À Bagnolet, ce triplex au passé industriel allie simplicité et mélange des genres

Mehdi et Elodie cherchaient de l’espace, peut-être au delà du périphérique parisien mais à condition que le lieu soit atypique. Promesse tenue avec ce charmant triplex au passé industriel, niché aux confins de Bagnolet, en Seine-Saint-Denis (93). L’architecte Florence Poncet a capitalisé sur la valeur patrimoniale du bâtiment et accueilli les envies du couple, très sensible à l’esthétique et à la décoration de leur intérieur.  

De la lumière, de beaux volumes et du vécu : tour à tour hangar de stockage de vin, garage automobile puis lieu d’habitation après sa division en trois lofts, le bâtiment a une histoire à raconter. Il n’en fallait pas moins pour susciter le coup de foudre. La rénovation de ce triplex acheté par Elodie et Mehdi s’opère en toute harmonie, tant l’équilibre se crée entre leurs envies fortes et la vision globale de l’architecte Florence Poncet. Le récit n’a d’ailleurs pas fini de s’écrire… Visite guidée.


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L’inspiration du détail

« Les volumes étaient très beaux et les propriétaires déjà fixés sur quelques pièces de décoration fortes, avec lesquelles il fallait composer. Dès notre première rencontre, je me suis donc mise à dessiner », se souvient Florence Poncet. Il faut dire que chiner est la grande passion de Mehdi, qui vient d’acquérir, avec sa moitié Élodie, un triplex à Bagnolet, en Seine-Saint-Denis (93).

Le mur en brique, est un clin d’œil au passé industriel du lieu. © Julien Hay
Le mur en brique, est un clin d’œil au passé industriel du lieu. © Julien Hay

À tel point qu’il en a fait son métier. Après avoir craqué sur des carreaux de zelliges ocre dans le village de Lourmarin au cœur du Lubéron, le propriétaire a laissé le soin à l’architecte de leur trouver une place. Plus qu’un simple habillage, ces céramiques sont devenues le fil conducteur de la décoration intérieure en habillant des éléments clés de l’ameublement, dessinés sur mesure.

Tous trois développent une relation de confiance. Elodie et Mehdi se laissent guider, acceptant notamment le projet, pour l’escalier, d’un garde-corps différent de ce qu’ils avaient imaginé. Le couple sort de son chapeau une nouvelle trouvaille : un ensemble de tomettes anciennes, ne demandant qu’à être valorisées.

© Julien Hay
© Julien Hay

Le couple confesse : « Il est vrai que nous étions très entreprenants dans nos choix et que nous avions besoin de quelqu’un pour faire le lien, donner du sens à l’ensemble ». Qu’à cela ne tienne, Florence Poncet relève le défi avec plaisir. Son parti-pris : offrir à l’appartement une enveloppe neutre, presque immaculée, pour capter la lumière, mettre en valeur les éléments décoratifs et assurer un bel équilibre.

Révéler l’existant

« Être architecte signifie comprendre un espace et ses habitants, explique Florence Poncet. Souvent, mes clients savent ce qu’ils veulent ressentir en entrant chez eux, mais ne savent pas comment y parvenir. C’est là que j’interviens. » Pour cela, elle choisit les inspirations qui lui paraissent cohérentes avec l’esprit des propriétaires mais aussi l’histoire du lieu. « Dans mon  travail, j’ai une appétence particulière pour les bâtiments qui ont une valeur patrimoniale et  un profond attachement aux matériaux anciens et naturels. »

Les portes à l’aspect rustique et le plancher en chêne de sa couleur d’origine apporte contraste avec le côté immaculé et moderne du lieu. © Julien Hay
Les portes à l’aspect rustique et le plancher en chêne de sa couleur d’origine apporte contraste avec le côté immaculé et moderne du lieu. © Julien Hay

Pour les pièces de vie, l’architecte s’est inspirée du caractère chaleureux du duo pour développer une ambiance douce et colorée, aux accents méditerranéens. Depuis le canapé et le fauteuil vintage, on peut profiter du grand écran de vidéoprojecteur : celui-ci descend le long du mur en brique, clin d’œil au passé industriel des lieux.

La visite réserve encore quelques surprises puisque l’espace cuisine et salle à manger est désigné, de l’avis de tous, comme la pièce maîtresse de cette rénovation. La grande verrière donne à l’ensembles des airs de loft. Autrefois sombre, sa structure est majoritairement passée au blanc : « On a y toutefois laissé quelques pans noirs afin de donner un  peu de contraste et de rythme visuel. Cela n’entrave en rien la magnifique lumière zénithale à chaque moment de la journée, » s’enthousiasme l’archicte.

Le zellige se pose habituellement sans joint. Ici Florence Poncet choisit de lier les carreaux à l’aide d’un joint blanc. L’ensemble revêt un côté très graphique, véritable twist entre tradition et modernité. © Julien Hay
Le zellige se pose habituellement sans joint. Ici Florence Poncet choisit de lier les carreaux à l’aide d’un joint blanc. L’ensemble revêt un côté très graphique, véritable twist entre tradition et modernité. © Julien Hay

Le couple tenait beaucoup à l’idée du comptoir, pour sa convivialité. L’îlot en béton  cellulaire est donc composé de deux niveaux. Il permet un espace apéritif ou petit-déjeuner  dans sa partie haute, avec l’avantage de rendre le plan de travail avec évier invisible pour les  convives.

Montée en puissance

Place aux étages supérieurs, où Élodie et Mehdi profitent de deux chambres, d’une salle d’eau et d’un généreux palier. Exploitant les nombreux renfoncements, Florence Poncet y a dessiné niches et placards à foison, parfois jalousement dissimulés par des portes anciennes, proposées par le couple.

Difficile d’imaginer qu’on est en pleine ville, aux portes de Paris, devant cette façade aux accents bucoliques et agrémentée de lambrequins de fenêtre. © Julien Hay
Difficile d’imaginer qu’on est en pleine ville, aux portes de Paris, devant cette façade aux accents bucoliques et agrémentée de lambrequins de fenêtre. © Julien Hay

Dans la salle d’eau, l’architecte a composé autour des fameuses tomettes chinées par Mehdi devenant avec les portes persiennes du palier, le point fort de l’étage. Le meuble vasque, en béton, a été coulé sur place dans un coffrage, avant d’être recouvert d’une couche de béton ciré qui s’étend des murs au plafond. À la clef, une ambiance spa feutrée et apaisante.

La justesse de l’architecte tient en un subtil équilibre entre l’harmonie visuelle de son geste et sa proximité avec les besoins de l’utilisateur. Ici relationnel et sensibilité esthétique commune ont fait des merveilles. En résulte un intérieur à l’empreinte forte, véritable ode à l’art de vivre de ses occupants.

Les accessoires vintage sont évidemment légion. Nouvelle référence aux sixties avec l’applique Ifö, témoin du design suédois, accompagnée d’un miroir double d’origine française qui se fond naturellement dans l’ambiance. © Julien Hay
Les accessoires vintage sont évidemment légion. Nouvelle référence aux sixties avec l’applique Ifö, témoin du design suédois, accompagnée d’un miroir double d’origine française qui se fond naturellement dans l’ambiance. © Julien Hay

L’appartement n’a pas encore libéré tout son potentiel. Les propriétaires retrouveront Florence Poncet dans quelques mois pour la seconde étape du chantier, et pas des moindres : une surélévation de la toiture qui offrira un espace intérieur supplémentaire de 27 mètres carrés, et une terrasse de 18 mètres carrés. De quoi envisager l’implantation d’un potager aérien, un vrai luxe de la vie citadine.


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