Les dessins nus de Jean-François Dingjian et Éloi Chafaï (Normal Studio) ne font pas dans le baroque. « Ce qui nous semblait simple a demandé beaucoup d’ingéniosité à Puiforcat, précise Éloi Chafaï. Mais, pendant trois ans et demi, nous ne nous sommes jamais vu opposer de fin de non-recevoir. » Selon Jean-François Dingjian, les artisans ont sophistiqué leurs techniques pour leur rester fidèles. Qu’il s’agisse de préhension ou de qualité, les sujets s’abordaient avec attention et respect.
La gageure était d’inscrire un nouveau service à thé et à café dans une maison à l’histoire formelle forte. Réflexions, esquisses et mises au point, les designers liaient les idées sans piocher dans les archives. Ni allégeance ni « redesign », mais du dessin avec une gomme jusqu’à ce que les choses s’incarnent. Le plateau a été conçu en noyer. En bois clair, cela faisait « danois », selon Dingjian (comprendre « design danois de base »). Ce sont les « trembleuses » du XVIIIe siècle, des tasses qui s’emboîtent dans de profondes soucoupes, qui ont inspiré les designers.
Phi, comme le nombre d’or des Grecs
Le crémier est en métal argenté, « en laiton », précise-t-on chez Puiforcat, et la tasse se singularise par une double paroi de verre aux propriétés isolantes. En sus du design, c’est la crème de l’artisanat français qui est captive dans la poignée des théière et cafetière, adhérant comme par magie à leur cylindre argenté grâce à deux vis presque invisibles.
Autre détail signé Normal Studio, des becs verseurs qui ne gouttent pas. Deux cuillères en argent massif s’ajoutent au service. Pierre-Alexis Dumas, directeur artistique d’Hermès, l’a baptisé Phi, lettre grecque représentant le nombre d’or. Luc Delambre, directeur général de Puiforcat ajoute : « Puiforcat se distingue dans l’avant-garde. La relation entre créateur et atelier se nourrit de cela, sans machines. Les artisans, férus d’histoire de l’art, imaginent, développent et inventent. » Entre Puiforcat et Normal Studio, pas de choc culturel à signaler.…