Déco seventies : l’héritage d’une décennie en trois lieux 

Velours, laques, formes généreuses, couleurs acidulées : les années 70 n’ont pas dit leur dernier mot. Trois adressent parisiennes se réapproprient le kitsch ou le glamour de cette décennie pour créer des décors qui osent tout. 

Ah les seventies ! LA décennie du bouillonnement culturel où tout était permis et qui continue d’influencer les designers d’aujourd’hui, non comme une époque figée mais comme une matrice de créativité sans cesse renouvelable. Entre glamour, clin d’œil assumé et audace chromatique, les années 70 demeurent un territoire d’expérimentations où chacun peut, à sa façon, réinterpréter le passé pour lui donner une éclatante modernité.


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1 – Les années 70 version glamour : l’Hôtel Château d’Eau

Brief de départ : « Les intérieurs de François Catroux. » Tout commence avec deux panthères. Elles gardent l’entrée, provocantes et théâtrales, à l’image de cet hôtel signé par Necchi Architecture, le duo composé de Charlotte Albert et Alexis Lamesta. Pour cette nouvelle adresse du groupe Touriste, nichée dans le quartier vibrant de Strasbourg Saint-Denis, les architectes ont imaginé un décor extravagant, sexy et sophistiqué, qui ne se prend pas au sérieux, sous influences des années Palaces, de l’appartement en laque d’Yves Saint Laurent et du film Phantom of the Paradise de Brian de Palma.

« Nos images de référence sont celles d’une époque où l’on osait, où l’on jouait avec les styles sans crainte de se tromper. On s’éloigne de la rigidité bourgeoise pour quelque chose de moins prétentieux et de plus festif et confortable », précise Alexis Lamesta qui affectionne les intérieurs des films de Michelangelo Antonioni, les créations de Michel Boyer ou bien d’Andrée Putman, une influence que l’on retrouve dans les salles de bain à damiers noir et blanc.

« Les années 70 revisitent les années 30, tout comme la base du design des années 90 modernise celui des seventies. C’est vraiment une mixité d’époques, même s’il est clair que nous avons misé sur des matériaux et des codes qui reflètent la période : moquette, laque, verre fumé, tissus panthère qu’on a mélangé, par exemple dans le lobby, avec des panneaux de parchemin typique Art déco, du plexiglas ou encore de l’inox pour ne pas être dans un pastiche, mais au contraire sortir des clichés pour les rendre intemporels. »

> Hôtel Château d’eau, 65, rue du Château d’eau, Paris 10e.


2 – Les seventies rétro moderne : Stock

Brief de départ : « Une enveloppe brute et charnelle à la fois ». Conçu par l’atelier BuissonBuisson, ce lieu est né d’une ambition claire des quatre copains à l’origine du projet : mettre en avant la cuisine brute aux accents méditerranéens de Théo Badalucco qui se partage dans des espaces confortables et feutrés. « C’est un lieu tout en longueur qui n’était pas évident à aménager. L’idée était donc de créer de petites enveloppes grâce à des arches et des alcôves coiffées de néons pour créer de petits univers », précise Arnaud Buisson, moitié du tandem qu’il forme avec sa femme Benedict.

Dans ces murs maculés de blanc qui rappellent la Grèce, des niches décoratives ont été creusées et accessoirisées par Ludovic Senejoux, le directeur de l’établissement fan des seventies, avec des objets, magazines et vinyles chinés. Les références aux années 70 s’expriment ici avec subtilité : matières texturées, luminaires LED réglables qui permettent de moduler l’ambiance selon le moment de la journée, et banquettes sur-mesure en velours orange Casal. Dans cette esthétique postmoderne à la Pulp Fiction d’où s’échappe une bande-son forcément un peu old-school jazzy-grooy-funky, on sirote des cocktails équilibrés avant d’opter pour un des plats gourmands et réconfortants à partager, servis sur un plateau en alu, à la cool.

> Stock, 88, rue Richelieu, 1er.


3 – Les années 70 psychédéliques : Zapi

Brief de départ : « Un design italo-disco ». Cette pizzeria, mise en scène par César Alma, nous fait littéralement plonger dans une ambiance rétro pop et funky où chaque détail a été pensé pour célébrer la fraîcheur décomplexée des seventies : velours, motifs graphiques, plafonniers spoutnik, chaises arrondies, mosaïques verte, appliques en laiton Max Sauze et lampes Panthella de Louis Poulsen. « Je sentais qu’il y avait un retour de cette tendance, notamment dans la mode, et j’avais très envie de m’éclater dans ce style et de créer une expérience totale », raconte le décorateur et également restaurateur.

Si le ton est donné dès l’entrée avec cette colonne façon boules à facettes et le cannage géométrique qui court sur les murs, c’est au premier étage que les habitués aiment se retrouver dans une ambiance particulièrement groovy où un tissus velours orange et graphique tapisse la pièce du sol au plafond, banquettes comprises ! « Il y a une nostalgie de ces années ultra libres et créatives et même si à un moment donné on se lasse de cette esthétique très marquée, on changera, c’est ça qui est excitant dans la déco, c’est un jeu. Mais pour le moment, la salle du haut est très demandée. » À la carte, les classiques de la cuisine italienne : vitello tonnato, pizzas à pâte fine comme à Rome et pasta réconfortantes faites maison (également disponibles sans gluten) à prix plutôt doux pour le quartier Saint-Honoré.

> Zapi, 7, rue du 29 Juillet, Paris 1er.

 

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