« Cachez ce dossier que je ne saurais voir », tel pourrait être l’adage pour nombre de canapés se retrouvant timidement collés à un mur. Pourtant, les créateurs contemporains rivalisent d’imagination pour donner du caractère à leur dos, cette face souvent négligée de ce meuble indispensable à tout lieu de vie.
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La circularité avant tout
Pour le décorateur Thierry Lemaire, « l’esthétique du dos des canapés est primordiale », car ces meubles sont comparables à des sculptures, « ce qui les rend obligatoirement visible de tous les côtés ». Le visuel du modèle Gio a ainsi été pensé sur ses quatre faces.
Inspiré par les New Yorkais, il est à la fois « vintage, contemporain et très branché », selon les mots de son créateur. Cette pièce se distingue par son dessin géométrique « type 2001 Odyssée de l’Espace : l’arrière dossier est totalement en adéquation avec la partie frontale afin de pouvoir tourner autour sans perdre le fil du concept ».
Dans un autre style, les sofa Moncloud et Sengu, conçus par la designer espagnole Patricia Urquiola pour Cassina affichent également des détails sous toutes leurs facettes. Le premier est pensé comme un nuage dont la légèreté et le moelleux sont soutenus par une structure en bois. Ses formes voluptueuses sont mises en valeur par un pli original, détail que l’on retrouve sur les coussins de dossier définis par une surpiqure à mi-hauteur.
Le second, d’inspiration japonaise avec sa base en noyer, présente un effet matelassé sur son extérieur, caractéristique qui sert de fil rouge à cette pièce. Son design aux volumes généreux favorise la convivialité, la proximité et facilite la conversation d’un côté à l’autre de la pièce grâce à ses formes ouvertes.
Rêverie et imagination
« Lorsque nous avons commencé à concevoir des canapés, sur le premier croquis, je dessinais le dos plutôt que le devant », confie l’architecte Michel Bismut. Une confidence qui prend tout son sens avec la gamme d’assises sur-mesure proposée par la marque des deux frères, Bismut & Bismut.
Les courbes harmonieuses du Sweet Copper et du Sweet Wood, qui en font des pièces admirables sous tous les angles, sont enveloppées respectivement par des coques en cuivre et en bois, confectionnées dans des ateliers italiens.
Autre modèle phare des designers, le Rocher, casse les codes : l’avant et l’arrière n’existe plus. La structure, s’inspirant de minéraux usés, invite à s’asseoir de part et d’autre. Le duo de créateurs n’hésite pas à explorer toutes les matières, notamment le plexiglass.
Autre binôme, féminin cette fois, le studio Friedmann et Versace a récemment dévoilé une nouvelle collection baptisée Constellation. Un nom qui invite à la rêverie et à la poésie, des thématiques disséminées dans leurs créations, notamment sur ces assises aux pieds en acajou ornés des signes du zodiaque.
Ces détails, qui donnent tout le caractère à cette pièce se trouvent à l’arrière. Pour concevoir ces meubles hors du commun, les créatrices ont fait appel aux meilleurs de l’artisanat français : la manufacture Henryot & Cie à Liffol, capitale vosgienne de la menuiserie française.
Nature sur canapés
La nature est une source d’inspiration récurrente dans la conception de mobilier. À l’occasion de la Paris Design Week en septembre dernier, Rebecca Benichou et Florence Jallet de Batiik Studio présentaient leur première série de mobilier intitulée Dans le sillage de Nérée, en référence au dieu de la mer. Les architectes qui définissent les canapés comme « un lieu pour recevoir et rassembler », pensent les assises dans leur entièreté.
« Notre conception débute par l’esthétique : la recherche de formes, de volumes et de matières et évidemment la fonctionnalité ». Le modèle Calypso, tout en rondeur, rappelle ainsi les coquillages, souvenir d’une enfance passée près de la Grande Bleue : « Ayant grandi dans le sud près de la mer, nous sommes naturellement sensibles aux courbes et à la douceur des formes », rappellent les designers.
La verdure est également omniprésente dans les sièges imaginés par le designer Noé Duchaufour-Lawrance. Whisper évoque la sérénité et la beauté des montagnes enneigées. L’arrière du canapé se dessine comme des reliefs ondulants. Le Mousse reproduit quant à lui le galbe d’un corps humain. Grâce à son dossier enveloppant, on s’y love comme dans une étreinte maternelle rassurante.
Tous ces canapés répondent avant tout « à la philosophie du concept architectural et décoratif de l’espace dans lequel il doit être placé », explique Thierry Lemaire. Ils sont pensés comme de véritables œuvres d’art en trois dimensions, créant un espace dans l’espace, où aucun point de vue n’est sous-estimé.
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