bibliothèque sur mesure voit ses rayonnages partir en vagues symétriques de chaque côté de la cheminée ; même les placards en partie basse prennent une forme organique.

Enfin, de grands radiateurs en colonnes annelées, tels des totems, affichent une laque noire ou blanche, leur donnant l’allure d’œuvres d’art. « Ici, l’architecture et l’architecture intérieure accompagnent le thème donné au départ. Tout a été chiné et dessiné spécialement pour cet endroit. Au fond, ce qui nous importe, souligne David Duron, c’est que chaque intérieur ressemble à son propriétaire. Ce couple savait parfaitement ce qu’il voulait. C’était d’autant plus agréable. »