Elle est modèle, il est photographe. Et si tous deux ont fait la une de Harper’s Bazaar et de Vogue, ils ne se sont jamais rencontrés. Lisa Fonssagrives-Penn incarne l’âge d’or de la photographie de mode, des années 30 aux années 50. Paolo Roversi a transformé ce genre en véritable art. Deux expositions de mode à Paris leur rendent hommage.
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1 – Modèle de style
Elle est considérée comme le premier top model. L’histoire de Lisa Fonssagrives-Penn, née en Suède en 1911, démarre à Paris en 1936 quand elle croise dans un ascenseur le photographe de mode Willy Maywald.
Il lui propose de poser pour des chapeaux. Ses tirages intéressent Horst P. Horst, qui dirige les studios de Vogue France, où travaille Erwin Blumenfeld, lequel l’immortalise au sommet de la tour Eiffel en 1939.
Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, elle décide de rester à New York. L’ancienne jeune danseuse devient le mannequin attitré de Christian Dior et travaille principalement pour Vogue avec Man Ray, Richard Avedon et, bien sûr, Irving Penn qu’elle épouse en 1950.
Quelques mois auparavant, la une du Time titrait « Billion-Dollar Baby », présentant celle qui se considérait alors, avec simplicité, comme un « bon cintre », étant le modèle le mieux payé au monde. Des couvertures, elle en fera plus de deux cents, grâce à son allure aristocratique et à son corps athlétique, mais aussi à ses sourcils en accent circonflexe.
En maillot de bain comme en robe de cocktail, elle avait « une gravité qui provoquait l’admiration et le respect », disait Alexander Liberman, directeur artistique de Vogue. À découvrir à la Maison européenne de la photographie au travers de tirages inédits extraits de la collection personnelle de l’élégante Lisa Fonssagrives-Penn. L’une des expositions de mode à ne pas rater.
> « Lisa Fonssagrives-Penn, icône de mode ». À la Maison européenne de la photographie, jusqu’au 26 mai. Mep-fr.org
2 – Un univers intemporel
Est-ce parce qu’il est né à Ravenne, ville italienne célèbre pour ses mosaïques, ou parce qu’il s’est nourri des écrits de Pétrarque que Paolo Roversi (1947-) n’est pas un photographe comme les autres ? De ses premières prises de vue dans une cave aux studios des magazines de mode Vogue ou Harper’s Bazaar, l’artiste a réussi à créer un univers personnel.
Sa signature ? Des images dépouillées aux couleurs éthérées, prises avec un Polaroid au format 20 x 25. Il déclare: « Ma photographie est plus une soustraction qu’une addition, dans le sens où j’essaie de supprimer toutes les expressions et ambiances conventionnelles et habituelles de mon sujet… »
Qu’il immortalise les mannequins des collections haute couture de Dior ou Kate Middleton, à Kew Gardens, les jardins botaniques royaux de Londres, à la manière du peintre Franz Xaver Winterhalter (1805-1873), Paolo Roversi conserve la même élégance teintée de mélancolie.
Et les mêmes références qu’il puise dans la littérature comme dans la pièce de théâtre Roméo et Juliette, de William Shakespeare, pour illustrer le calendrier Pirelli 2020, avec les comédiennes Emma Watson, Kristen Stewart ou la chanteuse espagnole Rosalía.
Cette exposition de mode, la première consacrée au photographe à Paris, où il réside depuis 1973, révèle 140 oeuvres dont nombre d’inédits sur cinq décennies.
> « Paolo Roversi », au Palais Galliera – Musée de la Mode de la ville de Paris, jusqu’au 14 juillet. Palaisgalliera.paris.fr
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