Elle collectionne les raretés. Amoureuse des couleurs, des tissus, des pages qui restent à écrire, Marie Olsson Nylander mélange des objets authentiques, des nuances douces, surannées et des joyaux du design pour créer un ensemble esthétique et joyeux.
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Marie Olsson Nylander, une femme qui « court avec les loups«
On se souvient de sa maison rose, en Sicile, le magnifique Palazzo Cirillo, choisi pour notre couverture de l’été 2021. Les étapes de sa rénovation avaient été filmées pour donner lieu à la série télévisée suédoise Husdrömmar Sicilien (rêves de maison en Sicile).

Ce grand appartement suédois est donc sa dernière création – sans compter le podcast qu’elle édite avec sa sœur et le livre dans lequel elle raconte comment elle s’est relevée d’une grave maladie, a divorcé, puis s’est remariée avec son ex-mari avant l’arrivée de son quatrième enfant!

Infatigable ? La créatrice semble faire partie de ces femmes qui « courent avec les loups », pour reprendre le titre de l’essai de Clarissa Pinkola Estés, qui parle d’une force naturelle, instinctive, riche de dons créateurs et d’un savoir immémorial… Petite, elle ressemblait à Fifi Brindacier et, adulte, elle est plus émue par les fissures des murs que par les surfaces lisses.
C’est dans les interstices de la vie que Marie Olsson Nylander trouve un sens à la beauté : « Je suis une amoureuse et une guerrière. J’aime les antiquités, les maisons et les rêves. J’aime créer des espaces. Si je devais énumérer quelques principes, je dirais que je préfère les pièces uniques et les arrangements scéniques et que, souvent, je fais les choses moi-même. Rien n’est jamais acquis. Ma famille passe avant tout. Ensuite vient le travail. Et quand je vois mes amis, c’est aussi pour “faire quelque chose” ensemble. »

Une personnalité qui s’exprime parfaitement dans cette architecture aux grands volumes dont la circulation est typique de la fin du XIXe siècle.
En agençant les pièces, Marie y a mis en scène son bonheur. Certains murs sont volontairement laissés dans leur jus, d’autres peints avec goût. Les meubles, récupérés ou neufs, sont toujours confortables, associés aux tapis, renvoyant l’image d’un intérieur ostensiblement douillet.

Un immeuble construit en 1884
« Ce qui m’a attirée, ce sont les fenêtres, l’entrée, les parties voûtées avec le balcon, dit-elle. Depuis un an, je cherchais dans ce quartier animé du centre-ville… Et j’aimais déjà cette maison. Je connaissais un peu le propriétaire, alors je lui ai envoyé un courriel, comme une bouteille à la mer… La veille, un logement s’était libéré! J’y ai vu un signe du destin. »
L’immeuble date de 1884 et comptait à l’origine des appartements immenses, entre 600 et 900 mètres carrés. Celui-ci est composé d’une enfilade de grands salons et d’une partie nuit: les anciennes chambres des domestiques. La cuisine possédait sa propre entrée… Un beau terrain de jeu.

« Ma créativité ne fonctionne que si le sujet m’intéresse. En réalité, j’aimerais avoir trente habitations à meubler! Quand j’aime un meuble, je l’imagine immédiatement dans une pièce, voire dans une maison. »
Quelques murs ont été laissés intacts « parce que c’est un fond très approprié pour les photos », précise-t-elle, mais les plafonds ont tous été restaurés. Les objets et les éléments chinés se marient à merveille avec ce décor. Il est vrai que Marie a été antiquaire et a voyagé dans le monde entier.

Si bien qu’elle a constitué peu à peu, avec son mari, une collection: « Nous aimons créer des contrastes entre les matériaux et fabriquer des meubles simples, appelés à se patiner. »
À déambuler dans l’appartement, on perçoit une nette attirance pour le rose… « Oui, mais un rose un peu sale, avec une pointe de noir, que j’associe au marron ou au vert olive pour les faire ressortir. En revanche, je porte peu cette couleur; je la préfère sur les textiles d’intérieur, les coussins, etc. »
Dans le salon, on note une fresque de son amie l’artiste Mirja Ilkka. Et dans l’air, une fragrance particulière, le parfum d’ambiance Médaillon, de l’hôtel Mama Shelter, à Paris, qu’elle vaporise tous les matins. « La beauté est “dans l’œil du tigre”, conclut Marie. Ne jamais s’arrêter, ne jamais abandonner, toujours y croire. »
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